Le roi des studios
LES SUCCESS-STORIES SE RESSEMBLENT TOUTES
et pourtant nous émeuvent toujours. Elles fascinent, aussi, car pourquoi l’ascension est-elle si souvent suivie de la chute ? ! Il s’appelait Janos et venait d’un village de Hongrie, rattaché actuellement à Timisoara, en Roumanie. Ses parents, d’origine allemande, avaient émigré en Amérique alors qu’il avait 6 mois. À 8 ans, atteint de la polio, il apprend à nager dans le lac Michigan pour contrer les effets de la maladie et se révèle une force de la nature. Fuyant un père violent, il se réfugie au zoo de Chicago, près des phoques dont il admire les ballets aquatiques, et des singes aux mille acrobaties. Le truc incroyable, c’est que Johnny Weissmuller va devenir champion de natation, enchaînant les records du monde, plusieurs fois médaillé d’or aux Jeux olympiques, notamment à Paris en 1924, puis, en rapport avec son autre passion d’enfant, va devenir Tarzan sur tous les écrans du monde, enchaînant les films, adorant être cet homme-animal qui réjouit les familles. En haut des podiums ou en haut des arbres, c’est pareil, l’important, c’est en haut ! L’alcool, l’argent, trop de mariages et de pensions alimentaires, et le vieillissement, bien sûr, ramèneront sur terre le héros présomptueux… Vient toujours le jour où la gloire laisse place à l’oubli. L’auteur de cette biographie stylisée, aussi brève que bouleversante, donne un « je » à Weissmuller, vu ici comme un gars sympa, un peu candide, porté avant tout par une condition physique exceptionnelle. L’écriture du livre épouse la simplicité bravache et la poésie du personnage. Les pages sur la natation sont magnifiques et celles sur les cavalcades dans la jungle, fut-elle de cinéma, drôles à souhait. Weissmuller est un corps puissant dans l’eau et dans l’image, qui raconte le rêve américain et notre modernité hantée par la performance et la réussite.