Caroline Faucher-Winter
Coprésidente de la French Tech NY “Contre toute attente, les Américains ne sont pas les plus accessibles”
SE RéINVENTER. Arrivée à Washington avec son mari entrepreneur il y a presque vingt ans, cette figure incontournable de la French Tech à New York a dû apprendre à se réinventer un rôle et une place. Les débuts sont chaotiques. Elle travaille d’abord pour le représentant de la Banque centrale européenne au FMI, puis gère les relations presse d’une start-up de reconnaissance visuelle à New York, avant de devenir manager de l’artiste Franck Bouroullec... « Les chiffres montrent (malheureusement) que la grande majorité des conjoints de fondateurs de start-up qui arrivent ici sont des femmes. Cela veut dire qu’elles doivent investir autant, voire plus, sur elles-mêmes. Cela rendra tout succès encore plus mérité, et chaque obstacle moins douloureux. »
UN éCOSYSTÈME DE HAUT VOL. Après avoir longtemps oeuvré dans l’ombre pour animer le réseau French Tech à New York, grâce à son entregent, elle a hérité du poste de coprésidente de ce dynamique réseau. Et continue à cumuler les casquettes, puisqu’elle dirige aussi son agence de communication Six Heures, en plus d’animer le Galion Project, réseau d’entrepreneurs de la tech. « Ce qui me frappe encore et toujours à New York, c’est la qualité et la diversité des personnes que je rencontre chaque jour, entrepreneurs tech, artistes, leaders d’industries ou étudiants. Les personnes les plus douées de leur univers se côtoient sans cesse, c’est une stimulation et une émulation constante pour moi », s’enthousiasme la jeune femme, attablée chez Rintintin, restaurant français à Nolita devenu son QG.
« GIVE FIRST ». Elle qui a connu New York avant la naissance des communautés business d’expatriés français ne peut qu’apprécier cette soupape pour les nouveaux arrivants. « C’est une chance, je m’en rends compte aujourd’hui : quand on est loin de ses proches, il faut recréer un réseau local fiable perso et pro. » Contre toute attente, les Américains ne sont pas les plus accessibles. « Il est facile de rencontrer des New-Yorkais, mais ils ne se livrent pas facilement. Mais ils seront présents en cas de problème. Ils savent que les coups durs peuvent aussi leur arriver. » La culture du don et de la philanthropie est ici très ancrée. « La notion du “Give First” est propre à la société new-yorkaise : donner de son temps, des contacts, de l’argent nourrit un cercle vertueux dans les relations. Ce n’est pas de la charité. C’est un win-win (gagnant-gagnant) asynchrone pas encore bien compris en France. »