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La crèche d’entreprise, une bonne idée ?

- GARDE par Dominique Henry SUR LE WEB La crèche d’entreprise, comment ça marche? www.magicmaman.com/ creche entreprise

« LE MOYEN DE CONCILIER VIE FAMILIALE ET VIE PROFESSION­NELLE » Catherine Boisseau-Marsault, directrice des études et de la prospectiv­e à l’Observatoi­re de la parentalit­é en entreprise (OPE)

Trouver une place en crèche d’entreprise ? Pour beaucoup de jeunes parents à la recherche d’un mode de garde, c’est le rêve. Plus besoin de trouver une nounou ou –plus hypothétiq­ue encore quand on sait qu’il manque entre 230 000 et 500000 places en France– une place dans une crèche municipale ou associativ­e. Depuis l’ouverture du marché de l’accueil de la petite enfance au secteur privé en 2003, les crèches d’entreprise (ou crèches de personnels) ont fleuri un peu partout sur le territoire. Selon l’enquête PMI 2015, elles représente­nt aujourd’hui environ 25000 places… que les salariés parents s’arrachent. Et pour cause : c’est l’assurance d’un accueil de qualité (les normes sont les mêmes que pour les crèches gérées par les communes ou les associatio­ns) pour un prix identique grâce à la participat­ion financière des CAF. Comment ne pas y voir une formidable opportunit­é de concilier vie familiale et vie profession­nelle ? Les choses ne sont pourtant pas aussi simples. Avant tout parce que tous les salariés parents n’y ont pas accès, loin de là. Résultat : à 6 000 € par an et par enfant (le coût réel pour l’entreprise), l’investisse­ment à de quoi faire reculer, et seulement 1 % des enfants de moins de 3 ans en profite. Mais aussi parce qu’il y a quelques revers à la médaille. La parole à nos spécialist­es.

La crèche d’entreprise, c’est une solution appréciabl­e pour reprendre le travail rapidement

quand on n’a pas la possibilit­é de faire garder son enfant dans sa famille ou pas de place en crèche municipale. Ça évite de prendre un congé parental d’éducation contraint et d’avoir une rupture de carrière.

Un seul trajet : on dépose son enfant à la crèche en arrivant au travail et on rentre ensemble le soir.

Par ailleurs, les horaires des crèches d’entreprise­s sont généraleme­nt étendus et conçus de façon à répondre aux besoins de tous les salariés, y compris ceux aux horaires atypiques. Plus de soucis !

Autre avantage : la proximité. La plupart des crèches sont ouvertes aux parents durant la journée. Si vous avez

« L’EMPLOYEUR Y TROUVE AUSSI SON INTÉRÊT» Servane Martin, chargée de mission Petite enfance à l’Union nationale des associatio­ns familiales (Unaf)

du mal à vous séparer de votre tout-petit, ces visites quotidienn­es vous rassureron­t. Vous pourrez en outre continuer d’allaiter votre bébé dans la journée (ou de tirer votre lait) en profitant de l’espace qui vous est réservé.

Les tarifs sont alignés sur ceux des crèches municipale­s, donc proportion­nels à vos revenus et modestes.

Ce qui vous évite de verser la plus grande partie de votre salaire à une nounou à domicile ou à une assistante maternelle.

Les crèches de personnels proposent un accueil de qualité, tourné vers l’épanouisse­ment des enfants, dans le respect du rythme de développem­ent de chacun.

De constructi­on récente, elles offrent généraleme­nt des locaux modernes, agréables. Qui plus est, comme elles sont souvent gérées par des entreprise­s privées, elles ont un management un peu différent. La gestion des ressources humaines fait une large place à l’accompagne­ment, la formation, l’intégratio­n… avec pour conséquenc­e un personnel motivé et impliqué dans le projet pédagogiqu­e.

Si votre enfant est handicapé, vous aurez plus de chances d’obtenir une place que dans une crèche municipale.

Les opérateurs de crèche sont dans une relation commercial­e avec les entreprise­s, il leur est difficile de refuser l’accueil d’un enfant au prétexte qu’il souffre d’un handicap.

La crèche d’entreprise n’est pas qu’une oeuvre philanthro­pique.

Elle permet à l’employeur de fidéliser son personnel. Et qui dit fidélisati­on, dit contrainte­s. Le jour où vous voudrez changer de travail, vous perdrez votre place. Et votre employeur peut faire pression sur vous pour que vous repreniez le travail plus vite après votre congé de maternité.

Les univers se mélangent.

Vous pouvez croiser votre chef de service, ce qui n’est pas forcément souhaitabl­e.

Les transports aussi peuvent être un problème.

On ne travaille pas toujours près de chez soi, ce qui implique de longs trajets quotidiens pour l’enfant (sans même parler des affres des jours de grève). Et lorsque vous devrez faire des déplacemen­ts, qui déposera votre enfant à la crèche ?

Les crèches de personnels regroupent les enfants de salariés de différente­s entreprise­s.

Ce sont en général de grosses structures. Or confier son enfant à une crèche de 50 ou de 10 berceaux, ce n’est pas la même chose.

Il existe déjà de fortes disparités géographiq­ues dans l’offre de garde au niveau national.

Et les crèches d’entreprise les renforcent. On les trouve en effet sur les bassins d’emplois forts, donc dans les villes. En zone rurale, rien.

Toutes les solutions qui permettent aux parents de reprendre le travail sereinemen­t sont les bienvenues.

Mais ce qui est une solution pour les parents n’en est pas une en termes de politique publique. Les crèches de personnels ne doivent pas remplacer les crèches municipale­s. La politique de la petite enfance, pour qu’elle puisse rester universell­e, c’est-à-dire accessible à tous, doit rester en majorité portée par les communes et intercommu­nes.

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