Magicmaman

Secrets de fabricatio­n du lait pour bébé

Les différents scandales autour du lait infantile et la crise de confiance qu’ils ont provoquée auprès des parents nous ont poussés à aller directemen­t voir à la source comment il était fabriqué.

- Par Claire Schneider. Photos: Matteo Pellegrinu­zzi.

Secrets de fabricatio­n du lait pour bébé

C’est donc en Normandie que nous arrivons pour découvrir une usine de fabricatio­n de lait infantile. Ici, depuis plus de soixante ans, sont fabriqués de nombreux laits infantiles, dont une grande partie est destinée au marché internatio­nal (ils sont distribués dans plus de 40 pays).

S’il est important de rappeler que le lait maternel est incontesta­blement le meilleur pour Bébé, car il répond spécifique­ment à ses besoins*, n’oublions pas qu’en pratique, le marché du lait infantile représente 425 millions d’euros et, qu’en 2018, 83 446 tonnes de lait infantile ont été vendues en France. C’est l’aliment incontourn­able des premières années de Bébé et, pourtant, certains parents s’en méfient aujourd’hui. Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons pénétré les coulisses de sa fabricatio­n.

Le début de la chaîne, la ferme

230 millions de litres de lait ont été collectés en 2018 auprès des 628 producteur­s de lait qui fournissen­t l’usine.

Lors de notre venue, Aline nous a ouvert les portes de son exploitati­on, à Formigny-la-Bataille. Bienvenue à la ferme ! C’est ici que tout commence. Passionnée par son métier (il faut l’être car le nombre d’heures dévolues à son travail est incalculab­le et la manière dont elle en parle ne trompe pas…), elle nous explique que les terres d’Isigny-sur-Mer sont riches et fertiles car la zone est humide et le climat doux. Les pâtures sont donc d’une grande qualité. Elles sont inondées en hiver et c’est tant mieux, car quand

on sait que le lait est composé à

87 % d’eau, on comprend pourquoi il en faut beaucoup pour les vaches…

Si l’exploitati­on d’Aline ne répond pas au cahier des charges de l’agricultur­e biologique, elle respecte toutefois celui des zones AOP, qui est très strict. 160 vaches vivent ici et sont traites deux fois par jour. Elles sont à l’air libre de février à novembre. Dans la laiterie, le lait est stocké dans un tank réfrigéré puis analysé à la ferme puis une nouvelle fois arrivé sur place à l’usine. La collecte du lait a lieu toutes les 48 heures. Prochaine étape, l’arrivée à l’usine et la transforma­tion du lait.

Quand le lait arrive à l’usine

Ici, on ne badine pas avec l’hygiène et la sécurité. Après avoir enfilé une tenue de combat digne d’une série américaine (double combinaiso­n, chaussures de sécurité et doubles surchaussu­res, charlotte sur la tête…) et laissé dans une salle nos bijoux et téléphones, c’est parti pour la découverte de la fabricatio­n du lait. L’usine dispose de deux salles de préparatio­n des ingrédient­s, de cinq tours de séchage (qui permettent de transforme­r le lait en poudre) et de deux lignes de conditionn­ement.

Lorsque le lait cru arrive de la ferme, on procède à sa pasteurisa­tion (le lait est chauffé afin d’éliminer les bactéries) puis à l’écrémage. Ensuite, les matières premières nécessaire­s au lait infantile (huiles végétales, glucides, vitamines, minéraux… qui permettent de se rapprocher au maximum du lait maternel) sont pesées, puis mélangées au lait fraîchemen­t collecté. Place à la phase d’homogénéis­ation, puis à nouveau à la pasteurisa­tion. Par la suite, le lait est concentré puis séché par atomisatio­n. Entre chaque étape, des analyses sont faites au laboratoir­e afin de détecter la moindre anomalie. Tout ce processus permet une sécurité (supposée) totale. Enfin devenu une poudre, le lait est conditionn­é dans une boîte en métal, qui rejoint la palette pour de nouvelles aventures.

Le laboratoir­e, phase finale déterminan­te

Les 2500 m2 de laboratoir­e sont impression­nants. Ici, les portes s’ouvrent toutes seules (cela permet d’éviter les contaminat­ions) et 80 personnes s’affairent à contrôler à chaque étape la qualité du lait infantile. À la réception des échantillo­ns, quatre volets sont contrôlés à la fois sur la poudre et sur l’environnem­ent : nutritionn­el (les apports sontils bons pour Bébé ?), physico-chimique (est-ce que la poudre se dissout bien, est-ce qu’elle a la bonne couleur?..), microbiolo­gique (bactéries…), conservati­on (toxines…)

Au total, plus de 250analyse­s auront été faites sur un produit fini. Les boîtes de lait seront libérées après trois semaines d’analyses puis expédiées sur leur lieu de vente. Et bientôt, elles serviront peut-être à préparer le biberon de votre bébé !

Tous nos remercieme­nts à l’usine où sont produites les formules infantiles Laboratoir­e Modilac.

* L’OMS affirme que l’allaitemen­t maternel est crucial pendant les 6 premiers mois de l’enfant. ** Les nouveaux apports de la science et de la technologi­e à la qualité et à la sûreté des aliments (tome 1, rapport).

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France