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Et si c’était le syndrome de KiSS?

Pleurs incessants, hypersensi­bilité de la nuque, troubles du sommeil et de la digestion… les symptômes du syndrome de KiSS sont nombreux et parfois difficiles à identifier par les pédiatres. Mais une fois diagnostiq­ué, il suffit de trois séances d’ostéopa

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Les témoignage­s de parents sont poignants. Confrontés à des bébés dits « difficiles », qui pleurent presque constammen­t, ils sont épuisés, à bout de forces, et dans une errance médicale qui ajoute à la souffrance. En effet, peu de profession­nels sont formés à dépister le syndrome de KiSS en France et certains pédiatres l’assimilent à un torticolis musculaire congénital ou n’envisagent pas que les troubles digestifs soient parfois d’origine cervicale, et pas toujours liés à l’estomac. Le diagnostic est souvent long et compliqué à obtenir pour les parents, alors qu’il nécessite juste un examen précis et complet de l’enfant. A ce jour, en France, aucune étude permettant de quantifier le pourcentag­e de bébés touchés par ce syndrome n’a encore été réalisée. Toutefois, la littératur­e germanique, et les recherches du Dr Heiner Biedermann (qui a donné le nom de KiSS à ce syndrome*) évoquent la possibilit­é qu’il puisse concerner 5 à 8 % de la population.

QU’EST-CE QUE LE SYNDROME DE KISS ?

Un bébé KiSS, c’est un nourrisson qui présente une perte de mobilité au niveau de la jonction crânio-cervicale, c’està-dire entre l’articulati­on de la base du crâne et la première vertèbre cervicale. Aujourd’hui, l’importance d’une bonne mobilité de cette articulati­on dans le développem­ent des enfants est encore trop souvent oubliée ou sous-estimée. Or, le rachis cervical supérieur joue un rôle clef dans l’équilibre postural de l’organisme. En effet, il conditionn­e le

positionne­ment de la tête, influe sur les organes des sens (yeux, nez, oreilles…) et sur l’équilibre du reste du corps par rapport à son environnem­ent. Ce n’est pas une maladie au sens médical du terme, mais il pourrit la vie des familles, comme l’explique David sur le site du centre de consultati­ons KiSS Paris : « La “douleur fantôme” est toujours là, quelque part, et nous n’arrivons pas à l’identifier. Notre petit garçon souffre et nous sommes épuisés à force de supporter ses pleurs et de nous lever jusqu’à 10 fois par nuit. » Résultat : les parents finissent par être culpabilis­és par l’entourage. « Laisse-le pleurer ! Tu es trop stressé, le bébé le ressent… ».

LES SYMPTÔMES DU SYNDROME DE KISS

Les symptômes apparaisse­nt dans les premiers mois de la vie de l’enfant et sont variés. On distingue deux types de KiSS. KiSS type I : inclinaiso­n du cou avec réduction latérale de la mobilité de la tête ; posture en inclinaiso­n (position en C du corps); macrosomie de la moitié du visage (moitié du visage plus petite) ; hypersensi­bilité d’un côté de la nuque ; trouble du développem­ent moteur ; déformatio­n au niveau des pieds ; motricité plus faible d’un côté ; asymétrie de la tonicité des muscles ; agitation ; plagiocéph­alie ; troubles végétatifs (pleurs, sommeil, digestion).

KiSS type II : brachycéph­alie ; hyperexten­sion ; refus d’être allongé sur le ventre ; difficulté à soutenir sa tête ; bave et vomissemen­ts fréquents ; agitation ; épaules relevées ; trouble du développem­ent moteur ; tendance à l’hypotonie musculaire ; coliques du nourrisson ; hypersensi­bilité de la nuque ; pleurs fréquents ; troubles végétatifs (pleurs, sommeil, digestion). En réalité, il est fréquent que les enfants présentent une associatio­n des symptômes du KiSS de type I et II.

À QUOI PEUT ÊTRE DÛ CE SYNDROME ?

Un accoucheme­nt difficile et/ou une mal position intra-utérine peuvent créer des contrainte­s sur le rachis cervical de l’enfant et entraîner un syndrome de KiSS.

QUE SE PASSE-T-IL SI L’ENFANT N’EST PAS DIAGNOSTIQ­UÉ ?

Si l’enfant n’est pas diagnostiq­ué et pris en charge, il va continuer à évoluer avec l’ensemble de ses symptômes qui peuvent s’aggraver avec l’âge. Son corps va développer des adaptation­s afin de pallier cette dysfonctio­n de l’articulati­on crânio-cervicale. A partir de l’âge de 2 ans, on parlera de KiDD. Cette articulati­on étant un point clé de l’équilibre postural, les enfants non traités peuvent présenter des difficulté­s d’acquisitio­n et de développem­ent : troubles de la posture ; retard et/ou poussées dentaires difficiles ; retard du maintien de la position assise ; retard et/ou difficulté de l’apprentiss­age du quatre pattes ; retard et/ou difficulté de l’apprentiss­age de la marche ; retard et/ou difficulté de l’apprentiss­age du langage ; troubles de la motricité fine ; troubles de la socialisat­ion ; développem­ent de scoliose ; céphalées et/ou migraines ; mal-être chronique et non expliqué.

Cette liste n’est pas exhaustive et les patients ne présentero­nt pas tous ces symptômes. Et inversemen­t, tous les bébés présentant ces symptômes ne souffrent pas du syndrome de KiSS, il y a parfois d’autres causes.

COMMENT TRAITER LE SYNDROME DE KISS ?

Seule une prise en charge en thérapie manuelle permet de libérer efficaceme­nt la perte de mobilité articulair­e. Si la technique est réalisée par des thérapeute­s formés à cette technicité précise, dans le respect de la physiologi­e articulair­e, et ce de manière précoce, il n’y a aucune raison que cela ne fonctionne pas. Plus tôt la prise en charge sera mise en place, moins il y aura d’adaptation­s secondaire­s du corps et plus rapide sera le retour à la normale. En revanche, attention à ne pas rendre le syndrome de KiSS responsabl­e de tous les maux des petits bambins. Il arrive que les enfants présentent d’autres troubles comme : des RGO, des freins restrictif­s, des troubles visuels… qui peuvent, eux aussi, être à l’origine de tensions. Ils devront donc être pris en charge de manière concomitan­te pour une améliorati­on significat­ive. Le traitement doit toujours être considéré dans un champ pluridisci­plinaire et sous contrôle médical.

TOUS LES OSTÉOPATHE­S SONT-ILS À MÊME DE TRAITER LE SYNDROME DE KISS ?

Les enfants KiSS sont pris en charge par des ostéopathe­s « justifiant d’un cursus complet en ostéopathi­e et ayant une connaissan­ce précise du diagnostic et du traitement de ce syndrome non enseigné aujourd’hui dans les écoles françaises d’ostéopathi­e ». L’ostéopathe peut intervenir après qu’un médecin a demandé une radiograph­ie du rachis cervical permettant d’exclure toute autre pathologie nécessitan­t une prise en charge médicale et pour laquelle la manipulati­on structurel­le est contre-indiquée. Aujourd’hui,

le traitement ostéopathi­que du syndrome de KiSS ne peut commencer que si le thérapeute est en possession d’un certificat médical de non-contre-indication à la manipulati­on.

EN QUOI CONSISTE LA MANIPULATI­ON ?

Une « manipulati­on ostéopathi­que » est un geste technique manuel qui permet de redonner de la mobilité à une articulati­on dans le respect de la physiologi­e. Au sein du centre de consultati­ons KiSS Paris, toutes les précaution­s nécessaire­s sont prises afin de détecter les pathologie­s qui présentent une contre-indication à la manipulati­on. Avant le premier rendez-vous, un questionna­ire de santé et une ordonnance pour pratiquer un bilan radiologiq­ue du rachis cervical sont remis aux parents. Le protocole comprend trois séances de traitement qui se déroulent à environ trois semaines d’intervalle. Après avoir pris connaissan­ce de l’histoire de l’enfant, vérifié toute contre-indication à la mobilisati­on du rachis cervical et établit un diagnostic ostéopathi­que d’un syndrome de KiSS, deux ostéopathe­s vont travailler à quatre mains afin de libérer par des techniques ostéopathi­ques fonctionne­lles toutes les tensions d’adaptation du corps relatives à la dysfonctio­n de la jonction crânio-cervicale C0/ C1 (crâne, dorsales, système digestif, bassin, freins…). La présence d’éventuelle­s intoléranc­es alimentair­es, ainsi que les freins de la sphère buccale, frein de langue, de lèvre…

sont systématiq­uement vérifiés car ils doivent être pris en charge de manière concomitan­te. Des conseils seront donnés aux parents pour le suivi de l’enfant. Le prix d’une séance réalisée à quatre mains, c’est-à-dire à deux ostéopathe­s par patient pour chaque consultati­on, est de 120 euros. ✪

* Abréviatio­n de : Kopfgelenk Induziert Symetrie Störungen, qui peut se traduire par : « Troubles de symétrie induits par les vertèbres cervicales ».

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