Santé Il a mal à la tête… Et si c’était une migraine ?
Contrairement à ce qu’on pense habituellement, la migraine ne touche pas que les adultes. Les moins de 6 ans peuvent également en souffrir. A quoi est-elle due ? Qu’est-ce qui la déclenche ? Comment la soulage-t-on ? Le point avec notre spécialiste.
À PARTIR DE QUEL ÂGE UN ENFANT PEUT-IL SOUFFRIR DE MIGRAINE ?
Dès l’âge de 3 ans et même avant. La maladie n’est pas facile à diagnostiquer car un enfant qui ne parle pas encore très bien (voire ne parle pas du tout) peut difficilement décrire ses symptômes et ce qu’il ressent. Fille ou garçon, les deux sexes sont touchés à peu près à égalité. Si la migraine chez les moins de 7 ans ne fait pas florès dans la littérature scientifique, la clinique de la migraine de l’hôpital Robert-Debré, à Paris, elle, s’est penchée en 2015 sur les dossiers de 374 petits patients diagnostiqués migraineux. 40 d’entre eux avaient moins de 7 ans (20 garçons et 20 filles avec une moyenne d’âge de 5 ans et 7 mois), soit 10,7 % de l’ensemble. A l’adolescence, le rapport fille-garçon bascule un peu plus du côté des filles en raison des cycles menstruels, qui peuvent se révéler déclencheurs de migraines.
À QUOI EST DUE LA MIGRAINE ?
Elle est due à une excitabilité neuronale anormale, liée à des facteurs génétiques complexes associés à des facteurs environnementaux. C’est également « une histoire de famille », le caractère héréditaire de la migraine est connu depuis le XIXe siècle. En effet, un enfant migraineux a le plus souvent un grand-parent, un père, une mère, une soeur et/ou un frère qui souffre de la même maladie.
PAR QUOI PEUT-ELLE ÊTRE PROVOQUÉE ?
Un certain nombre de facteurs déclenchants sont retrouvés chez les enfants. Le manque de sommeil, dû le plus souvent à un abus quotidien d’écrans, est le premier d’entre eux. Chez les petits: télévision, jeux sur tablette, emprunt du portable du parent… Chez les ados : envoi de textos et/ou visionnage de vidéos jusqu’à minuit voire davantage. Le jour d’après, chez les enfants à risque, c’est souvent la migraine ! Une alimentation un peu désordonnée, peu régulière, des repas décalés, un petit déjeuner sauté sont également des facteurs déclenchants, tout comme le stress, la fatigue, les émotions trop fortes.
QUELS SONT LES SYMPTÔMES DE LA MIGRAINE ?
La migraine se définit par une douleur pulsatile – elle bat en pulsations régulières. L’enfant dit que « ça cogne dans la tête» ou qu’il «entend son coeur battre dans sa tête». A la différence de l’adulte, chez qui la douleur est uniquement unilatérale (d’un seul côté), chez l’enfant, la douleur peut également être bilatérale. Elle est aggravée lors des efforts (se baisser, sauter, courir, etc.) ou d’une l’activité physique et s’accompagne de nausées, de vomissements. On note aussi une photophonie (gêne importante au bruit) ou une photophobie (gêne importante à la lumière). Autre symptôme courant : l’enfant peut également rechercher le calme et s’isoler dans sa chambre et/ou se plaindre de maux de ventre.
Y A-T-IL DIFFÉRENTS TYPES DE MIGRAINE ?
On distingue la migraine « classique », sans aura, de la migraine avec aura. Dans ce dernier cas, la migraine est précédée et/ou s’accompagne d’un trouble neurologique transitoire entièrement réversible appelé aura (les signes sont des troubles visuels: lumières, étincelles ; des fourmillements sur le visage…). Il ne faut pas confondre la migraine avec la céphalée de tension, plus connue sous le nom de mal de tête. La douleur d’une céphalée de tension est différente d’une céphalée migraineuse : elle est plus diffuse, continue et non pulsatile, peu ou moyennement intense et sans signes digestifs associés. Migraines avec ou sans aura et céphalées de tension sont des céphalées dites primaires. La céphalée secondaire, elle, est due à une pathologie, une anomalie ou un traumatisme identifiable qui, s’il est traité, amène à la disparition de la céphalée. Il peut s’agir d’un traumatisme crânien, de la prise d’un médicament ou d’un produit toxique, d’une infection (méningite…).
QUAND ET QUI FAUT-IL CONSULTER ?
Lorsque l’enfant se plaint régulièrement de maux de tête. La première étape est de consulter son généraliste ou son pédiatre. Lorsqu’il n’a pas trouvé d’explications et qu’il ne peut pas poser de diagnostic, il recommande une consultation chez un neurologue ou un neuropédiatre. Cette consultation est longue et approfondie (trois quarts d’heure environ), le médecin menant une véritable enquête : quels sont les facteurs déclenchants, les symptômes, la périodicité, etc. Il est d’ailleurs demandé aux parents de noter dans un « agenda migraine » l’intensité des crises, les signes associés, si la migraine est bi ou unilatérale… ceci afin d’affiner le diagnostic du médecin. Des examens complémentaires sont parfois prescrits: bilan ophtalmologique, prises de sang, encéphalogramme, IRM… En France, il existe une quarantaine de consultations spécialisées dans les hôpitaux.
QUELS SONT LES TRAITEMENTS DE LA MIGRAINE ?
En premier lieu, il s’agit d’éliminer les facteurs déclenchants sur lesquels on peut agir, notamment lorsqu’il s’agit d’un manque de sommeil ou d’une alimentation déséquilibrée. Sachez que les thérapies comportementales comme l’hypnorelaxation sont utilisées pour espacer les crises et qu’elles sont efficaces. Le médecin prescrit généralement en première intention du doliprane et, si cela ne suffit pas à soulager le petit patient, de l’ibuprofène, avec modération. Lorsque les crises migraineuses sont fréquentes et sévères, il peut également prescrire pour les plus grands (à partir de l’âge 10-12 ans) des médicaments bêtabloquants ou des antidépresseurs. ✪