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Psycho Hyperactif, mon enfant ?

A la maison, il est difficile de le canaliser. A l’école, la maîtresse se plaint qu’il perturbe la classe. Serait-il a eint de TDAH – un trouble de l’a ention qui touche 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire ?

- Avec le Dr Michel Lecendreux, pédopsychi­atre*.

Nous avons toujours trouvé notre fils agité, difficile à cadrer, raconte Laetitia, maman d’un petit Ruben de 5 ans. Mais c’est l’école qui nous a alertés. La maîtresse nous a expliqué qu’il y avait un problème en classe. Ruben ne tient pas en place, il se lève, bouge, pose tout le temps des questions… Un comporteme­nt qui évoque l’hyperactiv­ité. L’enseignant­e a contacté la psychologu­e scolaire et un protocole a été mis en place. Désormais, Ruben n’a plus les mêmes règles de vie que ses camarades. Il a le droit de se lever de temps en temps, il n’est plus obligé de rester forcément dans le rang, etc. Une demande d’auxiliaire de vie scolaire (AVS) a même été faite pour lui à partir de l’année prochaine. » L’intention est certes louable puisqu’il s’agit d’aider le petit garçon à s’organiser et à se concentrer… mais les parents de Ruben ont été un peu choqués. « On croyait avoir un problème d’autorité et voilà qu’on nous parle de handicap – un mot très lourd, s’émeut Laetitia.

Nous allons faire les tests nécessaire­s pour en avoir le coeur net et éviter qu’il ne soit pénalisé dans la suite de sa scolarité. »

REPÉRAGE PRÉCOCE

Depuis plusieurs années, l’Education nationale s’est donné pour mission de repérer l’hyperactiv­ité chez les enfants le plus tôt possible afin de mettre en place des aménagemen­ts et des soutiens personnali­sés. Objectif : leur éviter de sortir de la trajectoir­e scolaire. On ne va pas s’en plaindre! Mais n’y a-t-il pas quand même un risque de voir un peu trop vite rangés dans la catégorie «hyperactif­s» tous les enfants agités? «Attention, l’école ne pose pas un diagnostic, elle fait juste une observatio­n comporteme­ntale, rétablit le Dr Lecendreux. Elle repère les enfants qui s’agitent plus que la moyenne du groupe de leur âge. Tous les petits sont remuants, et c’est normal. Il faut prendre en compte l’intensité et la fréquence. Est considéré «à risque » un enfant dont l’agitation et l’inattentio­n sont constantes. » Simplement agité ou hyperactif? Pour en avoir le coeur net… il va falloir attendre. En effet, le diagnostic ne pourra être posé qu’à partir de 6 ans par un spécialist­e (neuropédia­tre ou pédopsychi­atre) après une évaluation complète (test de QI, tests d’attention visuelle et auditive, bilan psychomote­ur, bilan orthophoni­que).

BIEN SAVOIR CE QUE L’ON MET SOUS LES MOTS

« Parler d’hyperactiv­ité, c’est déjà réducteur », observe le Dr Lecendreux. Comme son nom l’indique, le TDAH (Trouble de l’attention avec ou sans hyperactiv­ité) est avant tout un trouble de l’attention qui ne s’associe pas toujours à une hyperactiv­ité. Il se caractéris­e par trois symptômes. Premier de ces symptômes: l’hype- ractivité motrice. Lorsqu’il est présent, l’enfant bouge tout le temps, saute, se tortille, touche à tout, ce qui devient très vite insupporta­ble pour l’enseignant et ne tarde pas à poser un problème. Deuxième symptôme: l’impulsivit­é. Le petit hyperactif ne supporte pas d’attendre, il répond avant d’avoir entendu la fin de la question, il s’ennuie si on ne lui propose pas sans cesse de nouvelles tâches. Troisième symptôme : un déficit d’attention (souvent repéré à l’entrée au CP). L’enfant ne se fixe sur rien, il a le nez en l’air, il n’écoute pas. Ou plutôt il a du mal à savoir ce qu’il faut écouter : la maîtresse, le copain qui parle ou les bruits de la rue ? Son attention est divisée, il n’arrive pas à suivre deux choses à la fois : ce que la maîtresse écrit au tableau et ce qu’elle raconte. Il décroche. C’est surtout cette impossibil­ité à se concentrer qui le handicape dans ses apprentiss­ages mais les autres symptômes ont également un impact délétère sur sa scolarité. «L’enfant hyperactif n’a aucun des comporteme­nts qui sont ceux attendus par l’école, observe le Dr Lecendreux. Il ne sait pas s’asseoir, il a du mal à écouter ce que dit l’enseignant, il prend la place des autres. » Lorsque le symptôme d’hyperactiv­ité est présent, ses comporteme­nts dérangent. Il fatigue même ses copains, qui le tiennent à l’écart du groupe. Il prend trop de place, il ne sait pas s’y prendre avec les autres, il n’a pas les bonnes habiletés sociales. Du coup, le jeune hyperactif se sent exclus. Il peut chercher à compenser sa mauvaise estime de lui-même par des fanfaronna­des ou des attitudes d’opposition… ce qui ne fait que renforcer sa mise à l’écart. Quant à lui l’enfant atteint de trouble de l’attention sans hyperactiv­ité est un enfant tranquille, il ne dérange personne. « Mais on a du mal à le repérer précocemen­t, observe le Dr Lecendreux. Il n’est pas perturbant mais il ne réalise pas les apprentiss­ages. »

HELP, ON FAIT QUOI ?

Pas de panique. Si on ne guérit pas du TDAH, il est néanmoins possible pour l’enfant d’apprendre à vivre avec. La prise en charge comporte deux axes: un axe psycho-éducatif et un axe pharmacolo­gique, réservé aux enfants dont les troubles perturbent fortement la vie. Côté prise en charge éducative, plusieurs thérapies possibles. Psychomotr­icité (pour aider le petit hyperactif à réguler ses mouvements et améliorer son sommeil) et orthophoni­e (pour les enfants qui ont du mal à utiliser le langage). « Pour les problèmes d’attention eux-mêmes, on pratique maintenant ce qu’on appelle de la remédiatio­n cognitive, explique le spécialist­e. Quelques exercices d’attention par jour permettent à l’enfant de développer des stratégies qui vont lui servir en classe. Une autre technique se développe, celle du neuro feed-back. L’enfant est devant un écran et des électrodes posées sur sa tête lui indiquent son niveau de vigilance.» Côté médicament­s, en France on prescrit essentiell­ement des psychostim­ulants qui modulent l’agitation, améliorent l’attention et augmentent la maîtrise de soi. Encore controvers­é, c’est un produit qui suscite la méfiance d’un certain nombre de médecins (lire l’encadré ci-dessous).

SOUTENIR ET ENCOURAGER

Dans tout cet arsenal thérapeuti­que, les familles ne sont pas oubliées. « Les parents se retrouvent souvent très démunis face au comporteme­nt de leur enfant, observe le Dr Lecendreux. Ils ont tendance à réprimer et punir, ce qui accentue la frustratio­n et sape l’estime de soi. » Tout faux, en somme. La prise en charge comporte donc aussi un volet éducation pour apprendre aux parents à stimuler et renforcer les bons comporteme­nts de leur enfant. Les jeunes hyperactif­s essuient toute la journée des remarques négatives (« Tu pourrais faire attention », « Tiens-toi tranquille »). Ils ont besoin de retours positifs pour se motiver et dépasser leurs problèmes. Soutenus, encouragés, ils vont prendre confiance en eux et trouver leur place parmi les autres. Patience… Avec l’âge, l’agitation a tendance à diminuer – voire à disparaîtr­e. Quant aux autres troubles – l’impulsivit­é et le déficit d’attention – ils ne disparaiss­ent pas mais vont en se réduisant. Mieux votre enfant aura appris à vivre avec son symptôme, plus l’adulte qu’il deviendra sera épanoui.

* Auteur de éditions

L’hyperactiv­ité TDAH, Solar.

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Par Dominique Henry
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