LAËTITIA VISSE

Sur son compte Instagram, Laëtitia Visse, cheffe du restaurant La Femme du Boucher, à Marseille, a posté une photo d’elle en train d’embrasser la statue de Paul Bocuse. Voilà qui illustre la passion que voue cette jeune femme, passée par l’école Ferrandi, et qui a fait ses armes chez Bernard Loiseau, Guy Savoy, Alain Dutournier…, à cette icône de la gastronomie française. « Il est la figure emblématique de la profession. Ma cuisine est empreinte de son héritage, de sa générosité. Les recettes de Bocuse m’inspirent, moi qui prépare de la charcuterie maison, qui travaille les jus, qui arrose ma côte de veau de beurre noisette… J’aime cette démarche orientée vers le plaisir. » Du plaisir, elle en a eu à revendre la première fois qu’elle a mangé à Collonges-au-Mont-d’Or. C’était il y a trois ans. Elle venait de rencontrer son compagnon.

Ils allaient passer leurs premières vacances ensemble, dans un van, à sillonner les routes de France. « En passant près de Lyon, j’ai décidé de réserver chez Bocuse. J’ai demandé si on pouvait dormir sur le parking dans notre van. Cela n’a pas posé de problème. Nous sommes sortis de notre camion, apprêtés pour ce dîner dont j’avais tant rêvé. » Le couple se délecte du menu dégustation. Et comme la soupe Élysée n’en fait pas partie, il la prend en supplément. « C’était un zéro faute. Bocuse n’était déjà plus là, mais on sentait son âme. Il vit à travers son équipe. C’est beau ! » C’est donc en connaisseuse qu’elle a revisité le coq au vin de Monsieur Paul. « Pas question de le twister, sinon on s’éloigne du sujet », insiste celle qui voit dans Bocuse un Cyrano, un mousquetaire. « Il était tout simplement génial. »