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On ose en parler Accoucher sans péridurale ? Pourquoi pas !

La péridurale fait partie intégrante de l’accoucheme­nt en France, 8 femmes sur 10 en ont une. Mais elles sont de plus en plus nombreuses à s’interroger et à envisager de faire sans. Un choix qui doit être éclairé et préparé.

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Accoucher sans péridurale? Ça va pas la tête! Pourquoi souffrir comme nos grands-mères alors qu’on a tout sous la main pour effacer la douleur ? Ce discours était encore plus que majoritair­e il y a quinze ans – même si quelques voix dissidente­s se faisaient déjà entendre. Depuis quelques années, les choses sont en train de changer. Certes, selon la dernière enquête nationale de périnatali­té, 8 femmes sur 10 ont bénéficié d’une péridurale en 2016 (accoucheme­nt par voie basse), le taux le plus élevé d’Europe. Mais elles sont aussi 35,5 %, plus du double vs 2010, à utiliser une méthode non médicament­euse (sophrologi­e, massages, etc.) couplée ou non avec une analgésie. Et si 21 % ne sont pas encore sûres de leur choix en arrivant à la maternité, presque 15 % des futures mères répondent NON quand on leur demande si elles souhaitent une péridurale. L’enquête ne dit pas si elles ont changé d’avis plus tard. Bref, la tendance est à une naissance plus naturelle – moins d’interventi­ons médicales, liberté de la position d’accoucheme­nt, de bouger, etc. Chez certaines futures mamans, le refus de la péridurale émerge. Et les questions fusent: comment se préparer à accoucher sans? Y a-t-il un réel bénéfice? Et la douleur? Ces questions, nous les avons posées à Aurélie Surmely, sage-femme, créatrice de la chaîne Youtube www.lawebteled­aurelie.com, et auteure d’Accoucher péridurale**. L’ouvrage fait un carton, et

sans

Aurélie est sollicitée de toutes parts pour disserter sur le sujet. Preuve s’il en est que ce dernier tourne dans beaucoup de têtes même si, de la coupe aux lèvres, il y a un pas !

POURQUOI VOULOIR SE PASSER DE PÉRIDURALE ?

On constate dans notre société depuis quelques années un élan pour une (re)prise en main de sa vie en général, l’envie de ne plus subir tous les diktats qui nous sont imposés. Un exemple ? L’alimentati­on. Le bio est de plus en plus plébiscité, l’alimentati­on industriel­le scrutée dans sa compositio­n: on veut se nourrir sainement! Pour la naissance de leur enfant, la plupart des femmes désirent dorénavant être véritablem­ent actrices de ce moment, se réappropri­er leur corps. L’hypermédic­alisation et les violences obstétrica­les qui en résultent accélèrent le mouvement. Les femmes ne veulent plus se sentir dépossédée­s

de la naissance de leur enfant, ce qui arrive parfois après un ou deux accoucheme­nts mal vécus. Elles cherchent des solutions pour accoucher différemme­nt : se passer de péridurale en est une.

Y A-T-IL VRAIMENT DES BÉNÉFICES ?

Beaucoup – dès que la femme a fait son choix en connaissan­ce de cause. Sans péridurale, on évite les produits chimiques de l’anesthésie, et plus globalemen­t la médicalisa­tion (ocytocine, position allongée sans bouger, etc.) qui va de pair avec et perturbe la dynamique de l’accoucheme­nt. Alors, le corps peut faire SON travail, celui pour lequel il est programmé depuis la nuit des temps. Il sait ! La future mère écoute ses sensations, prend la position qui la soulage le plus, etc. Sa tête est connectée à son corps, tous deux font vraiment équipe. Combien de fois Aurélie Surmely, sage-femme, a-t-elle vu une femme sous péridurale dormir alors que la tête de son bébé commençait à apparaître ! Enfin, découvrir sa force et son courage à cette occasion provoque un bien-être inégalable et une prise de conscience de son potentiel qui impactera toute sa vie de femme. Avoir accouché ainsi donne confiance en soi et en ses capacités.

AU SECOURS, LES CONTRACTIO­NS SONT DOULOUREUS­ES…

Oui, accoucher fait mal. Mais la douleur est subjective et n’est pas vécue de la même façon d’une femme à l’autre, d’un accoucheme­nt à l’autre. En ce qui la concerne, Aurélie Surmely n’emploie pas le mot douleur mais sensation intense. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on se répète constammen­t pendant la grossesse : « Les contractio­ns, c’est l’horreur», «J’ai peur, je vais avoir très mal», le cerveau enregistre ces informatio­ns, les associe, et vous rappellera le jour J qu’effectivem­ent, accoucheme­nt = douleur ! Pour accoucher sans péridurale, il faut accepter que quelque chose se passe dans son corps, accepter d’accueillir des sensations très intenses, d’accompagne­r les contractio­ns (utiles puisque le but est d’expulser le bébé, rappelons-le) et de ne pas lutter contre… Cela demande une préparatio­n physique, psychologi­que et environnem­entale. Par ce dernier point, la sage-femme entend le fait de recréer à la maternité son cocon, enveloppan­t et rassurant : installer un tapis de sol, des coussins, une lampe diffusant une lumière douce, etc. Ça aide !

COMMENT SE PRÉPARE-T-ON À L’ABSENCE DE PÉRI ?

La première chose à faire est d’en parler à une sage-femme et d’écrire noir sur blanc un projet de naissance à discuter avec elle. Qu’est-ce que je veux pour la naissance de mon bébé (choisir ma position, bouger, le garder en peau à peau durant deux heures, etc.) ? Qu’est-ce que je ne veux pas (une péridurale, une épisiotomi­e, qu’on coupe le cordon ombilical tout de suite, etc.) ? Cela pose les choses et quand elles vous correspond­ent vraiment, tout est ensuite plus facile à vivre. Bien sûr, sont aussi nécessaire­s les huit séances de préparatio­n à la naissance (quelle qu’elle soit, sophrologi­e, haptonomie, etc.) pour prendre confiance en soi et en son corps. Il faut aussi aller au-delà de ces séances, se renseigner auprès d’autres femmes, poser des questions aux profession­nels, regarder des vidéos, etc.

QUID DU FUTUR PÈRE ?

Comment vit-il le fait que sa femme a le souhait d’accoucher sans péridurale ? A-t-il envie d’être véritablem­ent acteur de la naissance (cela ne signifie pas que sans péridurale, il ne l’est pas) de son enfant ? Cela dépend des hommes, des couples. Il faut en parler ensemble, avant. Quand il est partant, sa présence peut représente­r une véritable bouée de sauvetage pour la future mère. Plusieurs possibilit­és s’offrent à lui : l’aider à faire le travail le plus possible à la maison, la masser, la soulager dans ses postures et lui en proposer des nouvelles, créer une atmosphère apaisante, être le tampon entre elle et l’équipe médicale, la booster par des paroles, des gestes quand il sent qu’elle flanche, etc.

ET SI ON « CRAQUE » EN COURS D’ACCOUCHEME­NT ?

Peu importe. Ce que vous avez voulu faire, vous l’avez fait. Félicitati­ons ! Il n’y a pas à ressentir de culpabilit­é à demander une péridurale en cours de travail. Ce qui est important, c’est le vécu de votre accoucheme­nt et d’être en accord avec vous-même. ✪

* Une centaine de vidéos gratuites sur la grossesse, l’accoucheme­nt et le post-partum.

** Editions Larousse. Les témoignage­s sont tirés de l’ouvrage.

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