MYTHIQUES cadres de vie
EN COSTUME ET NOEUD PAPILLON, SOURIRE AUX LÈVRES ET CIGARETTE AU DOIGT, une photo noir et blanc immortalise Léonce Rosenberg (1879-1947), fils et frère de marchands d’art. Autour de lui, sont réunis des tableaux de Metzinger, Picabia, De Chirico ou Léger, ces pionniers du cubisme et de l’abstraction qu’il expose dans sa galerie, L’Effort moderne, inaugurée en 1918. Leurs oeuvres tapissent aussi les murs de son appartement parisien de la rue de Longchamp. C’est ce lieu légendaire, aménagé entre 1928 et 1929, que présente l’exposition Dans l’appartement de Léonce Rosenberg. De Chirico, Ernst, Léger, Picabia…, un parcours entre beaux-arts et arts appliqués, chacune de ses onze pièces étant dédiée à un artiste et un type de mobilier. Giorgio De Chirico investit le hall avec la série des Gladiateurs, compositions monumentales inspirées des mosaïques romaines, saturées d’hommes nus, de masques et de boucliers, tandis que dans une veine tout aussi surréaliste Francis Picabia décore la chambre de Mme Rosenberg avec Transparences, superposition d’images souvent issues de l’histoire de l’art. Partout, essaiment des peintures de Picasso, Braque, Max Ernst, Matisse, Chagall… Le krach de 1929 entraîne la ruine de Léonce Rosenberg, la vente de son appartement et la dispersion de sa collection. Le Musée Picasso rassemble aujourd’hui une quarantaine de toiles de ces ténors de l’avant-garde (Gino Severini, en haut), restituant un peu de la flamboyance de ce lieu d’exception.
« Dans l’appartement de Léonce Rosenberg. De Chirico, Ernst, Léger, Picabia… », du 30 janvier au 19 mai, au Musée Picasso, à Paris. museepicassoparis.fr