Psycho Hyperactif, mon enfant ?
A la maison, il est difficile de le canaliser. A l’école, la maîtresse se plaint qu’il perturbe la classe. Serait-il a eint de TDAH – un trouble de l’a ention qui touche 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire ?
Nous avons toujours trouvé notre fils agité, difficile à cadrer, raconte Laetitia, maman d’un petit Ruben de 5 ans. Mais c’est l’école qui nous a alertés. La maîtresse nous a expliqué qu’il y avait un problème en classe. Ruben ne tient pas en place, il se lève, bouge, pose tout le temps des questions… Un comportement qui évoque l’hyperactivité. L’enseignante a contacté la psychologue scolaire et un protocole a été mis en place. Désormais, Ruben n’a plus les mêmes règles de vie que ses camarades. Il a le droit de se lever de temps en temps, il n’est plus obligé de rester forcément dans le rang, etc. Une demande d’auxiliaire de vie scolaire (AVS) a même été faite pour lui à partir de l’année prochaine. » L’intention est certes louable puisqu’il s’agit d’aider le petit garçon à s’organiser et à se concentrer… mais les parents de Ruben ont été un peu choqués. « On croyait avoir un problème d’autorité et voilà qu’on nous parle de handicap – un mot très lourd, s’émeut Laetitia.
Nous allons faire les tests nécessaires pour en avoir le coeur net et éviter qu’il ne soit pénalisé dans la suite de sa scolarité. »
REPÉRAGE PRÉCOCE
Depuis plusieurs années, l’Education nationale s’est donné pour mission de repérer l’hyperactivité chez les enfants le plus tôt possible afin de mettre en place des aménagements et des soutiens personnalisés. Objectif : leur éviter de sortir de la trajectoire scolaire. On ne va pas s’en plaindre! Mais n’y a-t-il pas quand même un risque de voir un peu trop vite rangés dans la catégorie «hyperactifs» tous les enfants agités? «Attention, l’école ne pose pas un diagnostic, elle fait juste une observation comportementale, rétablit le Dr Lecendreux. Elle repère les enfants qui s’agitent plus que la moyenne du groupe de leur âge. Tous les petits sont remuants, et c’est normal. Il faut prendre en compte l’intensité et la fréquence. Est considéré «à risque » un enfant dont l’agitation et l’inattention sont constantes. » Simplement agité ou hyperactif? Pour en avoir le coeur net… il va falloir attendre. En effet, le diagnostic ne pourra être posé qu’à partir de 6 ans par un spécialiste (neuropédiatre ou pédopsychiatre) après une évaluation complète (test de QI, tests d’attention visuelle et auditive, bilan psychomoteur, bilan orthophonique).
BIEN SAVOIR CE QUE L’ON MET SOUS LES MOTS
« Parler d’hyperactivité, c’est déjà réducteur », observe le Dr Lecendreux. Comme son nom l’indique, le TDAH (Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) est avant tout un trouble de l’attention qui ne s’associe pas toujours à une hyperactivité. Il se caractérise par trois symptômes. Premier de ces symptômes: l’hype- ractivité motrice. Lorsqu’il est présent, l’enfant bouge tout le temps, saute, se tortille, touche à tout, ce qui devient très vite insupportable pour l’enseignant et ne tarde pas à poser un problème. Deuxième symptôme: l’impulsivité. Le petit hyperactif ne supporte pas d’attendre, il répond avant d’avoir entendu la fin de la question, il s’ennuie si on ne lui propose pas sans cesse de nouvelles tâches. Troisième symptôme : un déficit d’attention (souvent repéré à l’entrée au CP). L’enfant ne se fixe sur rien, il a le nez en l’air, il n’écoute pas. Ou plutôt il a du mal à savoir ce qu’il faut écouter : la maîtresse, le copain qui parle ou les bruits de la rue ? Son attention est divisée, il n’arrive pas à suivre deux choses à la fois : ce que la maîtresse écrit au tableau et ce qu’elle raconte. Il décroche. C’est surtout cette impossibilité à se concentrer qui le handicape dans ses apprentissages mais les autres symptômes ont également un impact délétère sur sa scolarité. «L’enfant hyperactif n’a aucun des comportements qui sont ceux attendus par l’école, observe le Dr Lecendreux. Il ne sait pas s’asseoir, il a du mal à écouter ce que dit l’enseignant, il prend la place des autres. » Lorsque le symptôme d’hyperactivité est présent, ses comportements dérangent. Il fatigue même ses copains, qui le tiennent à l’écart du groupe. Il prend trop de place, il ne sait pas s’y prendre avec les autres, il n’a pas les bonnes habiletés sociales. Du coup, le jeune hyperactif se sent exclus. Il peut chercher à compenser sa mauvaise estime de lui-même par des fanfaronnades ou des attitudes d’opposition… ce qui ne fait que renforcer sa mise à l’écart. Quant à lui l’enfant atteint de trouble de l’attention sans hyperactivité est un enfant tranquille, il ne dérange personne. « Mais on a du mal à le repérer précocement, observe le Dr Lecendreux. Il n’est pas perturbant mais il ne réalise pas les apprentissages. »
HELP, ON FAIT QUOI ?
Pas de panique. Si on ne guérit pas du TDAH, il est néanmoins possible pour l’enfant d’apprendre à vivre avec. La prise en charge comporte deux axes: un axe psycho-éducatif et un axe pharmacologique, réservé aux enfants dont les troubles perturbent fortement la vie. Côté prise en charge éducative, plusieurs thérapies possibles. Psychomotricité (pour aider le petit hyperactif à réguler ses mouvements et améliorer son sommeil) et orthophonie (pour les enfants qui ont du mal à utiliser le langage). « Pour les problèmes d’attention eux-mêmes, on pratique maintenant ce qu’on appelle de la remédiation cognitive, explique le spécialiste. Quelques exercices d’attention par jour permettent à l’enfant de développer des stratégies qui vont lui servir en classe. Une autre technique se développe, celle du neuro feed-back. L’enfant est devant un écran et des électrodes posées sur sa tête lui indiquent son niveau de vigilance.» Côté médicaments, en France on prescrit essentiellement des psychostimulants qui modulent l’agitation, améliorent l’attention et augmentent la maîtrise de soi. Encore controversé, c’est un produit qui suscite la méfiance d’un certain nombre de médecins (lire l’encadré ci-dessous).
SOUTENIR ET ENCOURAGER
Dans tout cet arsenal thérapeutique, les familles ne sont pas oubliées. « Les parents se retrouvent souvent très démunis face au comportement de leur enfant, observe le Dr Lecendreux. Ils ont tendance à réprimer et punir, ce qui accentue la frustration et sape l’estime de soi. » Tout faux, en somme. La prise en charge comporte donc aussi un volet éducation pour apprendre aux parents à stimuler et renforcer les bons comportements de leur enfant. Les jeunes hyperactifs essuient toute la journée des remarques négatives (« Tu pourrais faire attention », « Tiens-toi tranquille »). Ils ont besoin de retours positifs pour se motiver et dépasser leurs problèmes. Soutenus, encouragés, ils vont prendre confiance en eux et trouver leur place parmi les autres. Patience… Avec l’âge, l’agitation a tendance à diminuer – voire à disparaître. Quant aux autres troubles – l’impulsivité et le déficit d’attention – ils ne disparaissent pas mais vont en se réduisant. Mieux votre enfant aura appris à vivre avec son symptôme, plus l’adulte qu’il deviendra sera épanoui.
* Auteur de éditions
L’hyperactivité TDAH, Solar.