Madame Figaro

JOYCE MAYNARD

“Je me sens plus belle aujourd’hui qu’à 20 ans”

- * « Où vivaient les gens heureux », Éd. Philippe Rey, 2021.

À 70 ans, la prolifique écrivaine * américaine se confie sur la beauté et le temps qui passe. Quelle idée vous faites-vous de la beauté ? Quand j’étais plus jeune, je pensais beaucoup à la beauté et je m’inquiétais dès que j’avais pris quelques kilos, ou que mes cheveux ne tombaient pas bien. Je vérifiais sans cesse mon image dans le miroir pour me rassurer. Je voulais être tellement d’autres femmes. Et maintenant, je regarde des photos de moi et je me rends compte que j’étais très bien. Peutêtre même belle, parfois. J’aurais aimé le savoir à ce moment-là. Maintenant, après avoir perdu l’éclat de la jeunesse, la beauté vient d’une légèreté intérieure et de l’acceptatio­n de soi. Pour cela, je me sens plus belle aujourd’hui que lorsque j’étais jeune et sans rides.

Votre routine beauté/bien-être quotidienn­e ? Si j’ai le choix, je préfère le soleil à l’ombre et je ne porte pas de crème solaire. Je nettoie mon visage au savon et je n’achète pas de soins coûteux. En voyage, je vais au duty free et j’essaie la crème la plus chère, La Mer, si possible. Ce qui sert le mieux mon apparence, c’est de faire un travail qui me rend heureuse la plupart du temps. Cela signifie que je ne fronce pas les sourcils. Et je nage dès que je vois un plan d’eau (de préférence pas une piscine). La natation et l’écriture sont sans douté les éléments majeurs de ma routine beauté.

Et le maquillage ?

Il serait facile de conclure qu’il constitue une sorte de piège ou d’esclavage pour les femmes, un masque. Se maquiller est pour moi une merveilleu­se forme de jeu, et parfois (si j’ai le temps) une sorte d’oeuvre d’art. L’inverse est aussi intéressan­t pour constater à quel point nous pouvons être perçues différemme­nt dans le monde avec ou sans fards.

Vieillir ? Une chance ? Un naufrage ?

Une aventure. Malgré les pertes subies au fil des années, je reconnais aussi le cadeau sublime que seul l’âge peut m’offrir : sagesse et légèreté. Je suis curieuse de voir à quoi ressembler­a la prochaine décennie, et les années au-delà, si j’ai la chance de les atteindre. Je ne jugerai jamais une femme qui a recours à la chirurgie esthétique si ça l’aide à avoir confiance en elle, à condition que l’idée vienne d’elle. ●

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