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Faites de vos enfants des « détecteurs » de bénéfices

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Grande figure de la parentalit­é positive, auteure de livres à succès (Trois kifs par jour, Power Patate), Florence Servan-Schreiber exerce le (joli) métier de professeur de bonheur. Elle nous livre ses recettes pour la famille.

Vous qui animez des ateliers d’inspiratio­n au bonheur, diriez-vous que le bonheur ça s’apprend ?

Apprendre à être heureux, ça ne veut pas dire grand-chose. Ça sous-entend qu’on pourrait être heureux tout le temps, ce qui bien sûr est faux. En revanche, on peut apprendre à stimuler des parties de nous-mêmes ou de notre vie dont on sait qu’elles nous font du bien.

Sommes-nous tous égaux devant le bonheur ?

La capacité à être heureux est pour 50 % d’ordre génétique. En cause, le gène qui fabrique les neurotrans­metteurs comme la dopamine ou la sérotonine (responsabl­es de l’humeur). Plus ce gène est long, moins il en secrète. Cela permet de comprendre que nous n’avons pas tous les mêmes prédisposi­tions au bonheur. Il y a des terrains plus favorables que d’autres. A l’intérieur d’une même famille, on peut avoir un enfant joyeux et un enfant taciturne alors qu’ils baignent dans la même ambiance familiale et qu’ils reçoivent la même éducation. Question d’héritage génétique.

Une moitié de génétique… et l’autre moitié alors ?

Les 50 % restants dépendent d’événements extérieurs. Nos conditions de vie (Y a-t-il du soleil aujourd’hui ? Avonsnous des amis? Sommes-nous suffisamme­nt riches pour acheter ce dont nous avons envie?) comptent pour 10 % dans notre capacité à être heureux. Les 40 % restants sont liés à notre interpréta­tion de ce qui se passe. Autrement dit, au regard que nous portons sur la vie. Sur ces 40 % là, nous pouvons agir. Comment ? En développan­t un système d’interpréta­tion positif.

Peut-on aider son enfant à développer ce regard positif ?

Souvent, on pense que pour être heureux, il faudrait pouvoir changer sa vie. On se focalise sur ce qui ne va pas, sur ce qui manque, sur ce qu’on n’a pas – ou pas assez. En réalité, ce n’est pas ça qui va changer notre sentiment d’être heureux puisque, comme on l’a vu, les éléments extérieurs n’intervienn­ent que pour 10 % dans le bonheur. Notre rôle en tant que parents, c’est de faire de nos enfants des « détecteurs de bénéfices ». Autrement dit, de leur apprendre à repérer toutes les belles choses qui leur arrivent. Les vies de nos enfants vont être compliquée­s, on le sait. Il nous est impossible de les protéger des difficulté­s qui les attendent. Tout ce qu’on peut faire, c’est les armer. Leur donner la capacité de discerner ce qu’ils ont de beau en eux (leurs forces, leurs talents) en eux et de joyeux dans la vie. Ça, c’est un cadeau ! Vous avez inventé la formule du « trois kifs par jour ». Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

Il s’agit de repérer trois jolies choses qui nous sont arrivées dans la journée et de dire merci à la vie pour ça. Avec nos enfants, nous avions installé ce rituel au moment du dîner. Chacun notre tour, nous nommions trois événements qui avaient illuminé notre journée. Ce n’est pas forcément une super nouvelle ou un grand succès. Ça peut être des petites choses : quelqu’un qui nous a accueillis avec le sourire, un objet qu’on croyait perdu et qu’on retrouve… Mon mari et moi énoncions nos kifs du jour, et chaque enfant embrayait. Essayez, vous verrez, c’est contagieux. Au début, on a du mal à trouver et au fur et à mesure que les autres se mettent à parler, on se dit «mais moi aussi» et la liste des kifs s’allonge ! Avec des jeunes enfants, on peut installer ce rituel au moment du coucher : « Dis-moi trois jolies choses qui te sont arrivées aujourd’hui». Non seulement ça les aide à mieux dormir (plus longtemps, plus profondéme­nt) mais, en plus, ça muscle leur capacité à détecter les bénéfices et ça les aide à porter un regard positif sur le monde.

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