JUlie ChApon
CEO de Yuka “J’ai vraiment été déroutée au départ”
LE CHOIX DE LA COMMUNAUTé. C’est à Brooklyn que Julie Chapon, cofondatrice de l’application Yuka, et ses deux associés ont choisi de poser leurs valises et de travailler pendant un an, pour s’attaquer au marché américain. La configuration est originale pour cette nouvelle aventure humaine et professionnelle : une colocation à onze avec cinq enfants, en plein quartier résidentiel de Brooklyn, avec ses brownstones, maisons en pierre typiques. « On a tous emménagé dans une maison au sud de Prospect Park, un choix économique car les loyers sont exorbitants à New York. Mais c’était aussi et surtout un moyen de vivre à fond cette expérience d’expatriation temporaire », explique-t-elle.
L’ARRIVéE. Elle a été intense pour Julie Chapon et ses associés, entre une météo capricieuse et une perte de repères, notamment dans son domaine de prédilection : l’alimentation.
« J’ai été vraiment déroutée au départ, lors de mes premières sorties au supermarché. On n’a pas les références, et je ne m’attendais pas à des prix si élevés », raconte-t-elle. Pas d’autre choix que de s’adapter. Elle multiplie les connexions dans l’écosystème local : le réseau French Tech, les réseaux de femmes, et un espace de coworking peuplé d’entrepreneurs à Brooklyn. Elle adopte le reach out (prise de contact) local, et n’hésite pas à demander à ses contacts sur LinkedIn qui elles peuvent lui recommander à New York.
SE FAIRE CONNAÎTRE. Même mode opératoire pour développer la notoriété de Yuka. « On a distribué des flyers dans la rue, participé à des salons, projeté une grande publicité face à la rédaction du New York Times. C’est excitant de devoir pitcher à nouveau son projet. » Yuka engrange déjà 500 000 utilisateurs par mois aux États-Unis, juste via le bouche-à-oreille. « Le vrai défi est désormais de trouver un relais médiatique américain pour se faire connaître du grand public. Il ne manque pas grand-chose », estime Julie. D’autant que la start-up a une mission de santé publique, dans un pays où 40 % des adultes sont obèses, et même 50 % d’ici à 2030 selon les chercheurs de Harvard. D’un point de vue business, le marché est prometteur : les Américains sont deux fois plus nombreux à acheter la version premium de l’appli. « Ils ont l’habitude de payer pour tout type de service : si on laisse moins de 15 % de pourboire au restaurant, c’est qu’on n’est pas satisfait », explique Julie Chapon.