Réponses à vos questions
La loi du 30 décembre 2017 a étendu le nombre de vaccins obligatoires à 11 chez les nourrissons nés après 1er janvier 2018. Ce sont: le DT-Polio pour diphtérie, tétanos et poliomyélite (ils l’étaient déjà avant cette date), l’haemophilus influenzae de type B, la coqueluche, l’hépatite B, le ROR pour rougeole-oreillons-rubéole, le méningocoque C et le pneumocoque jusque-là seulement recommandés.
Pourquoi les vaccins obligatoires sont-ils passés de 3 à 11 ?
Le DT-Polio a été rendu obligatoire en raison d’épidémies anciennes et d’une mortalité importante de la population en 1938, 1940 et 1960. A la fin des années 1960, les grandes épidémies s’étant ralenties grâce à la vaccination, les pouvoirs publics souhaitent que les Français décident par eux-mêmes de ce sujet, en étant informés. La plupart des vaccins sont alors simplement recommandés mais n’en sont pas moins importants. Aujourd’hui, les autorités de santé estiment que la couverture de certains vaccins est insuffisante – elle doit être au moins de 95 %, seuil nécessaire à l’élimination de la maladie. C’est le cas du vaccin contre l’hépatite B (88,1 %), du ROR 2 doses (78,8 %), des vaccins contre le pneumocoque (91,4 %) et le méningocoque C (70,9 %). Ce qui conduit à la réémergence de certaines maladies et engendre hospitalisations et décès évitables. Concernant la rougeole (vaccin ROR) – une maladie virale très contagieuse –, 24000 cas ont été identifiés entre 2008 et 2012. 1500 cas déclarés ont présenté une pneumopathie grave 34, une complication neurologique, et 10 personnes sont décédées. Et si depuis 2012 le nombre de cas a diminué, on a à nouveau noté début 2017 une augmentation, notamment en Moselle. En juin 2018, une ado de 16 ans non vaccinée en est morte à Marseille. Le méningocoque C (qui peut se transmettre par voie aérienne ou la salive) ? 298 infections sont survenues entre 2011 et 2016 chez les 1-24 ans non vaccinés et ont provoqué 29 décès. Cette bactérie tue 1 enfant infecté sur 10.
Pourquoi parle-t-on de 10 injections alors qu’il y a 11 vaccins ?
C’est le calendrier vaccinal qui l’impose sur les deux premières années de vie de l’enfant. 1 injection à 2, 4 et 11 mois pour le vaccin Hexavalent DTP-coqueluche-HIB-hépatite B et le vaccin contre le pneumocoque ; 1 injection à 5 mois (nouveauté 2017) et 1 à 11 mois pour le vaccin contre le méningocoque C ; 1 injection à 12 mois et 1 à 16-18 mois pour le ROR. La majorité des parents faisaient déjà la totalité des vaccins avant 2018 et environ 80 % des enfants recevaient déjà au moins 8 injections.
Est-il utile de vacciner le bébé si tôt dans la vie ?
A sa naissance, le bébé possède les anticorps maternels acquis pendant la grossesse. Au fil des premières semaines de vie, il les élimine et n’est plus protégé par ces anticorps à partir de l’âge de 2 mois. La vaccination lui donne la chance de rencontrer la maladie vaccinale (le vaccin contient un agent infectieux ou une partie d’un agent rendu inoffensif) et de développer des anticorps avant de rencontrer la « vraie » maladie. Certaines bactéries, comme l’haemophilus influenzae B et le méningocoque C, risquent d’infecter le bébé et de provoquer des méningites mortelles. Les autorités de santé préconisent donc que son système immunitaire soit stimulé très vite.
De multiples injections n’épuisent-elles pas son système immunitaire ?
Le système immunitaire du bébé est capable de faire face à un nombre important de stimulations extérieures, bien davantage que celles qu’il reçoit. Ainsi, selon une étude menée par des chercheurs américains, publiée aux Etats-Unis dans la revue Pediatrics et citée par francetvinfo.fr, les enfants peuvent recevoir jusqu’à 20 vaccins avant leurs 2 ans et jusqu’à 5 injections lors d’une même visite médicale. Les chercheurs expliquent aussi que si 11 vaccins étaient administrés en même temps à un enfant en bas âge, seulement 0,1 % de son système immunitaire serait épuisé. De plus, les bébés vaccinés ne courent pas plus le risque d’infections ultérieures avec d’autres agents pathogènes que les bébés non vaccinés, précisent les auteurs de l’étude. Et si certains vaccins sont administrés en même temps, c’est qu’ils sont compatibles.
Les vaccins sont-ils dangereux ?
Ils peuvent provoquer des effets temporaires et bénins comme des douleurs au site d’injection, des troubles digestifs mineurs et un peu de fièvre. D’autres effets secondaires graves sont possibles mais très rares (les plus courants sont des réactions allergiques) et leur survenue très surveillée, expliquent les autorités de santé. Le risque qu’un enfant non vacciné contracte la maladie provoquée par l’agent infectieux pour lequel il n’a pas été vacciné est très largement supérieur au risque de ressentir des effets secondaires. C’est ce qu’on appelle la balance bénéfices/risques sur laquelle s’appuient la communauté scientifique et les autorités de santé pour justifier l’intérêt de la vaccination. Certes, des rumeurs tenaces courent sur la dangerosité des vaccins: celui contre l’hépatite B a été accusé de favoriser la sclérose en plaques. Aucune étude épidémiologique n’a permis de mettre en évidence un lien entre les deux. Le lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme? La suspicion est apparue à la suite d’une étude réalisée (sur 12 sujets!) par un médecin et chercheur britannique fin des années 1990.
Or, il est prouvé que ce dernier a falsifié les résultats. L’étude a été retirée et le chercheur radié. Depuis, d’autres études n’ont pu établir de lien entre le ROR et la survenue de l’autisme.
Tous les vaccins sont-ils remboursés ?
Actuellement, tous les vaccins du calendrier général sont remboursés à 65 % par la Sécurité sociale, seul le ROR l’est à 100 % jusqu’à 17 ans inclus. Si vous avez une mutuelle, elle complète généralement le remboursement de la Sécurité sociale. Si vous n’avez pas d’assurance complémentaire, les vaccins sont administrés gratuitement dans les centres de PMI et les centres de vaccination.
Que risquent les parents qui refusent la vaccination ?
Les 11 vaccinations obligatoires seront exigibles pour tous les enfants nés après le 1er janvier 2018 à leur admission en crèche, halte-garderie et école (c’était déjà le cas pour les 3 vaccins obligatoires avant 2018). Sachez que le code de la santé publique indique que le refus (de faire vacciner ses enfants) est punissable de six mois d’emprisonnement et de 3750 € d’amende. La ministre a cependant assuré en début d’année que « son objectif n’était pas de sanctionner mais de rendre confiance ».
Pour plus de renseignements: vaccination info-service.fr