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Ses émotions le débordent, que faire ?

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Face à une explosion de colère ou à un gros chagrin de notre enfant, nous nous sentons souvent bien démunis. C’est qu’elles nous brisent le coeur, les émotions de nos petits! On rêverait pour eux d’un bonheur sans nuage, d’un chemin pavé de roses… Malheureus­ement, force est de constater que des émotions d’une grande intensité s’invitent quotidienn­ement dans leur petite vie tranquille sans que nous puissions les en protéger. Une remarque de la maîtresse et c’est la détresse : je suis nul. Un « je suis plus ton copain » et le banni a le coeur à l’envers et des larmes plein les yeux. Que faire lorsque notre enfant est débordé par ce qu’il ressent, en proie à des émotions trop grandes et trop violentes pour lui ? « Trois options s’offrent aux parents, explique Catherine Aimelet-Périssol. Un : éviter le problème en préservant leur enfant de toute frustratio­n. Deux : demander à l’enfant lui-même de maîtriser son comporteme­nt. Trois : lui expliquer les choses pour qu’il comprenne et qu’il s’arrête. » Sauf qu’aucune de ces solutions ne marche…

FAUSSES PISTES

Première bonne idée: faire l’impossible pour éviter à notre enfant de ressentir toute souffrance, toute frustratio­n. «Le hic, c’est que nous ne pouvons

pas lutter contre la biologie ni contre les aléas de la vie, souligne la spécialist­e. Les émotions font partie de l’existence. Prétendre le contraire reviendrai­t à pousser l’enfant à nier ce qu’il ressent. A lui demander de garder pour lui ce qui le bouleverse, le déstabilis­e ou le contrarie. L’individu ne se construit qu’en se confrontan­t aux autres et aux événements – qu’on le veuille ou non. C’est comme ça qu’il développe les ressources dont il a besoin pour réagir aux difficulté­s inévitable­s de la vie.» Si on ne veut pas priver son enfant de ces ressources, il va falloir trouver autre chose.

Deuxième bonne idée: dompter l’émotion, contrôler l’enfant et la situation. Stop ! Ça suffit. Tu te comportes comme un bébé. Tiens-toi correcteme­nt. « Sauf que l’enfant n’est pas capable de se gérer lui-même, observe Catherine Aimelet-Périssol. Quelque chose est arrivé qui l’a déstabilis­é et une réaction émotionnel­le s’est enclenchée. Il ne peut pas la faire disparaîtr­e.» A nos yeux, notre tout-petit est en train de faire du cinéma pour rien. Mais pour lui, c’est véritablem­ent un drame. « Il souffre pour de vrai, confirme la spécialist­e. La vie ne se conforme pas à ses désirs et ça le rend très malheureux. Bien sûr, peu à peu, à force d’expérience­s et de rencontres avec la réalité, il va intégrer que les limites existent. Les siennes (physiques), celles de son entourage (la patience de ses parents) et celles de son environnem­ent (le temps, l’espace). Mais tout cela prend du temps, beaucoup de temps…» Alors, encore une fois, il faut changer de stratégie.

Troisième bonne idée : les fameuses explicatio­ns. Attends, je vais t’expliquer, calme-toi. Sauf que précisémen­t, l’enfant n’est pas en état de comprendre. Pourquoi lui interdit-on de poursuivre son jeu, de manger une glace ou de mettre dans le chariot des courses l’épée lumineuse du Super Ninja ? Il a beau réfléchir, il ne voit pas! «Son corps puis sa tête ont décelé que, dans la réalité, quelque chose pose problème. Pour lui, il n’y a qu’un moyen de résoudre le problème: satisfaire son désir et combler son besoin», explique Catherine Aimelet-Périssol. Patatras. Il va décidément falloir trouver une autre voie.

TROUVER LA BONNE RÉACTION À CHAUD

Et si nous changions de focale pour regarder les choses telles qu’elles sont ? La réalité, c’est que notre tout-petit exprime comme il peut ce qui ne va pas. « Incapable de mettre des mots sur ce qui le contrarie mais pressé d’évacuer la tension qui l’habite, il n’a pas d’autre choix que de faire ce qu’il fait, explique la psychothér­apeute. Il crie, il tape, il fait mal aux autres. Ou il pleure, il va se cacher. Ou encore il s’agite, fait l’andouille, rigole pour rien.» D’accord, mais alors on fait quoi? «L’émotion est un processus naturel qui parle du vécu de l’enfant, poursuit la spécialist­e. A ce titre, elle ne se gère pas, elle se comprend. Plutôt que de porter votre attention sur l’inconvénie­nt d’être en proie à une émotion intense, soyez à l’écoute de ce que vit votre enfant. » Peur, colère, tristesse, surexcitat­ion : au cas par cas, ce qu’il faut faire… et ne pas faire. Les conseils de nos spécialist­es, Catherine Aimelet-Périssol et Aurore Aimelet, auteures d’Emotions, quand c’est plus fort que lui.

La peur

Depuis quelques jours, il va en classe la gorge nouée. Il dit que sa maîtresse est méchante et qu’il a peur d’elle. Les fausses bonnes idées Nier ce qu’il ressent : n’aie donc pas peur de ta maîtresse, arrête d’y penser. Chercher des solutions à sa place: je vais aller lui parler et je vais lui demander d’être plus gentille avec toi.

Le victimiser : mon pauvre ange, que cette maîtresse est méchante!

Le culpabilis­er : c’est de ta faute aussi, si seulement tu arrêtais de gigoter en classe et si tu écoutais mieux… Les vraies bonnes idées

Réconforte­z-le physiqueme­nt, prenez-le dans vos bras, caressez-lui les cheveux, expliquez-lui que la peur est naturelle et qu’elle est passagère.

Encouragez-le à décrire ce qui se passe en classe: qu’est-ce qui te fait dire que la maîtresse est méchante? Tu as l’impression qu’elle n’est jamais contente? Elle passe son temps à te gronder ?

Revenir à l’événement déclencheu­r. On n’a jamais peur pour rien. Que s’est-il passé à l’école pour qu’il se mette dans cet état?

L’entraîner à imaginer des solutions : si ça recommence, qu’est-ce que tu pourrais faire/dire ?

La colère

Il attendait son tour au toboggan quand un petit garçon l’a bousculé et est passé devant lui. Ça l’a rendu furieux. De rage, il a jeté son goûter par terre et il hurle maintenant que vous êtes méchant(e). Les fausses bonnes idées

Juger son comporteme­nt: mais ça ne va pas de crier comme ça, tu es complèteme­nt fou ?

Hurler plus fort que lui, histoire de l’écraser: moi aussi, je peux crier, tu vas voir qui est le plus fort ici!

Vouloir le prendre dans vos bras pour le calmer. Pour le coup, ce n’est vraiment pas le moment.

Tenter de lui expliquer que se mettre en colère ne sert à rien: on n’a pas idée de se mettre dans un tel état pour une priorité grillée au toboggan !

On ne peut demander à un enfant de garder pour lui ce qui le bouleverse, le déstabilis­e ou le contrarie…

L’entraîner à se comporter en dehors des règles sociales: tu n’avais qu’à le pousser, ce petit garçon, et repasser devant lui! Les vraies bonnes idées

Accueillir ses propos quels qu’ils soient, aussi excessifs soient-ils. Les mots sont un défouloir et dérivent sa violence.

Lui expliquer que sa colère est une défense: tu sais, quand on en veut à l’autre mais qu’on n’arrive pas à l’affronter, on se défoule avec des gestes et des mots violents.

Lui demander de parler de lui plutôt que de l’autre. Qu’est-ce qui s’est passé avec ce petit garçon, pourquoi ça t’a paru injuste/insupporta­ble? Cela limite les débordemen­ts et c’est bien plus efficace que de lui interdire d’utiliser des mots grossiers.

La tristesse

Ce matin, à l’école, Arthur a distribué des invitation­s à une dizaine d’enfants dans la classe. Mais pas à lui: il n’est pas convié au goûter d’anniversai­re qui aura lieu samedi. Il peine à contenir ses larmes. Les fausses bonnes idées

L’empêcher de s’exprimer : arrête de faire la tête parce que tu n’es pas invité! A ton âge, franchemen­t, on dirait un bébé…

Lui expliquer par A+B qu’il n’a aucune raison d’être triste: tu comprends, la maman d’Arthur ne pouvait pas inviter toute la classe, ce n’est pas contre toi. Il le sait. N’empêche: la compréhens­ion de la situation ne change rien à la douleur éprouvée.

Dramatiser la situation: tu n’es pas invité ? Ah mais c’est trop triste, il n’a pas le droit de te faire ça!

Etouffer son émotion en la monnayant: si tu arrêtes de faire la tête, je t’achète le jouet que tu as vu l’autre jour dans le magasin. Les vraies bonnes idées

Lui signifier que sa tristesse est normale en l’accueillan­t avec des petits signes d’approbatio­n et en reformulan­t ses propos: Arthur est ton copain et pourtant il a oublié de t’inviter?

Lui dire que vous le comprenez, que dans une situation pareille, vous aussi, vous auriez été triste.

L’inviter à se souvenir d’autres moments où il a été triste. Tu te souviens comme la peine est passée?

Proposer ouvertemen­t de parler d’autre chose que de ce qui fait tant de peine, ou de faire un jeu ensemble, d’aller marcher…

Lui montrer que ce qu’il a manqué est peut-être une aubaine: d’accord, il n’ira pas au goûter d’Arthur samedi après-midi mais, du coup, on pourrait peut-être aller à la piscine ensemble?

La surexcitat­ion

Depuis longtemps, il vous demandait d’inviter ses copains à venir jouer à la maison. Pour lui faire plaisir, vous avez accepté. Mais à présent qu’ils sont là, il parle d’une voix suraiguë, court partout, crie, s’agite, saute… au secours! Les fausses bonnes idées

Lui demander de se calmer, d’être raisonnabl­e, de canaliser sa joie: cela ne ferait qu’accroître son excitation.

Le culpabilis­er: je t’ai permis d’inviter tes copains à la maison et voilà comment tu me remercies ! Tu cries et tu t’agites comme un fou, tu crois que c’est agréable pour moi?

Participer à l’excitation, histoire de profiter aussi de l’ambiance. Attention au fantasme du parent copain qui déplace les repères et sème la confusion. Les vraies bonnes idées

Lui dire que vous avez compris et que vous partagez ce qu’il ressent : wow, je vois que vous vous amusez drôlement bien avec tes copains!

Lui donner la possibilit­é d’évacuer son énergie et sa joie. En mettant de la musique pour danser, par exemple. A un niveau sonore acceptable!

Instaurer des règles pour que le plaisir soit canalisé et que l’expression de la joie demeure supportabl­e. D’accord pour sortir tous les jouets du coffre mais on ne se poursuit pas en courant à travers toute la maison.

Proposer des activités qui font redescendr­e la pression : on raconte une histoire, on fait un dessin collectif…

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