Le sens de la scène
QU’ONT EN
COMMUN Farah Atassi et Ulla von Brandenburg, ces deux artistes que la Fondation Pernod Ricard réunit ? L’une, née à Bruxelles en 1981, développe une peinture figurative tout en maniant un vocabulaire abstrait à base de formes géométriques (ci-dessus). Lignes droites, épaisseur et repentirs créent des espaces semblables à des collages. L’autre, née à Karlsruhe en 1974, formée en scénographie, multiplie les supports et les médiums (installations, films, aquarelles, performances…) qu’elle met en scène en fonction des expositions. Marjolaine Lévy, la commissaire de l’exposition La Société des spectacles, ébauche une réponse : « Peut-être une exaltation, une célébration du spectacle des formes qu’un rideau entrouvert nous donne à voir », avant de préciser que « chez
Farah Atassi, le rideau est ouvert, les danseuses sont immobiles, le temps s’est arrêté. Le rideau s’ouvre non pas sur un spectacle mais sur une mise en spectacle des formes ». Face à la théâtralité de cette peinture, le spectateur est invité à pénétrer dans les environnements d’Ulla von Brandenburg, à traverser la couleur dans les monumentales peintures sur tissu déployées dans l’espace. Dans le film La fenêtre s’ouvre comme une orange (2022), elle ravive le fantôme de Sonia Delaunay tandis qu’Atassi met en scène des musiciennes et des personnages masqués. Ces deux artistes, héritières du modernisme, ont pour dénominateur commun une réflexion sur l’espace et sur l’usage de la scène. ● L. C.
« La Société des spectacles », du 13 février au 20 avril, à la Fondation Pernod Ricard, à Paris. fondation-pernod-ricard.com