Madame Figaro

CAROLINE ROUX

Journalist­e politique “J’aime pousser ma féminité à l’extrême”

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COMMENT A DÉBUTÉ VOTRE HISTOIRE AVEC LES TALONS ?

Je n’ai pas de souvenirs de moi sans talons, car avant même d’avoir l’âge d’en porter, j’ai toujours marché sur la pointe des pieds, ce qui faisait beaucoup rire mes proches.

VOTRE PREMIÈRE PAIRE MÉMORABLE ? Une paire de Christian Louboutin, sublime, en vernis bleu marine, talon de 12 cm, un cadeau de mon mari.

FONT-ILS PARTIE DE VOTRE SIGNATURE ?

Totalement. J’ai toujours été juchée sur des talons aiguilles, hauteur 10 cm. Depuis le tout début de ma carrière de journalist­e politique, j’ai assumé de les mettre en scène, assise sur un tabouret haut. Je trouvais que cela produisait une belle silhouette graphique. Il y avait aussi un côté un peu militant de ma part dans le fait de montrer ma féminité dans un univers qui se voulait masculin. Et même lorsque j’étais reporter à la radio et que je courais avec mon enregistre­ur Nagra, j’étais juchée sur des stilettos pailletés. J’adorais le bruit qu’ils faisaient dans la rue.

LES TALONS, ENTRAVE OU LIBERTÉ D’ÊTRE ? C’est d’abord un choix, en porter ou pas, et une envie. Je ne me les suis jamais imposés et personne ne m’a contrainte à les arborer, surtout pas les codes masculins. Je ne cherche pas non plus à être plus grande que mon 1,63 m, mais c’est plutôt que j’aime pousser à l’extrême ma féminité.

QU’APPORTENT-ILS À LA FÉMINITÉ ? Une démarche particuliè­re, une droiture, une posture, une forme de grâce, et aussi de la force.

QUI SONT VOS PIRES ENNEMIS EN TALONS HAUTS ?

Les grilles de chauffage au sol. Une fois, j’arrive au ministère de la Justice pour interviewe­r Rachida Dati, alors garde des sceaux. Je cours, je suis en retard et je coince un talon dans la grille en laiton. Impossible de retirer ce dernier, je me suis présentée devant la ministre pieds nus, avec une chaussure à la main.

LE CAPITAL SÉDUCTION D’UNE FEMME PEUT-IL ÊTRE LIÉ À LA HAUTEUR DE SES SOULIERS ? Il faudrait demander aux hommes. J’ai l’impression que c’est un peu le cliché de ma génération et que les jeunes filles d’aujourd’hui ne sont plus du tout dans ces codes. Elles sortent, dans des robes ravissante­s, ultramaqui­llées, mais avec des Jordan aux pieds ! Je suis assez bluffée de voir comment la Gen Z s’approprie et s’amuse avec le plat.

POURRIEZ-VOUS FAIRE FAUX BOND À VOS TALONS ?

Aujourd’hui, si je cours dans tout Paris, c’est en baskets ! En revanche, cela ne me viendrait pas à l’idée de réaliser une émission ou de sortir sans talons.

VOS PAIRES FÉTICHES ? Des sandales Chloé en python noir de 10 cm que je portais lors de mon interview d’Emmanuel Macron, un 14 juillet, et les sandales Kandice de Ralph Lauren, avec cette sangle à la cheville que j’adore.

QUE PENSEZ-VOUS DE L’AVÈNEMENT DU PLAT ? Le talon au quotidien imposé à des femmes qui sont debout dix heures par jour, ce n’est plus possible. Ma maman, par exemple, qui était coiffeuse, a beaucoup souffert qu’on lui demande au début de sa carrière de porter des talons hauts. Un jour, elle les a envoyés valdinguer, et depuis ne porte plus que des Birkenstoc­k. Mais attention, aujourd’hui, n’opposons pas féminisme et talons, car le vrai féminisme, c’est avant tout la liberté de choisir ce que l’on veut porter. Et moi, personnell­ement, je ne lâcherai jamais mes stilettos.

Caroline Roux présente notamment l’émission « C dans l’air » sur France 5 et animera sur France 2 cinq soirées spéciales sur les élections européenne­s entre avril et juin.

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