Santé
Comment protéger votre enfant des méningites
Comme leur nom l’indique, les méningites sont une infection des méninges, ces fines membranes entourant le cerveau et la moelle épinière. Les causes les plus courantes? Des virus et des bactéries. Les méningites d’origine virale sont généralement bénignes chez les personnes non immunodéprimées avec un rétablissement le plus souvent spontané et une absence de séquelles. Ce n’est pas le cas des méningites d’origine bactérienne qui peuvent être très dangereuses. Ces infections sont dues le plus souvent au pneumocoque, au streptocoque du groupe B, à l’Escherichia coli, au méningocoque
(Neisseria meningitidis), à l’Haemophilus influenzae de type B (HIB), etc.
LES MÉNINGITES À MÉNINGOCOQUES, RARES MAIS GRAVES
Six sérogroupes coexistent mais la majorité des méningites à méningocoques sont dues aux sérogroupes B et C. 10 à 20 % de la population – enfant et adulte – est porteuse de l’une ou l’autre de ces bactéries qui colonisent l’arrière du nez et de la gorge et qui, a priori et en temps normal, se tiennent tranquilles. Elles sont transmises par contact étroit de moins d’1 mètre, direct et prolongé (plus d’une heure) avec les sécrétions naso-pharyngées (toux, éternuement, baisers) d’une personne qui en est porteuse. Ce n’est qu’à la faveur d’une infection – rhume, grippe, rhino-pharyngite –, d’un environnement tabagique et/ou humide (donc plus souvent en hiver) que la bactérie tapie dans le pharynx submerge parfois les défenses immunitaires. L’infection se propage alors dans la circulation sanguine et atteint le cerveau, provoquant une inflammation.
LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS ET LES ADOS SONT PARMI LES PLUS À RISQUES
La plupart des méningites à méningocoques apparaissent chez des enfants ou des adolescents en bonne santé, sans risque particulier. Aucun d’entre eux n’est à l’abri. Le pic est particulièrement élevé chez les enfants de moins de 5 ans – 106 cas en 2017 – et les adolescents de 16 à 22 ans. Les nourrissons de moins de 2 ans ont 11 fois plus de risque de contracter la maladie que n’importe quelle autre personne. Pourquoi? «Durant leurs premiers mois, leur système immunitaire est immature et en construction, explique le professeur Hervé Haas, chef du service urgences pédiatriques et infectiologie du CHU-Lenval de Nice. Or à cet âge, les petites infections sont multiples et fréquentes, elles fragilisent leurs voies respiratoires, facilitant l’entrée de la bactérie dans le cerveau ou l’apparition d’un choc septique, le Purpura fulminans. Les deux sont susceptibles d’être associés ». La gravité et le risque d’évolution rapide de la maladie imposent un traitement antibiotique par intraveineuse pendant quatre à sept jours, le plus rapidement possible. Beaucoup d’enfants touchés sont sauvés, malheureusement pas tous. Les méningites à méningocoques peuvent être fatales dans 5 à 10 % des cas, elles laissent aussi parfois des séquelles (handicap physique ou neurologique, perte d’audition, etc.). Certaines n’apparaissent qu’après la maladie, comme des difficultés d’apprentissage.
3 VACCINS AU CALENDRIER CONTRE LES MÉNINGITES
La vaccination est le seul moyen efficace de prévention des méningites bactériennes. Actuellement, parmi les 11 vaccins obligatoires chez les enfants nés après le 1er janvier 2018, trois couvrent les plus fréquentes : la vaccination contre l’Haemophilus influenzae de type B à 2 et 4 mois ; la vaccination
contre le pneumocoque à 2 et 4 mois ; la vaccination contre le méningocoque de type C à 5 et 12 mois. La couverture de ce dernier vaccin est à l’heure actuelle faible (moins de 40 % des enfants) et place la France en mauvaise posture en termes de décès en Europe. Au Royaume-Uni, une campagne de vaccination à grande échelle a permis de réduire drastiquement le nombre de cas de méningites à méningocoques. Sachez que le vaccin contre le méningocoque de type B existe mais n’est pas obligatoire. Il est cependant recommandé aux enfants immunodéprimés – lorsque leur système immunitaire n’est plus capable de faire face correctement aux microbes. Au RoyaumeUni, tous les enfants de moins de 2 ans sont maintenant vaccinés sous la pression des associations de parents. Résultat, il y a eu une réduction de 50 % du nombre de cas.
DES PREMIERS SYMPTÔMES NON SPÉCIFIQUES
Le diagnostic de la méningite à méningocoque n’est pas facile à établir car les premiers symptômes ne sont pas spécifiques, ils ressemblent à ceux d’une grippe ou d’une gastro-entérite, voire d’une appendicite. Le professeur Hervé Haas insiste: «Il est très important que la maman se fie à son instinct. Elle connaît parfaitement son enfant et sait lorsqu’il n’est pas “comme d’habitude”. Il faut être particulièrement vigilante quand l’enfant se replie sur lui, n’accroche pas son regard, est tout mou, etc. » Alors, si vous trouvez votre enfant «anormalement » différent, prenez un avis médical rapidement.
Tous les symptômes décrits ci-dessous ne sont pas forcément présents :
la fièvre. Elle est élevée (plus de 39 °C). L’enfant a mal à la gorge, a un « petit » rhume ;
les nausées. Il n’a pas faim, repousse son assiette ou son biberon ;
l’irritabilité. Ce peut être la conséquence de maux de tête intenses dus à la pression accrue dans la tête. Un jeune enfant n’est pas toujours capable de se plaindre de maux de tête ;
une difficulté à s’éveiller, des cris et
des gémissements sur un ton aigu, une agitation, un teint pâle, un regard vide chez les moins de 2 ans. Lorsque l’infection progresse, très vite, à partir de la neuvième heure après les premiers symptômes mais généralement en douze à quinze heures, l’enfant montre rapidement des troubles de la conscience. D’autres symptômes peuvent alors apparaître : une froideur des extrémités. Ses mains, ses pieds, son nez ; une raideur de la nuque. Associée habituellement à un symptôme méningé,
elle n’est pas fréquente chez les moins de 2 ans, et particulièrement chez les moins de 6 mois ; une photophobie (gêne à regarder la lumière), tout comme un Purpura fulminans. Cette éruption cutanée se manifeste sous la forme de petits points pourpres ou mauves (s’étalant rapidement et pouvant atteindre plusieurs centimètres de diamètre) ressemblant à des piqûres d’insecte. Lorsqu’on appuie sur ces taches, elles ne blanchissent pas comme la peau devrait normalement le faire. Le Purpura
fulminans est une urgence absolue.
Les moins de 2 ans ont onze fois plus de risque de contracter une mŽningite à mŽningocoques que la population gŽnŽrale.