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Société Comment leur apprendre la consommati­on minimalist­e ?

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Pour faire le bonheur de nos enfants, on cherche souvent à les combler sur le plan matériel. Mais dans un monde aux ressources limitées, c’est un leurre de les laisser croire qu’ils pourront toujours tout avoir. Si on leur apprenait la consommati­on minimalist­e ?

Pablo, 4 ans, fait son regard de cocker. Ces yaourts avec des pépites de chocolat ont l’air trop bons! Bastien, la trentaine, repose le pack de yaourts nature qu’il avait en main et glisse les merveilles chocolatée­s dans le chariot. Mais trois rayons plus loin, ça recommence. Cette fois, Pablo s’est arrêté net devant une pochette de crayons de couleur. «Tu en as déjà à la maison », proteste son papa. « Oui mais c’est pas les mêmes», sanglote le petit garçon. Soupir du papa… Pas facile, dans une société qui pousse à la consommati­on, de refuser à nos petits ce qu’ils nous réclament. Pourtant on sait bien que le bonheur n’est pas dans l’accumulati­on de biens matériels. La crise économique est passée par là pour nous aider à remettre en question l’hyperconso­mmation et, chaque jour, les experts nous alertent sur le risque d’épuisement des ressources de la planète. « Il ne faut pas se leurrer : le monde va changer… et tant mieux, estime Diane Drory*, psychologu­e. Nous sommes arrivés à un excès de matérialis­me. Le temps est venu de passer à quelque chose de plus équilibré entre l’avoir et l’être. Il faut y préparer nos enfants. Ce n’est pas un service à leur rendre que de leur laisser croire qu’ils pourront toujours avoir tout ce qu’ils veulent, comme ils veulent et quand ils veulent.» Mais comment faire passer le message ?

TOUS ACCROS À LA CONSO

Entre 3 et 6 ans, les grands discours sur les pièges de la consommati­on, ça ne passe pas. Et c’est normal. « Ils sont en plein âge de la découverte du monde, ils veulent tout ce qui passe à leur portée : le jouet de l’autre, les articles qui s’étalent dans les rayons des magasins, etc., explique Diane Drory. Ils ne raisonnent pas en termes de propriété ou d’utilité, ces notions leur sont inconnues. Ils veulent avoir, c’est tout. » À cet âge, choisir entre un ballon et une pochette de crayons, ça n’a pas de sens. Ils veulent les deux, bien sûr. « En revanche, on peut éviter de leur offrir davantage que ce dont ils ont besoin », affirme la psychologu­e. Une trousse de crayons de couleur, c’est assez pour dessiner, pas besoin d’une seconde. L’éducation, ça passe par l’exemple. À nous, parents, de montrer la voie en ne cédant pas aux sirènes de l’hyperconso­mmation. «Tous les jours, on nous propose une abondance de biens, observe Diane Drory. On peut acheter les oeuvres complètes de Mozart pour une somme ridicule, par exemple. Mais qu’est-ce qu’on va faire de 50 CD qui vont encombrer la maison?» Modération, discerneme­nt, voilà nos nouveaux credo ! On n’achète pas plus de nourriture que ce dont on a besoin – liste en main.

Et on raccommode le pull troué plutôt que de le remplacer par un autre.

UNE QUESTION D’ÉDUCATION

Le respect des choses, ça s’enseigne. Dès 3-4 ans, les tout-petits peuvent apprendre que l’on ne casse pas les jouets, que l’on range ses vêtements. Les objets ne sont pas remplaçabl­es à volonté, ils ont de la valeur. À partir de 5-6 ans, on peut éveiller leur sens critique et expliquer avec des mots simples ce qu’est le marketing. « Les fabricants sont des marchands. Ils ne veulent pas que les gens réfléchiss­ent, ils veulent juste qu’ils achètent. Ensuite, les gens ne savent pas quoi faire avec ce qu’ils ont acheté et ils le jettent. C’est du gâchis et c’est mauvais pour la planète.» «Les enfants sont proches de la nature, ils ont un fort sens de l’écologie, c’est un discours qu’ils peuvent comprendre», assure Diane Drory. Mais surtout, apprenons à ne pas satisfaire les désirs de nos tout-petits dans l’instant. « Donnons-leur le temps de penser les choses, de rêver, d’imaginer », plaide la psychologu­e. Votre enfant a très envie de ce jeu ? Parlez-en ensemble. Comment va-t-il s’amuser avec ? Que pourrait-il réaliser? Qu’est-ce qu’il commencera­it par faire? «L’attente permet de nourrir le désir, d’en faire quelque chose de rempli, poursuit la spécialist­e. La pulsion d’achat, on la soulage en s’approprian­t l’objet. Mais ça ne dure pas, on enchaîne sur une nouvelle pulsion. Le temps de l’attente est souvent beaucoup plus excitant. » Pourquoi s’en priver ? ✪

* Auteure d’Au secours ! Je manque de manque !, De Boeck, 16 €.

Le temps est venu de passer à quelque chose de plus équilibré entre l’avoir et l’être.

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