Madame Figaro

GiseLLe à l’heure MeToo

- B. B. « Giselle(s) », jusqu’au 17 mars à La Seine musicale, à Boulogne-Billancour­t (Hauts-de-Seine), et en tournée. laseinemus­icale.com PAR VALERY DE BUCHET AVEC BERNARD BABKINE, LAETITIA CÉNAC, PAOLA GENONE ET MARILYNE LETERTRE

ASSISTER à UN SPECTACLE

avec Marie-Claude

Pietragall­a, c’est déjà voir briller des étoiles dans les yeux d’un public venu, souvent en famille, assister à un show d’exception. C’est le cas avec Giselle(s), ce nouveau spectacle du Théâtre du Corps, la compagnie créée il y a vingt ans par Marie-Claude Pietragall­a et Julien Derouault avec amour et ténacité et aujourd’hui installée à Alfortvill­e, près de Paris. Et il en fallait de l’énergie pour imposer cette formation qui entremêle la danse, le théâtre, la voix, le chant, l’imaginaire, la puissance intérieure, l’expression, la pensée, les rêves… pour aboutir à un spectacle total.

Pour Marie-Claude Pietragall­a, l’emblématiq­ue Giselle est devenue presque un double, une soeur, elle l’a beaucoup dansée, à l’Opéra de Paris, à Marseille… Dans la première partie, elle est une Giselle, créature androgyne, venue d’ailleurs pour observer le monde d’aujourd’hui, un monde où les couples de toutes conditions, avec ou sans enfant, croisent une extrême violence, une domination masculine. La partition d’Adolphe Adam laissant parfois la place aux Tambours du Bronx ou à de l’électro. « Supergisel­le » forme ses troupes qui, dans la deuxième partie, deviennent une armée de l’ombre, des femmes zombies, féroces et dévorantes, venues de l’au-delà régler leurs comptes. La danse est tellurique, souvent trop répétitive, presque obsédante. La troupe fait corps, les corps se font cris. Les bras s’agitent interminab­lement. Les lumières frappent les rétines. Et si on laissait la place à l’amour ? Devant un public acquis d’avance, pendant plus de deux longues heures, Giselle(s) a gagné son pari.

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