Laits infantiles. Les bons repères
Avec quelque 200 laits sur le marché en 2018 et les récents scandales sanitaires, il y a de quoi se prendre la « tète »... Pour vous y retrouver, magicmaman a fait le tri. Joyeux biberons !
Le meilleur lait pour votre bébé? C’est le vôtre, nous ne le répéterons jamais assez ! Protéines, glucides, lipides, sels minéraux, fer, vitamines… Il contient tous les nutriments indispensables à la croissance de votre enfant, ainsi que des immunoglobulines qui jouent un rôle anti-infections. Cependant, certaines mamans ne peuvent pas ou ne souhaitent pas allaiter. Inutile de les culpabiliser : les laits infantiles, de plus en plus performants, sont excellents pour la santé de l’enfant. Leur fabrication fait l’objet de contrôles très stricts qui vont encore être renforcés suite au scandale Lactalis de 2017.
La garantie sécuritaire des laits infantiles Comment sont contrôlés les laits infantiles ?
Jusqu’à présent (en attendant l’adoption des nouvelles mesures proposées par les parlementaires le 18 juillet 2018), les laits étaient contrôlés par l’usine elle-même, puis par la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations). Si une anomalie était détectée, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) intervenait.
Dans l’usine : les autocontrôles
Les entreprises du secteur alimentaire, et d’autant plus celles qui produisent des aliments pour les tout-petits, doivent observer des règles d’hygiène spécifiques à tous les stades de la chaîne alimentaire humaine*. C’est aux industriels d’identifier les points critiques pour lesquels un contrôle est indispensable afin de prévenir ou d’éliminer un danger**. Pour livrer un produit conforme, ils doivent prélever des échantillons qui sont ensuite analysés. Ils surveillent également l’environnement de l’usine et le matériel utilisé afin de détecter la présence de bactéries. On appelle ça des « autocontrôles ». Les producteurs d’aliments infantiles sont par exemple tenus d’effectuer trente échantillonnages juste pour la détection de la salmonelle sur chacun de leurs lots***, contre cinq pour les aliments destinés aux adultes. Ces prélèvements sont ensuite envoyés à un laboratoire externe indépendant accrédité, qui effectue une analyse selon une norme internationale ISO (Organisation internationale de normalisation).
Au niveau de l’Etat
La réglementation européenne stipule que l’Etat doit faire en sorte que des contrôles officiels soient effectués régulièrement, en fonction des risques et à une fréquence appropriée. Ces contrôles doivent avoir lieu à certaines étapes de la production, de la transformation et de la distribution des denrées alimentaires pour s’assurer que les règles d’hygiène sont bien respectées***.
En France, la DDCSPP a notamment pour mission de contrôler que les procédures mises en place par les usines respectent les conditions d’hygiène exigées. Elle vérifie les résultats des autocontrôles, et peut demander des actions correctives, mais fait rarement elle-même des analyses. Ainsi, si l’environnement, et non le produit, est contaminé par une bactérie, par exemple la salmonelle, la décision d’arrêter la ligne de production revient à l’usine, qui n’a pas obligation d’en informer les pouvoirs publics.
En cas de contamination
Il y a deux manières de détecter une contamination. – Lorsque les prélèvements envoyés par l’usine au laboratoire donnent des résultats d’analyse insatisfaisants, les dirigeants de l’usine doivent prendre les mesures d’urgence nécessaires, puis découvrir la cause du problème afin de pré- venir la réapparition de la contamination microbiologique. – Si des pédiatres ont relevé durant leurs consultations un nombre de cas inhabituels de salmonellose (dont les symptômes sont la fièvre, de fortes diarrhées et des douleurs au ventre), Santé publique France, agence de santé au service des populations, mène l’enquête. Elle interroge les parents afin d’identifier un aliment consommé commun. L’alerte est alors déclenchée auprès des services de l’Etat, comme cela a été fait pour Lactalis.
Dans les deux cas, le produit ou le lot de denrées alimentaires est retiré ou rappelé. Quand il y a contamination, c’est la DGCCRF qui donne l’alerte puis contrôle que les points de vente (grandes surfaces, pharmacies, crèches, hôpitaux…) ont bien respecté les retraits des produits.
Le cas Lactalis
Entre août et décembre 2017, trente-sept enfants de moins de 1 an ont été atteints de salmonellose, à cause des laits infantiles de la marque Lactalis. De quoi ébranler notre confiance de parents…
Et pourtant, Lactalis estime à 16 000 le nombre d’analyses réalisées en 2017 sur les 12 millions de boîtes produites sur cette période dans l’usine. En décembre 2017, l’origine de la contamination a été identifiée et une tour de séchage a
été fermée. L’accident sanitaire s’expliquerait par des périodes de travaux successives qui auraient libéré la Salmonella agona (la même souche qui avait déjà contaminé des laits dans l’usine en 2005). En revanche, l’entreprise n’explique pas comment les contrôles ont pu laisser passer cette contamination, puisqu’ils se sont tous révélés conformes. « Nos contrôles renforcés depuis cette date [le 1er décembre] et nos investigations pour comprendre les causes révèlent que notre plan de contrôle doit être amélioré. Conformément à nos engagements, un plan d’action sera présenté aux autorités», promet l’entreprise. Avec ses marques Milumel et Picot, l’industriel était parvenu à la place de numéro trois des laits infantiles vendus en grandes surfaces et celle de numéro deux en pharmacies. Si le groupe souhaite continuer à produire des laits et céréales infantiles, difficile de dire si les consommateurs suivront et retrouveront confiance dans la marque…
Afin de mieux contrôler les chaînes de production et de distribution et d’éviter de nouvelles contaminations alimentaires, des parlementaires en charge de l’enquête sur Lactalis ont formulé 49 propositions dans un rapport remis le 18 juillet 2018. Celui-ci pointe directement la responsabilité de l’industriel, mais aussi celle des distributeurs. Il propose entre autres de renforcer la surveillance des autocontrôles et des laboratoires, la création d’une police de la santé alimentaire et suggère de confier à la seule Direction générale de l’alimentation (DGAL), un service du ministère de l’Agriculture, la gestion des crises sanitaires.