L’AUTOPROMO
SA PALETTE S’ENRICHIT DE PROJET EN PROJET.
Déjà épatant dans le récent Youssef Salem a du succès, l’acteur et humoriste a marqué les esprits avec sa prestation d’arnaqueur à la taxe carbone, hâbleur, à la fois retors et sans limites, dans la première partie de la série D’argent et de sang (Canal+) face à Vincent Lindon, Judith Chemla et Niels Schneider. Toujours dirigé par Xavier Giannoli, il reprend son rôle dans les derniers épisodes de ce récit fascinant sur l’escroquerie du siècle.
POURQUOI FAUT-IL REGARDER CETTE SéRIE ?
Pour comprendre la fraude à la taxe carbone. C’était brumeux dans mon esprit mais, en lisant le scénario, j’ai compris toutes les dimensions de cette histoire : politique, humaine, écologique, intime…
MON PERSONNAGE ?
Il essaie de se conformer à l’image des gangsters qu’il a découverte au cinéma, mais ce que j’aime chez lui, c’est qu’il est à la fois exubérant et très sombre. Tout ce qui pourrait être caricatural en lui est maîtrisé par la complexité de l’histoire.
CE QUE JE PARTAGE AVEC LUI ?
Là où j’ai grandi, à Gennevilliers, près de Paris, il y avait dans la génération précédant la mienne des gens comme lui. J’étais pour eux « un petit », pour lequel ils avaient toujours un mot sympa. Gamin, avant de tout comprendre, j’admirais ces mecs qui partaient de zéro et qui, grâce à leur bagou, arrivaient à évoluer dans des sphères tellement différentes de la nôtre.
EN QUOI LA SéRIE RéSONNE-T-ELLE AVEC LE MONDE D’AUJOURD’HUI ?
Elle raconte la lutte des classes, les cols blancs face aux démunis qui, sans aide extérieure, sont prêts à tout pour s’en sortir.
Elle raconte aussi le cynisme de l’époque : la taxe carbone a été créée pour soutenir la cause écologique. Or, même quand on essaie de sauver nos enfants, certains y voient une opportunité pour profiter du système.
PARLER DE MOI EN PROMO, EST-CE UNE CORVéE ?
J’ai déjà du mal à parler de moi dans un cercle intime. Face à un micro, c’est une torture.
LANGUE DE BOIS OU TROP DéLIéE ?
Nous sommes un peu contraints à la langue de bois. C’est l’époque qui veut ça. Tout est repris, déformé. Je me verrouille, y compris sur les vannes, mais ça m’est pénible.
EST-CE QUE JE MENS EN INTERVIEW ?
Ça m’arrive. Un journaliste n’est ni un policier, ni un juge, ni mon psy. Je ne risque rien à lui faire des petits mensonges.
UNE QUESTION QUE JE REDOUTE ?
Toutes celles d’ordre politique. Je suis Ramzy de et de La Tour Montparnasse infernale, je fais le con toute la journée, et je ne vois pas en quoi je serais légitime pour répondre à des questions qui sortent de mon cadre.
TOUJOURS LE FEU SACRé ?
Heureusement ! Pendant que je vous réponds, j’ observe parla fenêtre des chauffeurs livreurs: il est plus difficile pour eux d’ avoir le feu sacré que pour moi qui fais un métier passion.
CE QUE J’AIME QU’ON DISE DE MOI ?
Que j’évolue sans me trahir. Je suis hyper admiratif des acteurs qui alternent entre films sérieux et grosses comédies. Je pense à Kad Merad, qui m’impressionne autant dans Baron noir que dans Pamela Rose. Ou à Benoît Poelvoorde.
CE QUE JE PENSE DE MOI LE MATIN EN ARRIVANT AU MAQUILLAGE ?
J’imagine le réalisateur qui, dès la première prise, comprend son erreur : « Mais pourquoi je l’ai pris ? Il est tellement nul ! » Et après, au deuxième coup d’oeil dans le miroir, je me dis qu’en plus d’être nul, je suis moche.
LA DERNIèRE FOIS Où J’AI éTé FIER DE MOI ?
Quand Xavier Giannoli m’a dit qu’il avait adoré ce que j’avais fait sur la série. Je rêvais de travailler avec lui depuis À l’origine.
CE QUI M’ATTEND POUR 2024 ?
La diffusion de Terminal, la série de Jamel Debbouze sur Canal+, et de Comedy Class, un radio-crochet pour humoristes sur Prime Video que j’anime avec Éric Judor. Ces deux projets, je les ai faits pour retrouver mes copains ! Mais là, je fais un break pour profiter de mes enfants. ●