On ose en parler
J’ai tout plaqué pour m’occuper de Bébé !
Mère au foyer, une corvée ? C’est le message souvent renvoyé à ces femmes qui ont choisi de ne pas (ou ne plus) travailler pour se consacrer à leur famille. «N’as-tu pas peur de passer à côté de ta carrière?», «Tu ne t’ennuies pas chez toi à ne rien faire?», «Cela ne te gêne pas d’être dépendante de ton mari ? » A l’heure où être une Superwoman qui mène de front vie professionnelle épanouie, famille comblée et activités débordantes est le Saint-Graal de l’accomplissement personnel, ce choix de vie est souvent mal perçu. Considérées parfois comme des femmes soumises, antiféministes, voire aliénées à leurs enfants, les mères au foyer ont parfois du mal à assumer et à revendiquer leur choix… Ces femmes, qui auraient incarné, à l’époque de nos grands-mères, la femme parfaite, sont de plus en plus soumises au jugement de la société. Pour autant, les mères au foyer d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier.
HOME SWEET MÔMES
D’après la dernière étude d’envergure sur la question réalisée par l’Insee en 2013, 2,1 millions des femmes âgées de 20 à 59 ans non-étudiantes sont des « femmes au foyer », c’est-à-dire qu’elles vivent en couple et sont inactives. En 1991, elles étaient 3,5 millions. S’il reste vrai que les
femmes au foyer sont encore moins diplômées que les femmes en couple actives, leur niveau d’étude a largement augmenté depuis vingt ans. Par ailleurs – et c’est là le grand changement – huit femmes au foyer sur dix ont déjà eu un emploi par le passé. L’image de la fille-mère qui passe de son domicile parental au domicile conjugal se fait de plus en plus rare. Parmi elles, certaines vivaient une situation professionnelle précaire, certes, cela a souvent influencé leur décision. Mais d’autres avaient tout de la working girl et pourtant, elles ont troqué tailleurs et stilettos contre des journées à la maison. Certaines le voient comme une situation sur le long terme, d’autres envisagent plutôt cette expérience comme une parenthèse leur permettant de profiter pleinement de leurs enfants avant de reprendre une activité professionnelle. Alors, toutes désespérées les mamans au foyer ? Ces témoignages nous permettent d’en douter.