Parents en herbe Le plastique, on n’en veut plus

Peu coûteux, à usages flexibles, pratique… ce matériau si prisé dans les années 1980 est devenu aujourd’hui l’un des principaux polluants de notre planète. Mais comment s’en passer ? Interview éclairante d’Anne Thoumieux, auteure du livre J’arrête

le plastique (Leduc.s Editions).

POURQUOI DEVONS-NOUS VRAIMENT ARRÊTER D’UTILISER DU PLASTIQUE ?

L’urgence tient à plusieurs causes : au niveau mondial, on ne sait pas gérer les déchets plastiques. Dans de nombreux pays, il n’y a aucun tri des déchets, et parfois même, pas de ramassage. Or, si les déchets organiques finissent par se décomposer, le plastique, lui, ne fait que se subdiviser en morceaux puis en particules de plus en plus fines qui ne disparaissent jamais! Dans la mer, une soupe de microplastiques invisibles à l’oeil nu recouvre les végétaux marins, est absorbée par les animaux et in fine… par nous qui les consommons ! Nos soussols sont aussi touchés et il est quasiment impossible de les assainir. Une étude du WWF a montré que l’on ingère chacun en moyenne 5 grammes de plastique par semaine, l’équivalent d’une carte de crédit ! C’est là que l’inquiétude envers les perturbateurs endocriniens arrive car de nombreux composants des plastiques en sont.

ON PARLE BEAUCOUP DU RECYCLAGE DU PLASTIQUE COMME D’UNE SOLUTION INFAILLIBLE (OU PRESQUE). QU’EN PENSEZ-VOUS ?

En France, le recyclage paraît une évidence, et les consommateurs pensent que le problème du plastique est réglé à partir du moment où ils utilisent la poubelle jaune. Mais le système présente de nombreuses faiblesses : les consignes de tri sont différentes d’une région à l’autre… mais surtout, de nombreux déchets n’arriveront jamais jusqu’à un centre de tri. Le recyclage est UNE solution, mais pas LA solution. Le process du recyclage est lui-même polluant et coûteux, et laisse sur le carreau de très nombreux emballages qui ne sont pas pris en charge. Or, on sait tout recycler, même les mégots, mais pour qu’une filière soit mise en place il faut qu’elle soit… rentable. Une seule façon donc de réduire la production de plastique : ne pas en acheter !

COMMENT SENSIBILISER NOS ENFANTS AUX RISQUES CAUSÉS PAR LE PLASTIQUE ? QUELS SONT LES GESTES À LEUR APPRENDRE ?

L’idéal, c’est de leur expliquer ce qui se passe dans la mer : la réaction des enfants est immédiate quand ils savent que des animaux souffrent. Sur la plage ou dans la rue, le ramassage du plastique est le geste number one ! Il est facile et ludique à organiser en plus! On peut aussi faire une virée au supermarché avec pour objectif de repérer les produits sans plastique et d’inculquer aux enfants que l’on a parfois le choix : bouteille en verre versus version plastique.

Y A-T-IL DES ALTERNATIVES POUR REMPLACER LE PLASTIQUE AU QUOTIDIEN AVEC LES ENFANTS ?

Le bois pour les jouets, les matières naturelles pour les habits : le polyester, le nylon, etc. sont des fibres plastiques très polluantes. On peut fabriquer soi-même son liniment et passer aux lingettes en tissu réutilisables, aux couches lavables, aux petits pots en verre… Et préparer ses gâteaux et ses compotes, à servir dans des gourdes réutilisables bien sûr ! ✪