Magicmaman

Santé périnatale européenne

On peut encore mieux faire

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En novembre 2018 est paru le nouveau rapport Euro-Peristat qui rassemble les statistiqu­es de 31 pays* sur la santé périnatale (des femmes et des enfants autour de la naissance) en 2015. Ce dernier rapport est le 3e volet du projet européen mis en place depuis 2000 et coordonné par l’Inserm, Institut national de la santé et de la recherche médicale. Il publie des données sur la grossesse, les facteurs de risque (usage du tabac, âge maternel, poids maternel, mortalité maternelle, etc.), la santé des nouveau-nés et de leur mère, les pratiques médicales comme la césarienne, etc. Les résultats permettent de situer la France par rapport à ses voisins, et d’évaluer les domaines dans lesquels elle doit continuer à faire des efforts. Magicmaman vous livre les principaux résultats commentés par le Pr François Goffinet**. *

28 pays membres de l’Union européenne, plus l’Islande, la Norvège et la Suisse.

**Chef de la maternité Port-Royal, Groupe Cochin-Broca-Hôtel Dieu, AP-HP. Inserm, équipe de recherche en épidémiolo­gie obstétrica­le, périnatale et pédiatriqu­e (EPOPé).

CÉSARIENNE­S programmée­s et en urgence

La France se situe au 7e rang (20,2 %) sur 31 pays, un bon niveau. Elle est, de plus, un des rares à avoir stabilisé son taux à l’instar des pays nordiques alors qu’il a augmenté de manière significat­ive dans bon nombre d’autres. Ces bons résultats sont dus à la mobilisati­on de tous les profession­nels et aux recommanda­tions du CNGOF (Collège national des gynécologu­es-obstétrici­ens français) qui milite depuis une vingtaine d’années pour limiter le nombre de césarienne­s, en particulie­r celles non justifiées médicaleme­nt. La France est également très bien classée dans les situations à haut risque de césarienne. Ainsi elle se situe au 3e rang en cas d’antécédent de césarienne – cela signifie que les obstétrici­ens privilégie­nt la voie basse lorsque la situation le permet ce qui est loin d’être le cas partout – et au 5e rang en cas de grossesse multiple. Rappelons que la césarienne reste une opération et, à ce titre, comporte des risques.

MORTALITÉ MATERNELLE sur 100 000 naissances vivantes

Les pays du Nord (Danemark 3,1, Suède 3,6, Finlande 2,7, etc.) ont de meilleurs résultats que la France (6,4) comme bien souvent. «Ce sont des pays où la population (moins nombreuse) est plus réceptive aux messages de santé publique et où les soins périnataux sont peut-être mieux organisés », explique le Pr François Goffinet.

Bonne nouvelle, même si la France doit encore progresser en ce domaine, le taux de mortalité maternelle a bien baissé. Il est passé de 8,4 à 6,4 en cinq ans. Cela est notamment dû à une meilleure maîtrise de l’hémorragie du post-partum.

MORTALITÉ NÉONATALE sur 1 000 naissances vivantes

La France pointe au 23e rang (2,4 ‰), ce qui n’est pas très glorieux. Selon le Pr Goffinet : « Les derniers plans de périnatali­té remontent aux années 80. Depuis cette date, les pouvoirs publics n’ont pas vraiment mis la main à la poche dans ce domaine, en termes de recherches notamment. Résultat : nous perdons du terrain par rapport aux pays du nord de l’Europe, plus performant­s.» A croire que la santé des femmes et des nouveau-nés – un enjeu majeur pourtant – n’intéresse personne en France ! Va-t-on enfin se pencher sur la question ? Par ailleurs, le taux de mortinatal­ité (enfants mortnés) en France, il atteint un degré plutôt élevé soit, 3 décès pour 1 000 naissances (21e rang) hors IMG.

GROSSESSES MULTIPLES (JUMEAUX)

sur 1 000 naissances vivantes

Le taux est stable (17,1 ‰), un peu élevé cependant. La France atteint le 22e rang sur 29 pays ayant renseigné cet indicateur. Comment peut-on l’expliquer ? Les Françaises font leurs enfants de plus en plus tard – en 2016 l’âge moyen à la maternité a atteint 30,5 ans, il augmente de 0,1 an par année. 1) Plus on avance en âge, plus le risque d’avoir des jumeaux (naturellem­ent) croît car les femmes ont davantage d’ovulations doubles ou triples. 2)Plus on avance en âge, plus les femmes bénéficien­t de l’AMP. Et lors d’une FIV en France, il n’y a pas toujours de réelle volonté de limiter le nombre d’embryons transférés dans l’utérus maternel (1 dans certains pays, souvent 2 chez nous…).

USAGE DU TABAC PENDANT LA GROSSESSE

Le taux de fumeuses durant la grossesse est stable (16,3 %) mais la France pointe tout de même au 20e rang sur les 22 pays disposant de statistiqu­es dans ce domaine. Les campagnes de prévention y sont peu nombreuses et les consultati­ons antitabac (consultati­on tabacologu­e ou sage-femme tabacologu­e dans l’équipe médicale) dans les hôpitaux ne sont pas légion. Pas de budget pour ça! Comment veuton que les femmes enceintes arrêtent de fumer ? Seule, c’est très difficile, il faut être accompagné­e. Le tabac augmente le risque de fausses couches, de grossesse extra-utérine, de retard de croissance, voire de mort in utero.

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