Conception Un bébé dans la tête ? Tenez-vous prête !
Quand on a un projet de bébé, il est bien de s’y préparer pour mettre toutes les chances de son côté. La consultation préconceptionnelle plébiscitée par les professionnels ? Le bon moment pour un bilan (de santé) !
Selon un sondage Odoxa/ Grand forum des tout-petits*, 35 % des couples désirant un enfant dans les deux ans se disent prêts à programmer une consultation préconceptionnelle avant de se lancer dans un projet de grossesse. C’est encore trop peu. L’objectif de cette consultation, que les professionnels en périnatalité recommandent vivement, est de repérer les risques en amont et de dé- livrer informations et messages de prévention. « Les progrès de la médecine périnatale offrent la possibilité d’anticiper d’éventuels problèmes, souligne la Dre Amina Yamgnane, gynécologue-obstétricienne, membre du CNGOF**. De plus, cette consultation permet de pallier l’abandon de l’examen prénuptial dont devaient s’acquitter tous les couples jusqu’en 2008. » Il s’agit tout simplement de faire le point sur sa santé avec son gynécologue(-obstétricien), sa sagefemme ou son généraliste, tous trois étant habilités à conduire cette consultation. L’homme de la maison est invité à s’y rendre avec sa compagne. Pourquoi ? « Parce que des problèmes de fertilité peuvent le toucher aussi et qu’il est bien de s’en préoccuper au plus tôt, avance notre spécialiste. Et qu’il est prouvé que plus le futur père s’implique tôt dans le processus de la grossesse, moins il y a de risques de violences conjugales et plus l’après-naissance et l’accordage avec l’enfant se fait aisément. »
C’EST VOTRE PREMIER ENFANT
Bilan sanguin de rigueur
Outre la détermination de votre groupe sanguin (en cas de Rhésus négatif, il est nécessaire de connaître celui du père afin d’éviter au bébé tout problème à la naissance), il est indispensable d’avoir connaissance des sérologies de la rubéole et de la toxoplasmose. En effet, si vous n’êtes pas immunisée contre la rubéole, il est
temps de vous vacciner car elle dangereuse pour une femme enceinte. Quant à la toxo, il n’existe pas de vaccin mais le médecin vous donnera toutes les infos sur les précautions alimentaires à prendre. Les sérologies du VIH, des hépatites B et C vous seront proposées en fonction de votre histoire personnelle. Ayez votre carnet de vaccination avec vous, le professionnel vérifiera que vous êtes à jour concernant la coqueluche et la rougeole, deux affections en recrudescence, et les jeunes adultes non vaccinés contaminent les bébés. Des vaccins à programmer avant la grossesse !
Passage sur la balance
Etre trop maigre ou trop enveloppée expose à certains risques (prématurité, retard de croissance dans le premier cas; diabète, hypertension, césarienne plus compliquée, etc., dans le second) et peut avoir des conséquences sur la fertilité en entraînant des problèmes d’ovulation. Et qui dit problèmes d’ovulation dit difficultés à faire un bébé. Equilibrer son poids se prépare bien en amont et c’est plus facile avec un diététicien.
Examen clinique de routine
Palpation des seins, frottis si nécessaire, prise de la tension artérielle, écoute du coeur… Le professionnel passe également en revue vos antécédents chirurgicaux (opération de l’appendicite entre autres) et gynécologiques (fausses couches, IVG, présence d’un fibrome, d’ovaires polykystiques, etc.). Il peut prescrire une échographie de l’utérus et des ovaires si nécessaire, ou vous orienter vers un généticien.
Prévention des facteurs de risque
Tabac, alcool, cannabis, etc., ne vous veulent pas du bien. On le sait, on y pense parfois mais on se dit qu’on arrêtera… plus tard. Or, plus tard, c’est maintenant. Le tabac augmente les risques de grossesse extra-utérine, de retard de croissance in utero, de placenta praevia, etc. L’alcool? Ses effets sont dévastateurs sur la formation des organes de l’embryon et du cerveau. Le cannabis et autres drogues ne sont pas en reste. Le sachant, vous avez le temps de consulter un tabacologue ou un spécialiste des addictions. Médicaments et grossesse ne font pas non plus bon ménage. Une récente étude de l’Inserm a montré que les Françaises se voient prescrire en moyenne dix médicaments pendant la grossesse ! L’aspirine et l’ibuprofène sont contre-indiqués au troisième trimestre (et mieux vaut s’en passer avant). Même le paracétamol pourtant autorisé doit vous rendre vigilante. Et que dire des anxiolytiques et antidépresseurs ? Une consultation préconceptionnelle permet de vérifier leur compatibilité avec une grossesse.
Revue de l’héritage familial
L’évoquer avant la conception est la meilleure des choses à faire. Avez-vous quelqu’un de votre famille atteint de trisomie 21? d’une maladie héréditaire et/ou génétique (mucoviscidose, myopathie, hémophilie, etc.) ? Il est alors utile de prévoir une consultation de génétique.
Supplémentation alimentaire à programmer
La prise de folates – ou vitamine B9 – est recommandée à la femme au moins un mois avant le début d’une grossesse et jusqu’à la fin du premier trimestre. Cette supplémentation sert à réduire le risque de malformation du tube neural (qui formera le futur cerveau de l’embryon). Et si votre bilan sanguin a pointé une anémie, vous serez supplémentée en fer.
Surveillance des maladies chroniques
Si vous souffrez d’hypertension artérielle, de diabète, d’épilepsie, de sclérose en plaques, etc., une grossesse se prépare quelques mois avant pour stabiliser la maladie et vérifier que les médicaments que vous prenez sont compatibles avec une grossesse. Et en changer le cas échéant. Le professionnel vous orientera vers un spécialiste de la maladie en question.
C’EST VOTRE SECOND OU TROISIÈME ENFANT
Outre un examen clinique de routine, la prescription de vitamine B9, un passage sur la balance, etc., il est plus qu’utile de se poser les bonnes questions avant d’envisager une nouvelle grossesse. Avez-vous accouché prématurément la dernière fois ? eu une IMG (interruption médicale de grossesse) ou une hémorragie de la délivrance? souffert de diabète gestationnel, de prééclampsie ou d’hypertension artérielle ? fait une ou des fausse(s) couche(s) depuis votre dernier accouchement ? Le but est d’éviter, dans la mesure du possible, que le problème ne se reproduise et/ou ne conduise à des complications obstétricales. Le risque de récidive est parfois important selon la pathologie. Par exemple, celui du diabète gestationnel est élevé, celui de la prééclampsie est de 15 à 46 %. * 1 008 personnes de 20 à 40 ans, parents ou non, interrogés en septembre 2016.
** Collège national des gynécologues et obstétriciens français.