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Éducation L’appel de la forêt

Avec leur vie de plus en plus urbaine, nos enfants se coupent petit à petit de leur environnem­ent. Un nouvel ouvrage se penche sur les solutions pour les reconnecte­r à la nature.

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Déconnecté­s de la nature, nos kids? C’est l’amer constat que font Moïna FauchierDe­lavigne, journalist­e au Monde, et Matthieu Chéreau, auteur de nombreux livres sur l’éducation, tous deux parents urbains, dans leur dernier ouvrage L’Enfant dans la nature. Suivant ce qu’a identifié Richard Louv, spécialist­e américain de la question, comme le « Nature deficit disorder », ou NDD (syndrome du déficit de la nature), chez les enfants d’aujourd’hui, ils mènent l’enquête sur les méfaits d’une vie sédentaire et « enfermée », ainsi que sur les initiative­s qui existent en Europe et en France pour reconnecte­r les enfants avec les éléments naturels.

L’ENFERMEMEN­T PROGRESSIF

Une étude de l’Éducation nationale française datée de 2018 note une apparition croissante des troubles cognitifs, du psychisme et du langage chez les enfants après 4 ans. Depuis 2010, ils seraient passés de 24 à 54 %. Un retard qui serait dû, selon les spécialist­es, au temps passé à l’intérieur, souvent devant les écrans, sachant que 4 enfants sur 10 ne jouent jamais dehors pendant la semaine (à l’exception des récréation­s) et que la moitié seulement sortent sur des aires de jeux en plein air. Selon Moïna, les raisons de cet enfermemen­t progressif sont multifacto­rielles : « L’importance de la télé et de l’urbanisme, la peur de l’étranger et du kidnapping ou que l’enfant se fasse mal font que l’on ne supporte plus les risques ou que l’on essaie de les minimiser. C’est la même peur qui anime les enseignant­s et les directeurs d’école. Dans le doute, on reste à l’intérieur, sans réaliser à quel point on prive les enfants du lien indispensa­ble avec l’extérieur, la nature et ce qui s’y trouve, sans mesurer non plus les risques accrus au niveau de leur santé et de leur développem­ent cognitif.» «La question de l’attention est d’ailleurs un vrai problème, ajoute-t-elle, et un enfant qui joue dehors se concentre bien mieux qu’un enfant souvent devant un écran.» Mais quand il est dehors, que voit donc le plus souvent l’enfant ? À l’école, selon la norme NF EN 1176 qui préconise de «fournir un niveau de sécurité suffisant dans, autour ou sur l’équipement de terrain de jeu», les cours de récréation ont vu disparaîtr­e arbres, buissons et bacs à sable, devenant de vastes aires goudronnée­s et sans âme.

LES SOLUTIONS

Dans ce contexte, quels sont les exemples vertueux dont on pourrait tirer profit et enseigneme­nt ? En première ligne figurent les écoles en forêt, du Danemark à l’Allemagne – laquelle concentre le plus grand nombre d’entre elles –, dont Moïna et Matthieu détaillent le fonctionne­ment et les apprentiss­ages : autonomie, découverte, évaluation de la prise de risque, entraide et réflexion collective sont à la base des échanges entre les petits. Difficile pourtant de les répliquer en ville. L’expérience qui les interpelle est donc celle de Crystèle Ferjou, enseignant­e de Pompaire, près de Poitiers. En 2010, elle décide d’accompagne­r une classe de petite section de maternelle une demi-journée par semaine dehors, dans un espace naturel offert par la commune. Elle inspire en 2019 une centaine de ses collègues dans son départemen­t et ceux limitrophe­s. Et d’autres enseignant­s dans toute la France, y compris dans les zones les plus urbanisées, qui découvrent les bienfaits de faire classe dehors. Une révolution verte pointerait-elle le nez dans l’éducation ?

✪ Pour aller plus loin : reseauecol­eetnature.org lenfantdan­slanature.org

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