Siège auto : « On évite toute approximation »
Prende la route avec un enfant ne s’improvise pas au dernier moment. Sécurange, l’association pour la sécurité des enfants en voiture, ne dira pas le contraire ! Nous avons interviewé Marilyne Kairo, sa présidente. Le point sécurité pour voyager avec des
Sur votre site, securange-leblog. fr, vous donnez moult infos pour sécuriser les petits en voiture. Est-ce que vous constatez encore beaucoup de pratiques dangereuses ? Lesquelles ?
Oui, on en voit : des enfants de 6-7 ans assis sur le siège avant, des petits mal attachés, des harnais pas assez serrés, des têtières pas ajustées,
des sièges mal installés… Beaucoup de parents ne savent pas encore qu’un siège doit se régler. Mais on constate aussi que tous les parents ont une réelle volonté, une vraie envie de bien faire même si l’erreur existe.
A partir de quel moment un siège-auto est obligatoire ? Un siège-auto est nécessaire dès
la naissance et jusqu’à 10 ans (minimum 1,35 m). Pour commencer, la coque que de nombreux parents utilisent avec leur poussette est avant tout un siège-auto.
Pour qu’un siège-auto soit sûr, il faut qu’il réponde aux normes de sécurité en vigueur : R4404 ou R129/i-Size, la norme la
plus récente. Pouvez-vous nous expliquer la différence ? Est-ce qu’une des normes est mieux que l’autre ?
L’intérêt de la nouvelle norme R129 (i-Size) est de réduire avant tout les risques d’erreur d’installation du siège mais aussi de l’enfant. Elle propose de systématiser l’Isofix sur tous les sièges (le système qui permet de fixer le siège dans le véhicule grâce à des crochets, un top tether et/ou une jambe de force, ndlr). D’ailleurs, aujourd’hui tous les nouveaux sièges en Isofix sont systématiquement des sièges i-Size. Il y aura toujours des sièges ceinturés et certains changements sont prévus pour optimiser et faciliter, entre autres, leur installation. La norme R129 a été créée afin d’offrir des perspectives d’amélioration et de simplification. Plusieurs phases sont prévues quant à son déploiement sur toutes les catégories de sièges autos. Si ses critères d’homologation sont plus sévères, cela ne fait pas pour autant des sièges-autos aux normes R44-04 de mauvais sièges, cette norme est d’abord une évolution.
Les sièges-autos se fixent sur la banquette, dans le véhicule, soit avec la ceinture auto soit avec le système Isofix. Est-ce que l’un est mieux que l’autre ?
La ceinture auto peut être mal manipulée, sa tension mal réglée… Si elle est correctement installée, elle est tout aussi fiable que le système Isofix. Bébé est en parfaite sécurité dans un siège auto ceinturé à condition de rester vigilant.
Pour maintenir bébé en sécurité dans son siège, il existe deux systèmes de rétention : le harnais ou le bouclier. Y a-t-il une différence entre les deux ? Est-ce qu’un système est mieux que l’autre ? Il n’y a pas un système mieux que l’autre. Homologué de 9 à 18 kg, en cas de choc, la tête n’est pas projetée en avant, l’enfant vient s’enrouler sur le bouclier d’impact. De plus, il est vraiment facile à mettre en place. S’il est réglable en profondeur, il ne l’est pas en hauteur et ne s’adapte pas forcément à la taille de l’enfant. Ce critère pourrait bien changer quand les sièges-autos avec bouclier passeront à la norme i-Size (la norme R44-04 répartit les sièges en 5 groupes en fonction du poids tandis que la norme R129 – i-Size – les classe en fonction de la taille des enfants, ndlr) ; le harnais est un dispositif ancestral efficace. Cependant, il est essentiel de bien l’utiliser : il faut effectuer les réglages en hauteur, au fur et à mesure que l’enfant grandit, l’ajuster au plus près sur l’enfant en retirant toute forme d’épaisseur (comme un manteau, un gros pull) et le verrouiller.
Depuis quelques années, on parle de faire voyager les enfants, comme les bébés, le plus longtemps possible dos à la route, dans leur siège. Pourquoi ? Est-ce que c’est indiqué pour tous les enfants ? Voyager dos à la route réduit par
5 le risque de blessures graves à 50 km, selon les études. En cas de choc, un enfant projeté placé face à la route, supporte une pression jusqu’à 300 kg sur ses cervicales (appelée plus communément « le coup du lapin »). Dos à la route, l’enfant est plaqué au fond de son siège, la colonne vertébrale n’est pas étirée et l’alignement dos-tête est mieux préservé. De plus, l’impact sur la nuque passe de 300 kg à 50 kg.
La position dos à la route est donc recommandée pour tous les enfants et jusqu’à 4 ans (18 kg), à condition que le siège-auto soit adapté.
Quand les enfants sont grands, on utilise un rehausseur (à partir de 15 kg, jusqu’à 36 kg). Il existe plusieurs modèles dont certains n’ont pas de dossier. Sont-ils fiables ?
Déjà, mieux vaut utiliser son siège-auto au maximum (soit jusqu’à 18 kg) avant de passer au rehausseur. En effet, outre la taille et le poids, l’enfant doit être assez mature pour comprendre que dans le rehausseur il sera maintenu par la ceinture passager. De ce fait, il devra rester assis correctement afin qu’elle reste un dispositif fiable. Un rehausseur sans dossier n’offre pas un niveau de protection et de confort optimums.
On entend beaucoup parler des notes ADAC. Qu’est-ce que c’est au juste ?
L’Adac, au même titre que Stiftung Warren test, Tcs…, est un organisme indépendant européen. Il effectue chaque année des séries de crash tests sur des nouveaux sièges, de marques différentes, qu’il sélectionne au hasard. Les résultats sont divulgués ensuite aux consommateurs qui ne manquent pas de les décortiquer avant de passer à l’achat. Le système de notation avec des étoiles est un indicateur mais mieux vaut se fier aux résultats critère par critère pour se faire une idée plus juste.
Quels sont vos conseils à tous les parents pour choisir leurs sièges-autos ?
Un siège est recommandé pour une catégorie d’âge, poids, taille. On respecte ces critères et on évite toute approximation. On vérifie la compatibilité avec son véhicule et on ne change pas le siège de son enfant précocement. Les vidéos réalisées par les marques sont de bons supports à consulter tout comme les notices. On préfère ne pas acheter un siège auto d’occasion pour la bonne raison qu’on ne connaît ni son historique, ni son vécu. Mal stocké, au chaud ou au froid, ses protections peuvent être endommagées. De plus, un siège qui a subi un choc à plus de 10 km doit être changé même si l’impact n’est pas visible.