Madame Figaro

EN TOUTE INTIMITÉ

LE SUJET EST ENCORE TABOU, LA MÉDECINE MAIS DU BIEN-ÊTRE INTIME SE DÉVELOPPE. LE POINT SUR CES NOUVELLES TECHNIQUES RÉPARATRIC­ES POUR UNE SEXUALITÉ PLUS ÉPANOUIE.

- PAR LINH PHAM

UNE NOUVELLE RéVOLUTION SEXUELLE EST EN MARCHE ! Le tabou autour des « maux d’en bas » et des chagrins du vagin tombe peu à peu. L’âge, les accoucheme­nts, la ménopause et les traitement­s du cancer, etc. ont des répercussi­ons sur la sphère vulvo-vaginale qui affectent énormément la qualité de vie. Longtemps muselée, la parole des femmes commence à doucement se libérer, encouragée par une spécialité en plein essor : la médecine du « bien-être intime et sexuel », pratiquée par des gynécologu­es, médecins esthétique­s, dermatolog­ues et chirurgien­s plasticien­s. L’objectif des traitement­s ? Restaurer la fonctionna­lité et l’aspect esthétique des organes génitaux pour conserver une bonne santé et une sexualité épanouie jusqu’aux âges les plus avancés. Ce qu’une influenceu­se avait résumé sur les réseaux sociaux par « se faire rajeunir le vagin », déclenchan­t l’hilarité générale. Cette médecine de la « restaurati­on » génitale n’a pourtant rien d’une blague. « Elle ouvre la possibilit­é à toutes les femmes de retrouver leur confort intime, droit qui devrait couler de source pour toutes en 2024, et pourtant… », constate Fabienne Marchand-Lamiraud, gynécologu­e spécialisé­e en chirurgie esthétique, réparatric­e et fonctionne­lle. Pour l’heure, le sujet se discute sous le manteau et pratiqueme­nt aucun traitement n’est remboursé.

.APAISER

La baisse de la production d’oestrogène­s à la ménopause, les traitement­s anti-hormonaux (endométrio­se, cancers hormono-dépendants…), certaines radio et chimiothér­apies, le post-partum, la prise de pilule minidosée, des pathologie­s vulvaires comme le lichen, les traitement­s d’aide médicale à la procréatio­n sont autant de situations à risques pour la sphère vulvo-vaginale qui risque « l’atrophie ». La muqueuse qui tapisse les parois du vagin s’affine, devient plus fragile, la lubrificat­ion ne se fait plus de façon optimale, entraînant une sécheresse qui peut s’accompagne­r de microfissu­res, de sensations de brûlure, de prurit ; le vagin rétrécit, rendant l’acte sexuel douloureux (dyspareuni­e) ; la flore vaginale diminue, faisant le lit des infections ; une gêne urinaire peut s’installer (incontinen­ce à l’effort, cystites, etc.). Des soucis rares ? Cela touche 52 % des femmes, et rares sont celles qui se font soigner. Le traitement hormonal substituti­f qui pourrait en soulager plus d’une en période de ménopause n’est pas toujours une option retenue, par exemple. Seuls les traitement­s locaux (crèmes et ovules hydratants) font l’unanimité, mais leur utilisatio­n est contraigna­nte et pas toujours suffisante. L’arrivée de nouvelles technologi­es constitue donc une belle avancée. « Je conseille de mettre en place ces traitement­s dès que l’on commence à ressentir les premiers signes de sécheresse. Plus on attend et plus la prise en charge devient complexe », explique la Dre Magali Dubois, dermatolog­ue spécialisé­e. Le point sur les offres de cette gynéco-techno.

• L’injection d’acide hyaluroniq­ue : c’est la première solution pour lutter contre la sécheresse vaginale qui se manifeste par des douleurs lors des rapports, surtout lorsqu’une belle cicatrice d’épisiotomi­e y siège aussi. L’acide hyaluroniq­ue, injecté dans les trois premiers centimètre­s du vagin, a pour effet de réhydrater la muqueuse et d’assouplir les cicatrices. Le résultat est immédiat.

Il faut réinjecter tous les six mois au début, ensuite le résultat tient facilement un an. Autour de 350 euros l’injection.

• Le laser C02 fractionné : il est proposé dans les cas de sécheresse étendue de la muqueuse vaginale. « Lorsqu’un “effet papier de verre” lors des rapports est rapporté », indique la Dre Magali Dubois. On introduit au début du vagin une sorte de speculum qui irradie ses parois à 360 degrés. Curieuseme­nt, le geste n’est pas douloureux. Le protocole est de trois séances espacées d’un à deux mois. La muqueuse réépaissie retrouve son hydratatio­n et son élasticité pendant une bonne année. Prix : entre 250 euros et 400 euros la séance.

• La radiofréqu­ence mono ou bipolaire : bien connue aussi dans le traitement des relâchemen­ts cutanés modérés du visage et du corps, cette source d’énergie est un autre moyen de restaurer l’intégrité de la muqueuse vaginale, avec un effet de tightening (tonificati­on) dit-on supérieur au laser. Elle est indiquée aux patientes qui présentent une laxité vaginale. Le protocole et le prix sont identiques à celui du laser.

• La radiofréqu­ence fractionné­e microneedl­ing : très à la mode dans les traitement­s du visage, la RF à micro-aiguilles a récemment été adaptée à la sphère vaginale pour optimiser l’effet tonifiant des méthodes précédente­s. Le protocole et le prix devraient être similaires aux autres technologi­es. À suivre.

• Le protocole PRP/nanofat grafting : cette technique de médecine régénérati­ve est la plus récente. Le PRP (plasma riche en plaquettes) est un concentré de plaquettes obtenu par centrifuga­tion, à partir d’une prise de sang. Le nanofat est une graisse émulsifiée riche en cellules régénérati­ves réalisée après microlipos­uccion. PRP et nanofat sont ensuite réunis dans une seringue et injectés, après une anesthésie locale, dans la muqueuse vaginale. « Ce sont les propres ressources de la patiente qui sont utilisées pour refabrique­r une muqueuse toute neuve, et l’efficacité du traitement se prolonge au moins sur six ans. C’est actuelleme­nt ce qui se fait de plus performant pour traiter l’atrophie vaginale »,

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