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cantatrice et affirme reconnaître dans l’inflexion de voix de ses interlocuteurs de nombreux messages cachés. A la naissance de son fils Tom, elle se trouve, comme tout parent, bien embêtée face à ses pleurs. Mais grâce à son écoute aiguisée, elle détecte des sons qui reviennent de façon récurrente chez son loulou. Elle décide de noter tout ce qu’elle entend quand son fils pleure et à quel besoin ce son correspond. Elle réalise alors que lorsqu’il avait sommeil elle entendait «Aoh», par exemple. Surprise : en se baladant au supermarché, elle réalise que les autres bébés produisent les mêmes sons. Les nouveau-nés parleraient-ils tous la même langue ? Elle propose son lexique à ses amies mamans pour voir si son intuition est bonne. Résultat? Des dizaines de parents enfin soulagés de comprendre leur bébé.
Avant de comprendre pourquoi, Priscilla Dunstan s’est attachée à savoir comment un bébé pleure. D’abord, le corps d’un nouveau-né crée le réflexe naturel lié à son besoin physiologique, puis il ajoute le son d’un pleur ou d’un cri. La combinaison des deux produit une signature sonore, spécifique au besoin ressenti, qui s’apparente à un « mot ». Par exemple, lorsqu’un bébé a besoin de manger, son réflexe est la succion. Quand il ajoute du son sur cette position de la langue, cela génère le son « nèh », équivalent à « j’ai faim ». Soutenue par le laboratoire de recherche de son père, l’université américaine Brown et un laboratoire anglais, Priscilla Dunstan ouvre alors un centre clinique pour valider ses prémisses et, durant treize ans, elle recueille dans sept pays, parmi trente ethnies, les sons des pleurs de plus de mille bébés. « Il m’a paru évident que ces pleurs avaient, à l’inverse des croyances traditionnelles, une origine physique et non émotionnelle. Aux temps préhistoriques, les pleurs d’un nourrisson auraient alerté un prédateur. La nature a contrebalancé ce risque mortel avec une fonction utile pour l’espèce humaine. Cela signifie nécessairement que le cri contient une information sur le besoin du bébé », écrit la chercheuse. Cette écoute est particulièrement utile durant les premiers mois de l’enfant, de la naissance à environ 4 mois. Après, si les premiers sons n’ont pas été identifiés par les parents et que ceuxci n’ont pas pu répondre aux besoins de leur enfant de façon efficiente, il cherchera à communiquer autrement, par d’autres sons ou mimiques… A l’inverse – lorsque leurs parents ont réussi à répondre rapidement à leur demande – certains enfants vont utiliser ces sons jusqu’à environ 12 mois. Une vraie révolution pour les parents, à tel point que certains pays comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne ont inclus ce livre dans les cours de préparation à l’accouchement ou en maternité. Isabelle Filliozat, psychothérapeute et écrivaine qui a introduit l’ouvrage en France, espère qu’il rencontrera le même enthousiasme. Enceinte de son quatrième enfant, Isabelle Salomon est du même avis. Cette maman a pris connaissance de la méthode sur Internet. Après avoir connu des difficultés avec ses aînés, cette accompagnante familiale a décidé de s’y initier grâce à du e-learning : « J’ai eu le sentiment de devenir experte de mon enfant. Je me suis sentie compétente dans mon rôle de mère», explique-t-elle, avant de poursuivre: «Cela a changé mon écoute. Pour mes trois premiers, j’avais tendance à tout de suite vouloir étouffer leurs pleurs en les couvant beaucoup mais je ne répondais pas forcément à leur besoin.» Aujourd’hui, elle forme des parents à cette écoute qualitative de leur bébé. Isabelle Salomon et Isabelle Filliozat espèrent voir la méthode Dunstan devenir plus courante en France. Elles estiment en effet que les dépressions postnatales pourraient être considérablement réduites tout comme les phénomènes de bébé secoué. Réussir à calmer les pleurs d’un enfant a en effet des conséquences considérables sur le quotidien: les parents sont plus reposés, donc plus détendus et entretiennent de meilleures relations familiales et de couple. Comme si leur bébé était enfin livré avec le mode d’emploi. * Editions JC Lattès. Sachez-le, les pleurs des bébés ont une fin. Ils débutent réellement autour de la 2e semaine, vont croissant jusqu’à la 8e ou la 10e semaine, puis s’apaisent vers la fin du 3e mois. C’est le moment où les coliques disparaissent et où votre tout-petit commence à mieux se faire comprendre en diversifiant ses cris. Puisque l’on répond de manière adéquate à ses demandes, il a moins besoin de pleurer ! Du reste, en grandissant, il va disposer progressivement d’un nouveau moyen pour s’exprimer : le langage. Puis, il apprendra peu à peu à supporter l’attente et la frustration… Le plus dur est passé!