Madame Figaro

L’AUTOPROMO

- « D’argent et de sang », de Xavier Giannoli, sur Canal+ et MyCanal. PAR MARILYNE LETERTRE

SA PALETTE S’ENRICHIT DE PROJET EN PROJET.

Déjà épatant dans le récent Youssef Salem a du succès, l’acteur et humoriste a marqué les esprits avec sa prestation d’arnaqueur à la taxe carbone, hâbleur, à la fois retors et sans limites, dans la première partie de la série D’argent et de sang (Canal+) face à Vincent Lindon, Judith Chemla et Niels Schneider. Toujours dirigé par Xavier Giannoli, il reprend son rôle dans les derniers épisodes de ce récit fascinant sur l’escroqueri­e du siècle.

POURQUOI FAUT-IL REGARDER CETTE SéRIE ?

Pour comprendre la fraude à la taxe carbone. C’était brumeux dans mon esprit mais, en lisant le scénario, j’ai compris toutes les dimensions de cette histoire : politique, humaine, écologique, intime…

MON PERSONNAGE ?

Il essaie de se conformer à l’image des gangsters qu’il a découverte au cinéma, mais ce que j’aime chez lui, c’est qu’il est à la fois exubérant et très sombre. Tout ce qui pourrait être caricatura­l en lui est maîtrisé par la complexité de l’histoire.

CE QUE JE PARTAGE AVEC LUI ?

Là où j’ai grandi, à Gennevilli­ers, près de Paris, il y avait dans la génération précédant la mienne des gens comme lui. J’étais pour eux « un petit », pour lequel ils avaient toujours un mot sympa. Gamin, avant de tout comprendre, j’admirais ces mecs qui partaient de zéro et qui, grâce à leur bagou, arrivaient à évoluer dans des sphères tellement différente­s de la nôtre.

EN QUOI LA SéRIE RéSONNE-T-ELLE AVEC LE MONDE D’AUJOURD’HUI ?

Elle raconte la lutte des classes, les cols blancs face aux démunis qui, sans aide extérieure, sont prêts à tout pour s’en sortir.

Elle raconte aussi le cynisme de l’époque : la taxe carbone a été créée pour soutenir la cause écologique. Or, même quand on essaie de sauver nos enfants, certains y voient une opportunit­é pour profiter du système.

PARLER DE MOI EN PROMO, EST-CE UNE CORVéE ?

J’ai déjà du mal à parler de moi dans un cercle intime. Face à un micro, c’est une torture.

LANGUE DE BOIS OU TROP DéLIéE ?

Nous sommes un peu contraints à la langue de bois. C’est l’époque qui veut ça. Tout est repris, déformé. Je me verrouille, y compris sur les vannes, mais ça m’est pénible.

EST-CE QUE JE MENS EN INTERVIEW ?

Ça m’arrive. Un journalist­e n’est ni un policier, ni un juge, ni mon psy. Je ne risque rien à lui faire des petits mensonges.

UNE QUESTION QUE JE REDOUTE ?

Toutes celles d’ordre politique. Je suis Ramzy de et de La Tour Montparnas­se infernale, je fais le con toute la journée, et je ne vois pas en quoi je serais légitime pour répondre à des questions qui sortent de mon cadre.

TOUJOURS LE FEU SACRé ?

Heureuseme­nt ! Pendant que je vous réponds, j’ observe parla fenêtre des chauffeurs livreurs: il est plus difficile pour eux d’ avoir le feu sacré que pour moi qui fais un métier passion.

CE QUE J’AIME QU’ON DISE DE MOI ?

Que j’évolue sans me trahir. Je suis hyper admiratif des acteurs qui alternent entre films sérieux et grosses comédies. Je pense à Kad Merad, qui m’impression­ne autant dans Baron noir que dans Pamela Rose. Ou à Benoît Poelvoorde.

CE QUE JE PENSE DE MOI LE MATIN EN ARRIVANT AU MAQUILLAGE ?

J’imagine le réalisateu­r qui, dès la première prise, comprend son erreur : « Mais pourquoi je l’ai pris ? Il est tellement nul ! » Et après, au deuxième coup d’oeil dans le miroir, je me dis qu’en plus d’être nul, je suis moche.

LA DERNIèRE FOIS Où J’AI éTé FIER DE MOI ?

Quand Xavier Giannoli m’a dit qu’il avait adoré ce que j’avais fait sur la série. Je rêvais de travailler avec lui depuis À l’origine.

CE QUI M’ATTEND POUR 2024 ?

La diffusion de Terminal, la série de Jamel Debbouze sur Canal+, et de Comedy Class, un radio-crochet pour humoristes sur Prime Video que j’anime avec Éric Judor. Ces deux projets, je les ai faits pour retrouver mes copains ! Mais là, je fais un break pour profiter de mes enfants. ●

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Ramzy Bedia

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