Madame Figaro

• Christophe Danchaud

“Je ne peux pas travailler avec une comédienne ou une mannequin sans regarder la façon dont elle positionne ses jambes, ses bras, et lui donner des conseils”

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LES PREMIERS PAS

« Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dansé. L’école était un calvaire. Mes parents n’étaient pas du tout dans un milieu artistique, donc il n’était pas question de l’Opéra de Paris. Ils ne m’ont pas empêché, mais ne m’imaginaien­t pas poursuivre dans cette voie. J’ai quand même suivi des cours assez classiques et, quand j’ai eu 17 ans, un studio de danse s’est ouvert à Châtelet. Un professeur m’a vraiment encouragé à devenir profession­nel. C’était le début des compagnies contempora­ines. Tous les styles de danse me plaisaient. C’était la grande époque des clips. Je faisais des auditions, mais j’ai mis du temps à travailler, car quand j’avais 18 ans, j’en paraissais 15. J’ai commencé dans une compagnie classique, puis contempora­ine, mais j’ai été rattrapé par le show-biz en participan­t à des émissions de télévision. Ma chance, c’est d’avoir fait le dernier film de Jacques Demy, Trois places pour le 26, avec Yves Montand. Je faisais partie des vingt danseurs du film avec Michael Peters, le chorégraph­e de Michael

Jackson et de Thriller. »

LE GRAND SAUT

« Michael Peters m’a proposé de le rejoindre à New York et à Los Angeles. J’ai dansé avec Diana Ross, mais, comme je n’avais pas de papiers, je n’ai pas pu rester. En 1989, j’ai passé une audition pour un spectacle de Mylène Farmer. Elle a changé ma vie. Le début d’une collaborat­ion artistique (ci-contre) et d’une amitié de trente-cinq ans. Géraldine Pailhas m’a également beaucoup aidé. Le maquillage, c’est du pur hasard. Je ne savais pas qu’on pouvait en faire un métier. Au départ, c’était pour m’amuser. Et je m’amuse toujours. Sur une tournée de Sylvie Vartan, j’ai rencontré un chef maquilleur cinéma, Jacques Clemente, qui m’a pris sous son aile et m’a engagé comme assistant sur le film de Robert Altman Prêt-à-porter (1994). Ça m’a beaucoup plu. Pendant très longtemps, j’ai fait les deux choses en même temps. Maquilleur pour des publicités la journée, et danseur pour la comédie musicale Cabaret à Mogador le soir. »

la nouvelle scène

« La danse m’a apporté l’aisance, la confiance en moi-même, la rapidité. C’est un travail quotidien tellement douloureux qu’il faut avoir une foi incroyable. Quand je vais voir un spectacle à l’opéra, je ressens physiqueme­nt dans mon corps les efforts qui se cachent derrière chaque mouvement. J’ai une grande admiration pour Sylvie Guillem et Hugo Marchand. Quand on a connu les matins d’hiver où il faut être à la barre au sol à neuf heures, se lever pour maquiller Marion Cotillard, Catherine Deneuve, Chiara Mastroiann­i, Camille Cottin, Anaïs Demoustier ou bien Nicole Kidman n’est que du plaisir. Je suis encore totalement influencé par la danse. Je ne peux pas travailler avec une comédienne ou une mannequin sans regarder la façon dont elle positionne ses jambes, ses bras, et lui donner des conseils. Moi-même, j’ai dansé très longtemps et peu à peu je suis passé au yoga afin de garder ma souplesse. Mais ma vie n’est que danse.

Je danse ma vie. »

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