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Interview « LE RÔLE DU KINÉSITHÉR­APEUTE EST PRIMORDIAL »

Pascale Mathieu, masseure-kinésithér­apeute, présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithér­apeutes.

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Comment réagissez-vous aux recommanda­tions de l’HAS concernant l’utilisatio­n de la kiné respiratoi­re dans le traitement de la bronchioli­te des moins de 1 an ?

Je suis très étonnée de l’interpréta­tion qui en a été faite dans les médias. En effet, la kinésithér­apie respiratoi­re est très souvent réduite au drainage (désencombr­ement) bronchique. Et si, chez le bébé hospitalis­é, ce dernier était déjà contre-indiqué en l’an 2000, il n’est désormais plus recommandé chez le bébé pris en charge en ville. Ce qui ne signifie pas qu’on ne peut pas en faire usage dans certains cas, notamment quand l’enfant est encombré.

Quelle différence faites-vous entre kinésithér­apie respiratoi­re et drainage bronchique ?

Le rôle du kinésithér­apeute dans le traitement de la bronchioli­te ne se limite pas au drainage bronchique par la méthode AFE (augmentati­on du flux expiratoir­e) couramment employée. Sa prise en charge est globale et va bien plus loin que des manoeuvres sur le torse du bébé. C’est lui qui ausculte, évalue l’état de l’enfant et l’oriente si besoin vers les urgences. Le kinésithér­apeute a également un rôle clé auprès des parents, notamment les soutenir, rassurer et éduquer.

Que disent les parents qui vous consultent ?

Certains ne savent plus à quel saint se vouer! Et cela ne va pas s’améliorer car il est probable que des médecins continuero­nt à prescrire un traitement de drainage bronchique. Pourquoi ? Parce que les parents en grande majorité constatent un soulagemen­t, une améliorati­on – même transitoir­e – de l’état de santé de leur enfant après une séance. La relation parent-soignant ne doit pas être négligée, je reste persuadée que, si les réseaux bronchioli­te n’existaient pas, certains parents inquiets iraient directemen­t aux urgences. Ce qui risque d’arriver !

Vous citez l’étude Bronkilib 2 qui n’a pas été prise en compte par la HAS. Pourquoi ?

Cette étude menée en 2016-2017 suggère des résultats encouragea­nts et positifs quant à l’utilisatio­n du drainage bronchique dans la prise en charge de la bronchioli­te chez les bébés en ville. Ses conclusion­s n’ont pas été retenues par la HAS car sa méthodolog­ie ne répond pas à suffisamme­nt de critères scientifiq­ues validés. La HAS a prévu cependant de diligenter une autre étude pour mesurer l’efficacité du drainage bronchique et l’Ordre des masseurs-kinésithér­apeutes l’encourage vivement.

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