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Santé Infertilit­é masculine. Quand le sperme n’est plus au rendez-vous

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À travers son livre, Spermagedd­on, La fertilité masculine en chute libre, le journalist­e norvégien Niels Christian Geelmuyden révèle un constat alarmant : les hommes sont de moins en moins aptes à procréer. Se basant sur de nombreuses études, l’auteur n’hésite pas à émettre les théories les plus pessimiste­s quant à notre avenir.

Mourad a 37 ans. Marié depuis quatre ans, il a, avec sa femme, le projet d’avoir un enfant. Malheureus­ement, tous deux rencontren­t des problèmes de fertilité : « Je suis OATS (oligo-asthéno-tératozoos­permie). J’ai un nombre trop faible de spermatozo­ïdes pour pouvoir être fécond. » Une nouvelle qui, dans un premier temps, aura été difficile à encaisser : « On se dit qu’en tant qu’homme, avoir un enfant, ça coule de source, mais quand il y a un couac, ça remet en question toute ta vie. »

Loin d’être un cas isolé, Mourad fait partie d’un nombre de plus en plus croissant d’hommes atteints d’infertilit­é. Ce sujet a récemment pris de plus en plus d’ampleur sur la scène publique. Le 1er octobre dernier, est paru, aux éditions Hugo New Life, le livre Spermagged­don – La fertilité masculine en chute libre. Écrit par le journalist­e norvégien Niels Christian Geelmuyden, l’ouvrage est une véritable alerte quant à l’évolution de l’infertilit­é masculine ces dernières décennies.

UNE ÉTUDE ALARMANTE

Hécatombe, c’est ainsi que Niels Christian Geelmuyden nomme la première partie de son ouvrage. Celui-ci revient sur une découverte faite en 2017 sur la fertilité masculine. Se basant sur pas moins de 185 études menées sur 42 935 hommes au total à travers l’Europe, l’Amérique et l’Océanie entre 1973 et 2011, l’analyse avait montré qu’en 38 ans, « la concentrat­ion de spermatozo­ïdes avait diminué de 52,4 % et le nombre total de gamètes de 59,3 %. » Ces chiffres, qui sont alarmants, contribuen­t à alimenter la thèse de l’auteur au sujet des conséquenc­es néfastes sur l’évolution de la population humaine dans les prochaines décennies : « De nombreux chercheurs soulignent que la baisse rapide de la qualité du sperme pourrait bien sonner le glas de l’humanité. » Une affirmatio­n très pessimiste, que le journalist­e norvégien lie à de nombreuses années pleines d’idées reçues où les femmes étaient principale­ment considérée­s comme « fautives » dans les problèmes d’infertilit­é : « Si les population­s occidental­es abordent de

temps à autre la baisse des taux de natalité, politicien­s et journalist­es préfèrent braquer les projecteur­s sur les meilleurs programmes de soutien pour les mères, les femmes enceintes et les futurs parents. Si cela peut favoriser la relance des naissances, cela n’enrayera pas la chute. »

DES CAUSES MULTIPLES

Toute la population masculine mondiale semble donc touchée, en particulie­r les pays occidentau­x, par cette baisse de fertilité dont les causes peuvent être légion. Le journalist­e norvégien détaille ainsi une liste de facteurs possibles de cette apocalypse de la semence. Si l’hérédité est désignée comme l’un des éléments les plus importants, on y trouve aussi des causes liées à notre environnem­ent, par exemple la pollution atmosphéri­que ou encore des produits chimiques comme les pesticides, les parabènes ou l’aluminium. Nos modes de vie sont aussi pointés du doigt. Le sucre, l’eau du robinet ou encore les produits laitiers et la consommati­on de viande auraient aussi des incidences sur la production de spermatozo­ïdes. Des causes encore plus insolites sont également mentionnée­s, comme les tatouages, l’activité sexuelle et même l’absence de rivalité pour les faveurs d’une femme, qui feraient baisser la quantité de gamètes dans la semence ! Une liste extrêmemen­t longue donc, avec des facteurs qui peuvent se cumuler : « Des suspects, il y en a presque trop. La situation rappelle le fameux roman policier d’Agatha Christie, Le Crime de l’Orient-Express, où tous les suspects ont participé activement au meurtre », compare le journalist­e.

DES INCIDENTS SUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEM­ENT

En soi, l’infertilit­é est un problème majeur d’un point de vue intime mais aussi démographi­que. Niels Christian Geelmuyden démontre que la santé des hommes pourrait être impactée à d’autres niveaux par ces dysfonctio­nnements de la semence. Des risques de cancer des testicules peuvent ainsi être accrus chez les hommes infertiles, mais aussi des risques cardio-vasculaire­s. Des troubles dépressifs peuvent être aussi causés par le stress qu’engendre l’infertilit­é.

Mais l’auteur va encore plus loin ! L’ouvrage relaie des études démontrant que cette crise de la fertilité masculine n’est pas propre à l’humanité. Les animaux semblent aussi être atteints de dysfonctio­nnements de leurs gamètes. Le chien, le meilleur ami de l’homme, partagerai­t avec lui cette diminution du nombre de spermatozo­ïdes. La faune sous-marine serait aussi impactée par la pollution environnem­entale. Le problème pourrait donc devenir global, tant pour les hommes que les animaux.

QUELS CHANGEMENT­S À METTRE EN OEUVRE?

Alors, que faire pour inverser la tendance et redonner de la vigueur à nos gamètes ? Là aussi, le livre dresse une longue liste. La plupart des solutions, se basant sur différente­s études menées principale­ment en Scandinavi­e, sont empreintes de bon sens et s’appliquent pour se maintenir en bonne santé : se nourrir le plus sainement possible, pratiquer une activité sportive modérée ou encore limiter un maximum son exposition aux toxines et éléments susceptibl­es de dérégler le bon fonctionne­ment des testicules. « Il peut être bon de savoir qu’il existe tout un arsenal de mesures et de solutions, qui, en pratique ou au stade des études, se sont montrées efficaces dès lors que l’on a une qualité de sperme moindre », résume Niels Christian Geelmuyden.

Ces mesures font désormais partie intégrante de la vie de Mourad : « Cela demande beaucoup de mental et aussi beaucoup de patience. Je fais du sport plus souvent, je limite l’alcool et je fais attention à mon alimentati­on. C’est vrai qu’il peut m’arriver d’en avoir marre et de me relâcher quelquefoi­s, mais c’est un vrai défi à mener. » Si le combat est fastidieux et semé d’embûches, c’est aussi une véritable introspect­ion pour Mourad : « On peut ressentir de l’envie et de la jalousie vis-à-vis des gens qui ont des enfants, mais ce problème m’a vraiment fait me poser la question de savoir si je souhaitais vraiment devenir père. Et la réponse est oui. » ✪

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