DES FIRST LADIES EMBLÉMATIQUES
Outre-Atlantique, leur garde-robe sert aussi à faire rayonner leur pays. Lorsque Jackie Kennedy devient la première dame des ÉtatsUnis en 1965, elle abandonne, patriotisme oblige, ses marques de luxe françaises préférées – Chanel et Givenchy –, et se tourne vers un styliste new-yorkais à la réputation de play-boy. Oleg Cassini descend de l’aristocratie russe et a surtout deux mérites : il est Américain et sait mettre en valeur les belles femmes. Après avoir travaillé pour la 20th Century (où il rencontre et épouse Gene Tierney), le designer flamboyant devient le couturier officiel de Jackie. Pendant son séjour à la Maison-Blanche, il lui créera plus de 300 tenues, contribuant à faire de la première dame une icône de style et d’élégance. Difficile pour les suivantes de dépasser celle qui aura marqué l’époque par sa grâce et son allure inouïe. Michelle Obama endossera ce rôle avec une tout autre vision de la mode. Le 20 janvier 2009, lors du bal d’investiture de son mari, elle arbore une robe Jason Wu, un styliste de 26 ans alors inconnu, marquant une rupture nette avec une Laura Bush ou une Nancy Reagan, abonnées aux robes establishment d’Oscar de la Renta, ou une Hillary Clinton, plus cérébrale, qui ne quittait pas son tailleur-pantalon très washingtonien. Dès son arrivée à la MaisonBlanche, l’épouse de Barack Obama fixe ses règles et fera date, privilégiant la nouvelle génération de créateurs new-yorkais – Jason Wu ou Thakoon Panichgul –, des couturiers français ou anglais
– Alaïa ou Alexander McQueen –, et parfois même une robe H & M. Elle est aussi la première First Lady à porter des robes fleuries le jour et à oser des tenues très glamour le soir. Un style unique, en somme, qui fera d’elle une figure de mode moderne et postféministe. « Jackie Kennedy s’est servie de la mode pour élever le bon goût en Amérique, Michelle Obama en use pour se connecter avec les femmes », résume Kate Betts, journaliste au Time, dans son livre Everyday Icon. Michelle Obama and the Power of Style. Melania Trump, qui lui succède à la Maison-Blanche, marquera, elle, l’histoire de la mode pour une autre raison : le montant faramineux accordé à sa garde-robe ! 230 000 euros rien qu’en 2019, dévoilait le magazine anglais
The Express. L’épouse du milliardaire Donald Trump n’a jamais caché son goût pour le luxe. Ex-mannequin, elle collectionne essentiellement des tenues couture françaises et italiennes. En réalité, nombreux sont les designers américains qui refusent de l’habiller, à cause des valeurs prônées par son mari. Aujourd’hui, Jill Biden dévoile une garde-robe maîtrisée, entre élégance et pragmatisme. La First Lady est discrète, construit ses tenues seule, sans styliste, et ne dévoile jamais ses créateurs préférés. Oscillant entre maisons établies – Ralph Lauren, Carolina Herrera – et talents plus confidentiels – Brandon Maxwell, Gabriela Hearst ou Jonathan Cohen –, elle fait l’unanimité. Sagement.