LES MÉTIERS de la mode
AVANT DE SE MONTRER SUR LES TAPIS ROUGES, de défiler sur les podiums ou plus simplement de se promener dans la rue, les vêtements ont une histoire, une vie, un parcours. C’est comme une source qui, au fil du temps, reçoit de nombreux affluents pour devenir une somptueuse rivière. Sources, le premier tome de la collection Les savoir-faire de la mode, est comme l’arbre généalogique du vêtement, on suit sa conception, sa naissance, comment il grandit, s’embellit, se construit grâce au savoir-faire de nombreux artisans-artistes, comme les plisseurs, les tailleurs, les brodeurs, les modélistes (souvent anonymes) qui ressemblent aux petites fées de Cendrillon qui ont ce pouvoir d’embellir nos vies. Le chapitre « Archives » nous permet de remonter le temps ; cette idée de magnifier les corps, de les mettre en valeur ne date pas d’hier, les brodeurs parisiens du XVIe siècle faisaient déjà fureur. Puis, vient le temps du geste, les mains se font danseuses, un simple mouvement d’aiguille devient une chorégraphie qui pourra se transmettre de génération en génération. De gros plans photographiques de vêtements, amoureusement conservés au Palais Galliera, nous permettent de découvrir les secrets de fabrication d’un manteau de Paul Poiret ou d’un tailleur Chanel. C’est la rencontre de deux arts, la photo et la mode. Le cinéma aussi sait s’emparer du mouvement des tissus, des mains, de la valse des rubans, comme l’a fait Loïc Prigent pour capter l’insaisissable, ou Alain Cavalier qui filme la fileuse, la repasseuse, la corsetière… Et de ce livre richement illustré jaillit aussi une sorte de grammaire poétique, avec des mots comme point de bouture, filoselle, orfrois, parementure ou broderie chenille. Tout un art.