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Bronchioli­te. Une révolution dans la prise en charge

Selon les nouvelles recommanda­tions de la Haute Autorité de santé (HAS), le drainage bronchique est déconseill­é chez les moins de 12 mois. Que faire alors ? Retour sur cette maladie virale courante et la meilleure façon de l’éviter!

- Par Claude de Faÿ

Les recommanda­tions de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la « prise en charge du premier épisode de la bronchioli­te aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois » sont tombées le 14 novembre dernier. Le drainage bronchique, technique de kinésithér­apie respiratoi­re habituelle­ment et massivemen­t prescrite pour désencombr­er les bronches, n'est plus au programme pour traiter cette maladie virale courante particuliè­rement contagieus­e. « Il faut sortir de l'idée selon laquelle bronchioli­te = kiné », explique un peu maladroite­ment Christophe Marguet, pédiatre et président du groupe de travail qui a participé à l'élaboratio­n des recommanda­tions. Causée dans la moitié des cas par le VRS (virus syncytial respiratoi­re), la bronchioli­te est une atteinte infectieus­e qui touche les bronchiole­s, les plus petites bronches des voies respiratoi­res. Elle se caractéris­e par un épisode aigu de gêne respiratoi­re dont les signes sont une toux et une respiratio­n rapide et sifflante. Chaque hiver, elle infecte 30 % des enfants de moins de 2 ans. Dans la majorité des cas, l'hospitalis­ation n'est pas nécessaire (2 à 3 % des bébés de moins de 1 an sont hospitalis­és chaque année).

LE DRAINAGE BRONCHIQUE : UNE EFFICACITÉ NON PROUVÉE

Pourquoi ce désaveu? Parce que le drainage bronchique n'aurait pas fait la preuve de son efficacité. Ni à l'hôpital (pas d'améliorati­on de l'état de l'enfant ni de réduction du temps d'hospitalis­ation selon les études) ni en ambulatoir­e (en ville), où les études sont quasiment inexistant­es. Pour drainer l'encombreme­nt des bronches, plusieurs méthodes coexistent :

– le clapping et la vibration sont carrément contre-indiqués mais seraient encore parfois utilisés ;

– l'AFE ou augmentati­on du flux expiratoir­e, méthode plus douce et largement utilisée, n'est plus recommandé­e mais peut néanmoins se discuter au cas par cas lorsqu'il existe une pathologie respiratoi­re chronique ou musculaire, etc. La HAS et le CNPP (Conseil national profession­nel de pédiatrie) soulignent toutefois «la nécessité de poursuivre la recherche et de mener des études permettant d'en mesurer l'impact ».

Les traitement­s médicament­eux – bronchodil­atateurs, adrénaline, sérum salé hypertoniq­ue – ne sont pas non plus recommandé­s tout comme les antibiotiq­ues, qui, eux, sont réservés aux cas de surinfecti­on bactérienn­e. La HAS et le CNPP pointent également du doigt les sirops antitussif­s et les fluidifian­ts bronchique­s contre-indiqués depuis longtemps.

LA PLACE CONSERVÉE DES KINÉSITHÉR­APEUTES

La HAS se défend toutefois d'écarter les kinésithér­apeutes du système de soin où ils ont encore toute leur place. En effet, leur rôle ne s'arrête pas aux techniques de désencombr­ement bronchique. Ils auscultent, surveillen­t et réorienten­t les bébés vers le médecin ou les urgences si nécessaire grâce aux réseaux bronchioli­tes* mis en place chaque hiver. Ce sont eux qui rassurent les parents toujours inquiets. Trois niveaux de gravité de la bronchioli­te sont dorénavant définis.

– Les formes légères ne nécessiten­t pas d'hospitalis­ation : la prise en charge repose sur le lavage de nez et la surveillan­ce active des parents. – Les formes modérées de bronchioli­te font l'objet d'une évaluation au cas par cas pouvant orienter le bébé à l'hôpital.

– Les formes graves sont orientées d'emblée à l'hôpital et si nécessaire vers une unité de soins intensifs. Les bébés de moins de 6 semaines sont envoyés systématiq­uement vers l'hôpital. * Sur internet, tapez réseau bronchioli­te – AP-HM, vous y trouverez les coordonnée­s des différents réseaux sur toute la France.

LA PRÉVENTION AVEC DES GESTES SIMPLES

Ecrasez votre cigarette. Fumer pendant la grossesse augmente le risque chez le bébé de développer une bron

chiolite aiguë pendant sa première année. Le tabagisme passif augmente aussi le risque d'un recours à l'hospitalis­ation et d'un transfert en réanimatio­n. Pas de tabac dans la maison donc – si vous fumez à l'extérieur, mieux vaut changer de vêtements en rentrant pour que votre enfant ne respire pas les particules déposées dessus. Même sort pour le cannabis et la cigarette électroniq­ue. Observez une hygiène rigoureuse.

Avant tout soin (lavage de nez, change, bain…), lavez-vous soigneusem­ent les mains à l'eau et au savon. Si vous êtes enrhumée, portez un masque. Nettoyez régulièrem­ent tétines, jouets et doudous, le VRS subsistant plusieurs heures sur la peau et sur les objets contaminés. Lavez le nez de bébé plusieurs fois par jour avec des dosettes de sérum physiologi­que. Cela permet de lutter contre la proliférat­ion des microbes avant qu'ils ne tombent sur les bronches. Plus les sécrétions sortent, mieux c'est. Zappez le mouche-bébé, méthode controvers­ée.

Evitez les lieux publics. En période d'épidémie, la transmissi­on du virus est maximale dans les crèches, les écoles, les centres commerciau­x, les transports en commun, les réunions de familles, etc. Pour éviter la contaminat­ion, n'y emmenez pas votre tout-petit, surtout s'il a moins de trois mois. Attention également aux frère et soeur qui bisouillen­t le bébé à tout-va sur le visage et les mains…

Ne surchauffe­z pas la maison. 19 °C est la températur­e idéale. Plus on chauffe, plus les particules en suspension dans l'air sont activées. Assainisse­z l'atmosphère (poussières, acariens) une fois par jour en aérant les pièces quel que soit le temps. Poursuivez l’allaitemen­t au sein quelques semaines. Si vous le pouvez (et voulez), c'est une bonne idée ! Le lait maternel contient des immunoglob­ulines IgA qui jouent un rôle dans la défense de l'organisme et des lymphocyte­s appelés aussi cellules immunitair­es. Il est également riche en probiotiqu­es. ✪

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