Madame Figaro

Pierre Hermé “J’aime deviner les fragrances de ceux que je croise”

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QUELS PARFUMS VOUS ONT ACCOMPAGNÉ AU QUOTIDIEN ?

J’ai porté des choses très différente­s. J’ai commencé par Vétiver de Guerlain puis, adopté Pour Monsieur, le premier masculin de Chanel. Ensuite, je suis passé à Un Jardin en Méditerran­ée d’Hermès, avant d’adopter un des parfums que j’ai créés avec L’Occitane et que je porte toujours : Bois de Cèdre Cédrat. Et l’été, quand il fait très chaud, je mise sur l’Eau Dynamisant­e de Clarins, très fraîche et agréable.

ENTRE PIERRE HERMÉ ET LE PARFUM, C’EST UNE LONGUE HISTOIRE, NON ?

C’est vrai que c’est un domaine qui m’a toujours passionné. C’est amusant parce que ma mère se parfumait assez rarement, juste pour les grandes occasions. Et je me souviens de lui avoir choisi moi-même Calèche d’Hermès. C’est donc un intérêt qui remonte à l’adolescenc­e, sans trop savoir d’où je le tiens. Et aujourd’hui, j’aime deviner les fragrances des gens que je croise, surtout les femmes. Un peu comme un jeu de mémoire. Cette capacité du nez à mettre un nom sur une odeur, à la décortique­r, m’impression­ne vraiment.

ET JUSTEMENT, QUELLES SONT LES FRAGRANCES QUI VOUS SÉDUISENT CHEZ UNE FEMME ?

De manière étonnante, Angel de Mugler : je n’aime pas les parfums sucrés mais il m’a marqué, car c’était le premier dit gourmand. Et sinon, j’aime ceux portés par celle qui partage ma vie. Il y a Infusion d’Iris de Prada, sûrement parce que j’adore cette fleur. Et Aromatics Elixir de Clinique, qui me réconcilie avec le patchouli que je n’aime pas seul, mais que je me surprends à apprécier dans certains accords.

LE PARFUM A TOUJOURS ÉTÉ, ÉGALEMENT, TRÈS LIÉ À VOTRE TRAVAIL ?

Complèteme­nt. Cela a pu m’influencer, comme quand Le Concentré de Pamplemous­se Rose d’Hermès m’a inspiré un macaron, Jardin Pamplemous­se, avec cet agrume associé au clou de girofle. J’ai également créé avec L’Occitane cette collection de parfums pour notre adresse commune, le 86 Champs. J’ai imaginé ces parfums exactement comme mes pâtisserie­s : en essayant, de créer une architectu­re soit de goûts, soit d’odeurs. J’adore cet exercice.

VOUS AVEZ ÉGALEMENT COLLABORÉ, IL Y A UNE DIZAINE D’ANNÉES, AVEC LE PARFUMEUR JEAN-MICHEL DURIEZ AUTOUR D’UN LIVRE DE RECETTES : AU COEUR DU GOÛT. QUE RETENEZ-VOUS DE CETTE EXPÉRIENCE ?

Aborder les deux univers nécessite une réflexion et une mise en perspectiv­e très différente, cependant il y a quand même un tronc commun dans cette capacité à se projeter dans des saveurs ou des odeurs. D’où l’idée de croiser nos domaines d’expertise pour imaginer des recettes. Avec les trois notes de Femme de Rochas m’est venue tout de suite l’idée d’une tarte pêche, rose et cumin, qui a fonctionné du premier coup. C’est amusant de constater comme en reprenant les notes d’un parfum, on a pu donner naissance à des pâtisserie­s très justes.

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