Magicmaman

Audrey Regnier, du piquant à revendre

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projet. Lazare, leur deuxième garçon, naît en mai 2016 et Audrey repart travailler sans prendre de vacances après son congé maternité. Elle loupe donc deux visites de gynéco et, trois mois après, elle découvre qu'elle attend son troisième ! Le projet de rachat était oublié quand, lors d'un déjeuner de famille, un proche qui a du capital à investir s'interroge sur le potentiel de l'usine Bohin. Après une visite du lieu, séduit, il décide de se lancer dans l'aventure avec le jeune couple. Léandre arrive en mai 2017, mais Audrey fait une hémorragie violente cinq jours après l'accoucheme­nt, où elle manque d'y passer. « Tout ça m'a vraiment changée, dit-elle,

VOTRE ENFANCE

Enfant, vous étiez du genre… Avec beaucoup de caractère. Pas facile à habiller, ma mère voulait me mettre des robes alors que je voulais être en tee-shirt et en maillot. Je vivais dehors et construisa­is des cabanes. Je lisais beaucoup, suivais des cours de chant et de théâtre. Et j'avais deux grandes soeurs pour qui j'étais une poupée. Plus grande, vous rêviez de devenir… Styliste, mon grand rêve. Mais je ne voulais pas faire de couture. Dessiner, inventer, oui, mais pas coudre, et je me suis rapidement rendu compte que cela ne pouvait pas marcher. À 18 ans, je voulais ouvrir un lieu de vie atypique, bar, salle de danse, exposition.

Ce que vous retenez de l’éducation de vos parents… Une éducation stricte, avec mon père tout le temps au travail, vraie valeur portée par la famille. Ma mère a suivi la carrière de son mari, mais était dans la créativité et s'occupait de nous.

VOTRE GROSSESSE

Lorsque vous avez appris que vous étiez enceinte…

La première, je venais juste d'arrêter la pilule pour notre voyage de noces à Bali, trois ans après notre mariage. Une grosse vague m'a envoyée sur les rochers et j'ai failli mourir. Sortie de l'hôpital avec un doigt et deux côtes cassés, j'étais toute bandée. J'avais appris que, plus on se rapprochai­t de l'Équateur, plus on avait de chances de tomber enceinte. C'était donc une joie immense quand j'ai appris, à mon retour, que Léopold était là.

Votre meilleur souvenir de grossesse ?

La première fois où j'ai senti Léopold bouger. Je me souviens de cette sensation de papillons dans le ventre. J'étais au volant de ma voiture, en train de chanter sur du Phil Collins. Avant d’accoucher, vous auriez aimé savoir…

La douleur de l'accoucheme­nt. J'aurais pu m'y préparer. Le travail s'est bloqué et on m'a passé sous ocytocine. J'ai eu six essais de péridurale qui n'ont pas marché et j'ai souffert pendant 23 heures. Je m'évanouissa­is sur la table ma façon de voir la vie, d'interagir avec les autres. J'ai pris plusieurs claques. J'arrête de dire aux autres “à quand le bébé ?”, car on ne sait pas à quel point cela peut être douloureux dans la vie d'un couple. » Elle a donc cumulé bébés et prise de responsabi­lités chez Bohin, dont ils viennent de se rapprocher géographiq­uement. Présent dans 37 pays, avec une croissance de 40 %, l'entreprise est la preuve que la parentalit­é booste les bonnes idées. Après les kits couture pour enfants, inspirés des doudous de leurs garçons, ils viennent de sortir un kit pour homme, pile dans l'air du temps. D'ailleurs, on

l'appelle « maman » à l'usine. Un signe ? d'accoucheme­nt alors que plusieurs personnes venaient m'ausculter, sans même se présenter. Pour le deuxième, même expérience compliquée. Pour le troisième, j'ai voulu gérer l'accoucheme­nt comme je le voulais. Je ne me suis pas laissée faire.

VOTRE VIE DE MAMAN

Ces objets ou astuces vous ont sauvé la mise pendant les premiers mois…

Je n'ai pas réussi à allaiter mes enfants. On m'a proposé le biberon à températur­e ambiante, ce qui nous a permis de nous déplacer partout, tout le temps.

Un moment de pur bonheur avec vos enfants…

Quand ils se réveillent le matin, qu'ils ont un peu transpiré, que je peux respirer leur odeur et qu'ils sont encore endormis. Ils sont tout doux. C'est ma dose de bonheur quotidienn­e. En tant que maman, que souhaitez-vous transmettr­e à vos enfants ?

La valeur de l'écoute, d'être ouvert d'esprit, de ne pas être enfermé dans les clichés, les carcans. Qu'ils se fassent euxmêmes leur propre opinion, leur goût et qu'ils défendent leurs conviction­s. Quand j'étais petite, on me disait que je ne rentrais pas dans le moule. Je trouvais ça dur.

VOTRE VIE DE MAGICMAMAN

En tant que femme, quelles sont vos activités et quels sont vos combats quotidiens ?

Je milite pour que les enfants aient conscience de qui ils sont. En tant que femme, féministe tout simplement, parce que les femmes ne sont pas assez défendues dans le monde. Féministe au même titre qu'humaniste.

Pour concilier vie pro et vie perso, votre astuce c’est… De m'imposer de ne pas regarder mon téléphone quand je suis avec mes enfants. Ni mails ni appels.

Pour vous, une Magicmaman, c’est ?

Une Magicmaman fait d'abord passer ses enfants avant le reste car ils grandissen­t vite. Sans oublier d'être une femme, elle se remet en question et s'adapte car, souvent, quand on devient maman, la moitié de nos croyances s'effondrent.

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