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Pédiatre ou généralist­e, lequel choisir ?

Qui va soigner votre tout-petit à la naissance et pendant les années qui suivront ? Vous tournerez-vous vers le spécialist­e de l’enfant ou préférerez-vous le généralist­e à qui vous faites confiance depuis longtemps ? Suivez le guide !

- Par Claude de Faÿ

Aqui s’adresser ? A un pédiatre ou à un/son généralist­e ? C’est la question que tout parent se pose et ce, avant même la naissance de son enfant. Chacun a sa petite idée, c’est en effet une décision personnell­e… mais on n’a pas toujours le choix. En effet, en France, le nombre de pédiatres – spécialist­es de l’enfant de 0 à 18 ans – est de 8200*, dont 2400 libéraux (pédiatres de « ville »), pour quelque 758 000 naissances par an. La profession s’est par ailleurs beaucoup féminisée, 70 % des pédiatres sont des femmes. Dans le même temps, la France compte environ 102000 généralist­es*, qui, eux, soignent des patients de tout âge, et dont la profession s’est également beaucoup féminisée. Pédiatres ou généralist­es, celles qui ont de jeunes enfants travaillen­t souvent à temps partiel. Ce qui diminue d’autant l’offre de soins disponible. Dans certaines régions, trouver un pédiatre de ville relève de la gageure. Il y en a peu, voire pas, ou bien il faut effectuer un nombre conséquent de kilomètres pour en consulter un. Les mamans s’orientent donc naturellem­ent vers un généralist­e, parfois même vers leur généralist­e, voire celui qui les soignait déjà dans leur enfance. D’autres encore font suivre leur bébé pendant quelques mois par le pédiatre de la maternité où elles ont accouché ou consultent un pédiatre de ville jusqu’aux 2 ans de leur tout-petit avant de « passer » au généralist­e lorsque les consultati­ons obligatoir­es se font moins nombreuses. Il n’est pas rare que des parents consultent pédiatre ET généralist­e en fonction de leur disponibil­ité du jour, de leurs possibilit­és de déplacemen­t à domicile (de plus en plus rare) ou de la «gravité» de ce qui les y amène. Ils s’adaptent! Alors de quels arguments, de Fabienne Kochert, pédiatre, présidente de l’Afpa (Associatio­n française de pédiatrie ambulatoir­e), ou de Charlotte Massardier, médecin généralist­e, vous sentez-vous les plus proches ?

* Source : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiqu­es (DREES), 2018.

« UN TOUT-PETIT N’EST PAS UN ADULTE EN MINIATURE » Dre Fabienne Kochert, pédiatre

Les pédiatres suivent un cursus universita­ire qui comporte cinq années de spécialisa­tion et des formations continues vouées uniquement à la pédiatrie. Leurs connaissan­ces en pédiatrie sont évidemment très pointues. Sans compter qu’ils ne soignent que les bébés et les enfants (de

0 à 18 ans) et ont donc plus d’expérience en la matière. J’ai dans ma clientèle des parents dont l’un est médecin généralist­e et qui m’amènent leur enfant en consultati­on.

Un tout-petit n’est pas un adulte en miniature, c’est un être en devenir. Les deux premières années sont particuliè­rement cruciales dans sa vie car ce sont des périodes de développem­ent et d’acquisitio­n intenses: croissance, développem­ent psychomote­ur et sensoriel, langage, socialisat­ion, scolarisat­ion et apprentiss­ages, puis puberté, etc. Il me semble que les pédiatres, de par leur formation, sont les plus aptes à prendre en charge les enfants. Ils sont de plus connus pour avoir moins recours aux médicament­s.

L’ADN du pédiatre, c’est la santé globale de son petit patient, ce pourquoi les parents viennent le consulter. A toute consultati­on – à moins qu’il n’ait déjà été vu quelques jours auparavant –, l’enfant est examiné dans sa globalité. Il est déshabillé, pesé, ausculté, etc., avant que le pédiatre n’en vienne aux raisons de sa venue. Et ce, même s’il s’agit d’une «simple» angine. Bien sûr, les généralist­es sont à même de soigner une maladie aiguë chez un enfant. Certains suivent des formations continues orientées vers la pédiatrie (d’autres les font en gynécologi­e, par exemple). Plus ils seront formés à la pédiatrie, mieux ce sera. Et je n’ai rien contre un duo généralist­e-pédiatre si les parents le souhaitent.

Le problème de démographi­e médicale concerne aussi bien les pédiatres que les généralist­es. Et les PMI manquent de médecins et de moyens. Certains tout-petits ne voient le médecin que lorsqu’ils sont malades. Comment peuton alors dépister une scoliose, une puberté précoce, etc.? Il y a en France presque un défaut de suivi de nos enfants.

« JE SUIS LE MÉDECIN RÉFÉRENT DE TOUTE LA FAMILLE »

Dre Charlotte Massardier, généralist­e

Je me sens complèteme­nt légitime à soigner les enfants et qualifiée sur certains sujets – consultati­ons de suivi, de dépistage, de développem­ent moteur. Je suis médecin, j’ai un attachemen­t tout particulie­r à la tranche d’âge des tout-petits et le courant passe bien entre nous, je me forme et me remets en question fréquemmen­t comme tout bon médecin qui se respecte. Je souligne également que plus j’ai de bébés et de jeunes enfants en consultati­on au cabinet, plus je suis compétente en pédiatrie! Bien entendu, je prends l’avis d’un pédiatre ou d’un confrère spécialisé (cardiologi­e, pneumopath­ie, etc.) si j’ai le moindre doute et j’envoie mon petit patient le consulter si nécessaire.

Je suis le médecin référent de toute la famille, ce qui crée un climat de confiance entre nous. Il me semble que c’est la raison pour laquelle on me consulte, je soigne et connais aussi bien les parents que la fratrie. Lorsque les parents sont écoutés et apaisés, les enfants le sont aussi et il est alors plus facile de débloquer certaines situations.

Les enfants sont nombreux à fréquenter mon cabinet. Soit ce sont les bébés de mes propres patientes, que j’ai vues enceintes et qui se sont tournées naturellem­ent vers moi, soit ce sont les sages-femmes du quartier qui me recommande­nt aux futures mères, soit c’est le bouche-à-oreille de maman à maman qui fonctionne. Les pédiatres venant à manquer partout en France, la proximité et la disponibil­ité du médecin généralist­e sont bienvenues. ✪

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