Magicmaman Hors-série

Le fil(s) d’Ariane

L’humoriste et comédienne Ariane Brodier n’a jamais baissé les bras devant ses difficulté­s à devenir maman. Elle se confie sur sa grossesse, son couple et sa vision de la famille. En bonus, son « best of » puéricultu­re pour l’arrivée de son petit garçon.

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C’est votre neuvième mois, est-ce que tout va bien ?

Je suis en pleine forme mentale et physique. Être enceinte est une vraie découverte. Voir le corps se transforme­r, sentir mon bébé bouger, c’est vraiment magique. Après un suivi hormonal, j’ai été un peu malade tout le long et j’ai une petite sciatique mais, au final, rien qui me gêne dans mon quotidien. Et puis je suis tellement contente d’attendre mon bébé!

Comment voyez-vous votre future petite famille ?

Mon conjoint, Fulgence Ouedraogo (joueur du XV de France) est né au Burkina Faso mais est de culture française: il a été mis sous tutelle à l’âge de 3 ans dans un tout petit village du sud de la France, Saint-Jean-de-Cuculles. Il a perdu son tuteur à 8 ans et a été élevé seul par sa tutrice, avant d’intégrer les circuits de sport qui l’ont amené à devenir rugbyman. Ce bébé que nous attendons, c’est la famille qu’il n’a pas eue. Car il est revenu très tard au Burkina Faso pour rencontrer sa maman, qu’il a perdue quelques années après. Il n’a pas de souvenirs de son pays d’origine et de sa famille à part quelques odeurs et images. Il a donc été élevé dans la tradition française et non pas la culture burkinabai­se. On a souvent envie d’inculquer ce qu’on a connu dans son enfance, il a grandi avec ce qui l’a entouré dans l’Hérault, c’est pour ça que nous nous y sommes installés. De mon côté, j’ai grandi dans une ferme laitière pédagogiqu­e dans la Brie. Ma mère a travaillé dans la mode pendant des années et a tout arrêté quand je suis née. J’ai donc grandi à la campagne tout en faisant mes études à Paris. Mon grand-père était pâtissier, ma grand-mère cuisinière, j’ai grandi avec le plaisir de manger – et de faire des îles flottantes ! Aujourd’hui on a un potager et je cuisine beaucoup. Je compte me mettre aux petits pots maison quand mon fils sera né! On est près de la mer, on a du poisson tout frais. J’adore cette vie dans le Sud, mes amis me manquent, mais pas Paris. Et j’aime élever mon fils dans le même environnem­ent que celui de nos enfances respective­s.

Et votre rencontre avec Fulgence ?

C’était il y a deux ans et on a vécu très vite ensemble: une évidence! Pourtant c’était très particulie­r de tout quitter pour lui, Paris, mes amis, et de partir en province. En revanche, je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir autant de commentair­es virulents et racistes sur un couple mixte comme le nôtre. C’est la raison pour laquelle j’ai publié des messages sur mon compte Instagram. Pour répondre de manière positive à toute cette hostilité : c’est allé très loin, j’ai même eu des menaces de mort. Impensable en 2018!

Quel a été votre suivi de conception ?

Après plusieurs fausses couches, on a fait des recherches afin de savoir pourquoi. Pour ma grossesse, j’ai été très bien suivie par le Dr Marc Lalau-Keraly à Paris et la Dre Sina-Puche à Montpellie­r. C’est elle qui va m’accoucher. [Ndlr : Ariane Brodier n’a pas encore accouché au moment de cette interview]. Psychologi­quement, elle m’a suivi à chaque fausse couche, elle a eu la lourde tâche de m’épauler, de m’apprendre la mauvaise nouvelle à chaque fois. On ne se doute pas une seconde que ça puisse se terminer, une grossesse. Parce qu’on ne parle pas souvent des fausses couches, on pense que ce malheur n’arrive qu’aux autres. Il y a quand même un travail psychologi­que à faire parce qu’au début on se dit que ce n’est pas grave. Mais c’est toujours dur, à n’importe quel stade. On n’a pas forcément envie d’entendre que «ce sont des choses qui arrivent». Ou qu’on a passé 30 ans et qu’il fallait y penser avant! J’avais un sentiment de culpabilit­é très fort. Fulgence de son côté s’est dit qu’avec son histoire il n’avait pas vraiment le droit de construire une famille. On a essayé de se soutenir, de s’aimer. Moi, j’ai eu la chance d’être suivie par ces deux médecins géniaux. On a été épaulés comme de grands sportifs pour ne pas perdre espoir. Il faut tout mettre en oeuvre pour accéder à son bonheur.

Pourquoi avoir lancé votre blog 9moi.arianebrod­ier.fr ?

Ça m’a boosté d’échanger avec d’autres femmes. Je me sentais coupable car je fais beaucoup de sport. Je tombais facilement enceinte mais les bébés ne restaient pas. Après mes fausses couches, croiser une poussette me faisait pleurer. C’est dur d’en parler et c’est aussi honteux. Une femme en processus de PMA,

on lui dit tous les jours « alors, c’est pour quand ? » La stérilité rend ces femmes « différente­s » alors qu’elles sont pareilles que nous. C’est horrible. Il faut essayer de se défaire de cette culpabilit­é car rien n’est impossible. Il ne faut pas baisser les bras. C’est pour ça qu’il est important de parler de l’infertilit­é. [Ndlr : Ariane a parrainé notre Journée nationale de l’Infertilit­é.]. J’ai monté ce blog afin de partager ces sentiments entremêlés. Je ne pensais pas que ça me toucherait autant. Je reçois plein de témoignage­s autour de la maternité. Etre une femme, ce n’est pas toujours facile. Mais on a ce pouvoir magique d’enfanter.

Comment votre conjoint vitil l’arrivée de Bébé ?

Fulgence se mobilise, il est très impliqué. On a fait de l’haptonomie ensemble, le truc le plus beau que j’ai vécu dans ma vie. Je ne suis pas très sophro, etc., mais notre sage-femme m’a appris à déplacer le bébé de façon médicale. Quand il met sa main, notre bébé réagit et vient s’y lover : la relation se noue avec son père. En rentrant dans le magasin Petit Bateau, j’ai aussi appris qu’il avait commandé une valise de maternité. C’est ça, les papas 2018, ils savent qu’il faut une valise de mater’, ils donnent le biberon et suivent les cours de puéricultu­re. J’ai l’impression qu’il est beaucoup plus au taquet que moi. Il sait monter le siège auto, plier la poussette, etc. Il est très impliqué pendant les cours de la sage-femme. Je le remarque même avec les enfants de mes copines, il les prend dans les bras tout de suite.

Votre préparatio­n à l’accoucheme­nt ?

Depuis longtemps, je faisais du sport tous les jours: running, danse, boxe… Cela relève du mental, pas du physique. C’est une hygiène. Les médecins m’ont conseillé de ralentir, et j’ai arrêté abdos et cardio. Je me suis mise à la piscine pour me détendre car c’est bon pour Bébé et pour moi. Les derniers mois, les kilos ne se sentent plus dans l’eau, c’est vraiment très agréable !

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