Madame Figaro

• Fred Marin

“La danse exige une rigueur et une discipline extrêmes qui vous forgent le caractère pour la vie. Ça me sert tous les jours”

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LES PREMIERS PAS

« J’ai commencé la danse sur le tard. À 15 ans. Je viens d’une famille d’enseignant­s et d’universita­ires qui avaient d’autres ambitions pour moi, mais, très jeune, j’avais envie de spectacle, de légèreté, de joie, de costumes. J’étais fasciné par les shows de Maritie et Gilbert Carpentier à la télévision. J’ai promis d’avoir le bac, mais après, avec une amie, je me suis inscrit au Centre chorégraph­ique de Toulouse. Une professeur­e à l’ancienne, une vieille Russe très dure, nous faisait travailler à la baguette. Je n’avais pas le “bon physique”. J’ai bossé comme un fou et donné des cours d’aérobic pour gagner ma vie. C’était la grande époque de Véronique et Davina. Puis j’ai commencé à travailler dans un cabaret à Toulouse, le Balboa Opéra, avant de rejoindre Bruno Vandelli à Cannes. Pendant quatre ans, dans sa compagnie, les Metropolis, j’ai écumé toutes les discothèqu­es. »

LE GRAND SAUT

« Je suis arrivé à Paris le

18 septembre 1989. J’ai passé toutes les auditions, dont une au Moulin Rouge. Et le 1er octobre, je commençais à l’Alcazar, à Saint-Germain-des-Prés. C’était la grande époque Jean-Marie Rivière, avec une clientèle très parisienne. J’y suis resté un an. Après, j’ai bossé avec Jérôme Savary à Mogador pour La Légende de Jimmy, et enchaîné aux Folies Bergère jusqu’à la fermeture. Ensuite, j’ai fait toutes les émissions de variété de l’époque, Sacrée Soirée, Stars 90… J’ai dansé derrière les artistes jusqu’à 37 ans, ce qui est vieux dans le métier. Il demande une énergie folle qui brûle la jeunesse, dans le sens positif, mais on sait aussi que ça ne va pas durer. Je ne me voyais pas vieillir sur scène ou être prof, ni avoir un métier lambda avec des horaires fixes. Le maquillage m’a toujours accompagné : dans ma loge, je me maquillais moi-même. À 30 ans, j’avais aussi créé une compagnie qui s’appelait Collection Privée. Je faisais la chorégraph­ie, la mise en scène et, déjà, je maquillais et conseillai­s mes copines danseuses. Bouche rouge, faux-cils, regard fardé et teint sublimé comme des poupées russes… Par ailleurs, à la télé, on m’a beaucoup maquillé. Donc, j’ai appris sur le tas. »

la nouvelle scène

« À 40 ans, j’ai fait une école de make-up… qui ne m’a pas appris grand-chose. J’ai commencé à travailler dans les Sephora, et, un jour, j’ai été l’assistant de Christophe Danchaud sur une pub Chanel. Il m’a mis le pied à l’étrier, présenté des actrices qui ont apprécié ma vision, et, grâce au bouche-à-oreille, j’ai trouvé ma place. Ma signature : la transparen­ce et la fraîcheur. La danse exige une rigueur et une discipline extrêmes qui vous forgent le caractère pour la vie. Ça me sert tous les jours : je suis à l’heure, discipliné, j’obéis, je suis force de propositio­n. Danser, ce n’est pas seulement lever la patte. Il faut analyser le mouvement, le comprendre, savoir écouter. On passe plus de temps à répéter. La scène, c’est la récompense. J’ai aussi appris l’endurance. Quand on maquille au cinéma, on peut rester douze heures sur un plateau, on travaille de nuit…. Je dépends aussi du désir des actrices. Quand il y a plein de travail, on ressent une euphorie interne qui alimente l’ego, un peu comme sur scène. Quand il y a moins d’activité, il faut le nourrir autrement. Je fais pas mal de crossfit, de yoga. À 50 ou 60 ans, le corps ne réagit plus pareil, mais danseur un jour, danseur toujours. L’important, c’est la mobilité ! Je pense aussi que le maquillage soigne. La beauté intérieure, on sait tous que ça ne suffit pas. Depuis quelques années, je me passionne pour la beauté après 50 ans, et j’ai créé mon site, fredmarin.fr, pour aider les moins jeunes à se sentir bien dans leur peau. Je me sens utile. »

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