Anna Ayanoglou
“Je suis une arpenteuse de rues invétérée !”
Dans son deuxième recueil, Sensations du combat
(Éd. Gallimard, 2022), Anna Ayanoglou écrit Et la douleur en délivrance, sorte de prélude à celui dernièrement paru, qui débute par le récit de son avortement. Ses poèmes sont segmentés en mouvements, un terme qui évoque la composition musicale et le déplacement ; car Anna Ayanoglou marche autant qu’elle écrit pour mieux rythmer ses mots. Pour cette auteure née en 1985, aux origines française, grecque et polonaise, la poésie est le lieu de l’exploration. Qu’elle célèbre notamment avec Et la poésie, alors ?, un podcast sur Radio Panik dédié aux poèmes du monde entier. Ou comment « éprouver l’ailleurs ».
POURQUOI LA POéSIE ? Parce que je ne peux pas faire autrement ! Pour saisir ce qu’il y a de dense dans le monde, comme en moi. C’est un outil d’exploration aussi ample que précis de l’expérience humaine.
COMMENT LA PRATIQUER EN 2024 ? En se gardant de l’immédiateté, qui a tendance à figer le travail à un stade trop précoce, l’empêchant d’atteindre sa pleine puissance. En acceptant de tâtonner, de se perdre. Et en se nourrissant d’autres voix poétiques puissantes : Alejandra Pizarnik, Iman Mersal, Pia Tafdrup pour ne citer qu’elles.
VOTRE PRINCIPALE SOURCE D’INSPIRATION ? Ma vie, celles des gens qui m’entourent — mes proches ou des personnes croisées puis jamais revues. Les paysages dans lesquels nous évoluons, avec une prédilection pour les villes, qui portent l’histoire de tant d’autres avant nous. Je suis une arpenteuse de rues invétérée !
UNE CITATION PRéFéRéE ? Tu t’obstineras, poème du grec Aris Alexandrou, se termine par ces mots : « Que tu le veuilles ou non, il te faut acquérir ton propre espace. » Cet « acquérir » — et non pas « conquérir » ! — est sublime.
« Appartenir », Éditions Le Castor Astral, 120 p., 14 €.