Un chatbot détecteur de troubles autistiques

Depuis septembre , la Croix Rouge française teste dans une de ses crèches un outil d’intelligence artificielle. Objectif aider les professionnels à réagir dès les premiers signes de troubles autistiques et faciliter une prise en charge rapide.

En 2018, en France, contrairement à certains pays comme les EtatsUnis, le diagnostic des troubles autistiques et neuro-développementaux n’est encore effectué que tardivement, entre les âges de 3 et 5 ans. Quelle perte de temps lorsqu’on sait que plus on intervient tôt, plus l’enfant a des chances de se développer harmonieusement grâce à la plasticité de son cerveau ! La Croix-Rouge et ses partenaires – le centre de ressources autisme IDF, la Pr Bénédicte Rogé du Ceresa (centre régional d’éducation et de services pour l’autisme en Midi-Pyrénées) et spécialiste de l’autisme, la société Next Step et le MiPih (structure publique de coopération inter-hospitalière) – développent actuellement un projet pédagogique innovant dont l’objectif est de créer un outil facilitant le repérage de ces troubles entre 0 et 18 mois. Cet outil, c’est un chabot ou robot conversationnel en place depuis le mois de septembre dans une des crèches de la Croix-Rouge, à Paris.

Comment ça marche ?

Le chabot a recours à des grilles d’observation et d’alerte (M-CHAT) fréquemment utilisées aux USA et disponibles partout, notamment dans les salles d’attente des médecins. Les parents sont invités à répondre à une quinzaine de questions très simples et validées scientifiquement. Par exemple, votre enfant ne joue-t-il qu’avec des cubes : oui, non ? Suit-il un objet du regard: oui, non? Etc. Ils sont alors alertés sur un éventuel trouble du développement de leur enfant. La Croix-Rouge et ses partenaires ont repris ces grilles et ces mêmes questions et les ont transformées en outil numérique. L’ordinateur parle, pose des questions et guide chaque professionnel de la crèche qui s’y connecte lorsqu’il a un doute sur le développement d’un tout-petit. Des bilans sont faits régulièrement afin de constater si les signes observés n’ont été que temporaires ou à l’inverse se sont installés.

Si besoin, une intervention précoce a lieu sur place

Dès que les professionnels identifient une difficulté, ils bénéficient ainsi d’une grille de lecture et peuvent retranscrire leurs observations. Les échanges avec les parents – qui bien souvent ont identifié ces mêmes problèmes – sont facilités. Une réflexion peut être menée sur une intervention précoce (orthophonie, psychomotricité, méthodes comportementales, etc.) qui a lieu dans la crèche ellemême. L’enfant reste «dans son milieu», ce qui est rassurant pour tous. Le diagnostic éventuel de troubles neuro-développementaux ne sera posé que vers l’âge de 18 mois dans un centre de ressources autisme. Si le test du chabot démontre son utilité dans la crèche pilote, il sera étendu progressivement à toutes les crèches gérées par la Croix-Rouge.