Sommeil Que penser de la méthode 5-10-15 pour endormir bébé ?
Le but de cette méthode est d’accompagner les enfants vers une autonomie progressive dans l’endormissement et le rendormissement. Elle est adaptée aux enfants qui ont besoin du réconfort parental pour s’endormir, qui sont dépendants de quelqu’un ou quelque chose ou qui n’arrivent pas à enchaîner les cycles tout seuls. Cependant, elle n’est pas appropriée en cas de réveils nocturnes liés à des cauchemars ou à la peur du noir.
Comment ça marche ?
Pour obtenir des résultats, il faut d’abord s’assurer d’avoir un rituel du coucher efficace. Une fois cette petite routine terminée, vous allez mettre votre enfant au lit alors qu’il est encore éveillé. S’il se met à pleurer immédiatement ou s’il se réveille puis se met à pleurer, la méthode d’attente progressive consiste à patienter 5 minutes avant d’entrer dans la chambre de Bébé pour le rassurer. Le parent entre dans la pièce brièvement (moins d’une dizaine de secondes) et, par la parole, va rappeler sa présence à l’enfant. Cela peut être une phrase comme « Je comprends que tu sois en colère, mais je te fais confiance, je t’aime.» Attention, les 5 minutes de pleurs doivent être chronométrées et il doit s’agir de pleurs intenses, à différencier des pleurs classiques.
Ensuite, à chaque nouvelle intervention, si l’enfant pleure à nouveau, le parent doit attendre un peu plus. Au fur et à mesure des soirs, le parent doit espacer et allonger les temps d’attente. La méthode 5-10-15 fait donc référence aux 5 puis 10 puis 15 minutes d’attente successives. Cette méthode est supposée donner des résultats, la plupart du temps en trois jours à une semaine.
Des résultats contrastés
Certains parents sont déçus de voir que cette méthode ne permet pas à leur enfant de faire ses nuits. Plusieurs raisons peuvent en être à l’origine, d’après notre spécialiste, qui tient à rappeler que «si la méthode est mal appliquée, elle ne peut pas marcher». En effet, nombreux sont les parents à ne pas bien respecter les principes de la méthode d’attente progressive.
Par ailleurs, il est indispensable que les deux parents soient prêts à mettre en place un apprentissage du sommeil par leur enfant. La maman est souvent plus à l’impulsion de cette décision, mais il est nécessaire que les deux parents soient prêts à accepter de passer quelques nuits plus compliquées pour aboutir à une autonomie de l’enfant sur les questions de sommeil.
Les erreurs à éviter
Vous allez devoir casser les habitudes de sommeil de votre bébé pour reconstruire une routine. Mais avant de vous lancer, il faut être attentif à certains points. Veillez tout d’abord à ce que votre enfant soit en bonne santé, sans gêne d’ordre digestif par exemple. Par ailleurs, il n’est pas rare que les parents ne fassent pas le distinguo entre les pleurs simples et les pleurs intenses. Les pleurs intenses s’apparentent à des pleurs comme lors de vaccins, c’est le moment où le système nerveux de l’enfant s’emballe et a besoin de l’intervention de son parent pour s’apaiser et reprendre le contrôle.
Ensuite, vous devez rester cohérent en tant que parent: vous ne devez pas céder un soir en prenant votre enfant dans les bras, mais pas le lendemain. De même, vous ne devez pas rester longtemps dans la pièce (jusqu’à ce que l’enfant s’apaise complètement ou finisse par s’endormir).
Pourquoi cette méthode fait-elle débat ?
Au-delà de ces résultats ambivalents, la méthode est remise en cause sur ses fondements. En effet, une étude réalisée par des scientifiques et psychologues américains de l’université Notre-Dame-du-Lac, dans l’État de l’Indiana, a étudié plus de 600 adultes et a ainsi constaté que ceux qui, dans leur petite enfance, avaient été câlinés et pris en charge par leurs parents à chaque pleur étaient beaucoup moins anxieux et présentaient une meilleure santé mentale.
«Ce que les parents font dans les premiers mois et les premières années affecte véritablement la façon dont le cerveau des nourrissons va évoluer par la suite. Les bébés ont besoin de beaucoup de câlins, de contacts physiques et d’être bercés», a ainsi affirmé la professeure Darcia Narvaez. La docteure Armeet Singh,
de la clinique de Bettendorf, dans l’Iowa, a appuyé les dires de sa consoeur: «Les 4 à 6 premiers mois de la vie des enfants représentent l’une des périodes les plus importantes de leur existence, car c’est à ce moment-là qu’ils créent les liens affectifs avec leurs parents.»
Trouver le bon équilibre
Kelly Champinot rappelle ainsi qu’elle ne préconise pas du tout cette méthode avant l’âge d’1 an, du moins, pas appliquée telle quelle. Il est possible d’adapter et de rendre plus flexible la méthode, tout en conservant sa philosophie. Après avoir eu recours à d’autres méthodes et si votre jeune enfant (moins d’1 an) éprouve toujours du mal à dormir, vous pouvez par exemple appliquer le 5-10-15 en le sortant du lit pour l’apaiser, en faisant du joue à joue avec lui ou en créant un quelconque lien physique. Cela permettra d’éviter cette carence affective dont parlent les scientifiques.
Par ailleurs, les temps d’attente entre chaque période de pleurs intenses peuvent varier. Pour les plus jeunes enfants, vous pouvez par exemple essayer d’attendre 1-3-5 ou 3-5-8 minutes. Par ailleurs, notre spécialiste estime que certains enfants au tempérament calme n’auront pas forcément besoin de ce genre de méthode. L’attente progressive peut être utile quand d’autres méthodes n’ont pas fait leurs preuves. Commencez par appliquer cette méthode pour la nuit. Petit à petit, essayez de l’appliquer aux siestes. Le principal est d’en bien saisir les principes. Et rappelez-vous que vous devez être dans l’accompagnement, mais pas dans l’assistance.