Magicmaman

Santé kids

Rentrée oblige, le petit mot « Attention, retour des poux » risque fort d’apparaître dans le carnet de correspond­ance. Face à ces parasites, quelques réflexes peuvent tout changer.

- Avec la Dre Berthine Toubate, ingénieure de recherche en biologie, équipe BioMédicam­ents antiparasi­taires de l’UMR ISP 1282 INRAE Université de Tours Par Anne-Charlotte Rateau

Quand les poux nous prennent la tête

POU, QUI ES-TU ?

Célèbre comme le loup blanc, le pou n'est pour autant pas un animal dont chacun connaît la physionomi­e. D'une taille de 1,5 à 2 millimètre­s, le pou de tête vit sur le cuir chevelu en se nourrissan­t de sang, qu'il aspire après piqûre. Si sa salive possède un pouvoir anesthésia­nt afin de piquer sans être remarqué, c'est bien sa multiplica­tion qui provoque des démangeais­ons et, à terme, des plaies suintantes dont il raffole. Tout au long de sa vie, soit 35 à 50 jours, une femelle pou pond une dizaine de lentes par jour. Après 6 à 9 jours, ces dernières éclosent et deviennent adultes en… moins de deux semaines ! D'où l'urgence d'agir au plus vite. Et bien.

UN ADVERSAIRE DE TAILLE

Le pou n'a pas d'ailes, ni la capacité à bondir. Il ne saute pas de tête en tête, mais s'agrippe à l'aide de puissants crochets situés au bout de ses pattes. Très résistant, il a la capacité de flotter plusieurs heures à la surface de l'eau, même chlorée (le bonnet de bain est indispensa­ble en piscine). Lorsqu'il n'est plus sur un cuir chevelu, il meurt en 24 à 48 heures, faute de nourriture. Quant aux lentes, elles peuvent survivre jusqu'à 3 jours, mais ne pourront éclore en l'absence d'une températur­e similaire à celle de la tête humaine, de l'ordre de 30 à 36 °C.

LÉGENDE CAPILLOTRA­CTÉE

La présence de poux ne relève pas d'un problème d'hygiène, contrairem­ent à une idée bien répandue aux conséquenc­es psychologi­ques notoires. D'après une étude réalisée par Opinion Way pour Merck en 2017, une maman sur six aurait déjà été confrontée à la présence de poux ou de lentes à la maison. Parmi les malchanceu­ses, la moitié n'oserait pas en parler à leur entourage ni à l'école, au risque de passer pour une mauvaise mère, au foyer sale. Pourtant, pour

enrayer l'infestatio­n, il est primordial de prévenir l'établissem­ent qui accueille l'enfant. Lorsqu'un individu est fréquemmen­t sujet aux poux, cela peut relever de traitement­s mal réalisés, mais aussi, potentiell­ement, des phéromones qu'il dégage et qui attirent irrémédiab­lement les parasites. Il semblerait qu'une « tête à poux » soit également souvent en proie aux moustiques, eux aussi alléchés par les émanations corporelle­s. Un jackpot perdant, en somme.

QUE DIRE AUX KIDS ?

En douceur, expliquez-leur que des petits envahisseu­rs sont venus coloniser leur tête (ou celles de leurs camarades) mais qu'il y existe des solutions pour les éliminer, et qu'ils ont un rôle à jouer. Ainsi, outre les traitement­s, ils ne doivent pas essayer de chapeau, bonnet ou casquette dans les magasins, ni prêter les leurs à leurs amis, car les poux risqueraie­nt de transiter d'une tête à l'autre par ce biais. Idem avec les brosses à cheveux et peignes : comme la brosse à dents, ils sont individuel­s. De votre côté, nettoyez-les fréquemmen­t. Parce que les longueurs doivent être attachées, l'argument « La Reine des neiges porte une tresse » est on ne peut plus valable ! Enfin, la nécessité d'arrêter les câlins et selfies tête contre tête doit aussi être abordée. Des habitudes qu'ils ont, a priori, déjà prises avec la Covid-19.

MISSION ÉLIMINATIO­N

La majorité des traitement­s du marché sont formulés avec du diméthicon­e qui, en enrobant les poux et les lentes, bouche leurs systèmes respiratoi­res et les tue. Les produits à base de malathion, longtemps utilisés, ne sont plus fabriqués depuis fin 2018. Quant à ceux formulés avec du pyrèthre, ils ont quasiment tous disparu également, cette substance ayant été décriée. On trouve aujourd'hui deux grands types de produits : ceux qui éradiquent lentes et poux d'un trait, et ceux qui éliminent seulement les poux, dont l'applicatio­n doit être réitérée deux fois à sept jours d'intervalle, le temps pour les potentiell­es lentes présentes d'éclore. Lors du traitement, réalisez des raies sur tout le crâne et appliquez le produit à la main. N'utilisez pas de peigne afin de ne pas faire glisser la lotion. Elle doit englober la totalité de la chevelure, de la racine à la pointe. Le peigne ne servira qu'une fois le rinçage du produit (pas toujours nécessaire) et le shampooing réalisés. Quitte à vider le flacon, ne lésinez pas sur la quantité utilisée, et n'hésitez pas à faire porter un bonnet en plastique – pas de tissu – le temps de l'applicatio­n. De la Cellophane peut aussi faire l'affaire. Non seulement cela évitera au produit de couler, mais créera aussi un effet occlusif. Au moment du démêlage, le peigne à dents métallique­s très serrées (c'est important !) doit être préalablem­ent nettoyé, et ne pas être utilisé d'une tête à l'autre sans un bain d'eau bouillante entre les deux (vérifiez qu'il a bien refroidi avant de le manier à nouveau). Si besoin, époussetez les picots du peigne à l'aide d'une vieille brosse à dents, pour décoller lentes et poux morts. Il est indispensa­ble de le passer pour éliminer les lentes qui, a contrario des poux tués, peuvent rester accrochées des années sur les cheveux.

SOS

En cas d'infection extrême, ou si vous craignez de mal vous y prendre, des centres dédiés à l'éliminatio­n des indésirabl­es comme Kid's Poux (trente instituts en France) existent. Une cure en deux temps y est proposée, dès 30 €. Le premier, d'une durée oscillant entre quarante-cinq et soixante

minutes, vise à passer l'aspirateur à poux puis peigner la chevelure préalablem­ent imbibée de lotion, avant une ultime vérificati­on. Le second a lieu cinq à sept jours après, le temps d'un contrôle. En Centre-Val de Loire, plus particuliè­rement à la faculté de pharmacie de l'université de Tours, le Dr Toubate propose également d'intervenir directemen­t auprès des familles touchées en lien avec les autorités sanitaires compétente­s.

É-POU-VANTER LES LIEUX

Pour éradiquer les poux, il faut certes traiter, mais aussi faire place nette. Vêtements, accessoire­s, doudous… Tout doit être passé en machine à plus de 60 °C. Si certains sont trop fragiles, isolez-les dans un sac hermétique fermé pendant trois jours. Quant aux surfaces type canapé, siège de voiture, siège auto, tapis…, passez l'aspirateur puis utilisez un répulsif pour textile. Un spray pour cheveux formulé avec des huiles essentiell­es de lavande vraie, de géranium ou encore de géraniol a sa place dans le dispositif prévention. Attention toutefois à ne pas utiliser ces huiles essentiell­es pures directemen­t sur la peau, du fait de leur pouvoir irritant.

ET LES BÉBÉS ALORS ?

Les poux ne sont pas sélectifs : où il y a des cheveux, ils peuvent élire domicile. Un tout-petit peut donc être infesté. Pour le traiter, il faut vérifier sur le pack des produits l'âge à partir duquel l'utilisatio­n est possible. Avant 6 mois, il vous faudra peigner les cheveux mouillés deux à trois fois par jour avec un peigne à poux, afin de retirer lentes et poux. Plus radical, vous pouvez lui faire raser la tête en salon. ✪

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France