Éducation Votre enfant n’écoute rien ? Une méthode à la rescousse!
Dans son livre « L’Enfant terrible ! », le Dr Michel Pradère, pédopsychiatre et psychothérapeute, utilise la méthode dite stratégique de Palo Alto pour canaliser les enfants les plus difficiles que rien ni personne ne peut arrêter ni calmer. Pousser ces jeunes à continuer et les encourager dans leurs « crises » peut s’avérer un moyen certes contradictoire, mais subtil et vraiment efficace.
Quand votre enfant pique une colère, vous ne savez plus quoi faire. Il ne veut pas aller se coucher, ne veut pas manger, ne veut pas vous écouter… Il pique des colères, ou devient agressif, voire violent, à la maison, à l’extérieur, à l’école… Vous avez le sentiment d’avoir tout essayé, mais rien n’y fait. Vous avez tenté la méthode douce, en essayant de le comprendre, de lui parler, de l’écouter. Puis la méthode stricte, en donnant des punitions (souvent non respectées), en vous mettant à votre tour en colère. Parfois, vous en venez même à des extrémités qui vous désolent et que vous regrettez après coup, d’autant plus qu’elles ne changent rien. Pourtant, vous avez suivi les sages conseils de votre entourage, des professionnels, des ouvrages spécialisés, mais rien n’y fait. Et on vous accuse de laxisme envers un « enfant roi », un « sale môme » auquel vous laisseriez tout faire ! C’est à vous, parents démunis et injustement accusés, que le Dr Michel Pradère s’adresse dans son ouvrage « L’Enfant terrible ! ».
Qui est cet « enfant terrible » ?
Pour décrire « l’enfant terrible » qui fait l’objet de son livre, l’auteur parle ainsi d’enfants très colériques ou agressifs, avec des comportements d’opposition et de provocation systématiques. On parlera pour certains d’« enfants TOP », c’est-à-dire atteints du trouble oppositionnel avec provocation. Il s’agit d’un trouble neuropsychologique encore méconnu. Ce diagnostic de TOP s’applique à un enfant « se mettant souvent en colère, contestant les adultes, s’opposant ou refusant d’obéir à leurs demandes et règles, embêtant souvent les autres, les accusant de ses erreurs et de sa mauvaise conduite, susceptible, vindicatif, méchant, [… le tout] altérant son fonctionnement familial, social et scolaire, etc. », peut-on ainsi lire dans son ouvrage. Mais, à vrai dire, les méthodes développées par Michel Pradère, tirées des stratégies de Palo Alto, peuvent s’appliquer dans toute situation où l’enfant va s’opposer ou refuser d’obéir. Car il est bien normal qu’il traverse une phase d’opposition et, dans ces moments-là, chaque parent essaie de trouver un moyen d’être entendu. Quand les approches plus classiques ne fonctionnent pas ou plus, ce nouvel éclairage pourrait vous aider.
L’approche paradoxale de Palo Alto
Face à un comportement aussi excessif, vous essayez de le réduire, de l’interrompre. Mais cela est insuffisant… et même aggrave la situation en provoquant une escalade qui fait que plus vous intervenez, plus elle empire, et plus elle empire, plus vous intervenez. « En résumé, soit vous laissez votre “terrible” agir à sa guise et il ne change pas, voire il en abuse et les médisances pleuvent encore plus
dru sur vous ; soit vous testez tous les moyens de corriger sa déplorable attitude, et elle dégénère. Vous ne voyez aucune issue, rien ne marche, vous êtes à bout ! » décrit le pédopsychiatre, qui dénonce l’habitude de qualifier ces parents de laxistes car la plupart, face au « terrible », et même s’ils sont bienveillants, finissent par devenir sévères et font tout, vraiment tout pour amender son attitude. L’approche stratégique, plutôt que de tenter de réduire directement les troubles, choisit à l’inverse de les encourager, d’aller dans leur sens. Prenant clairement le contre-pied des habituels « Arrête ! », « Obéis ! », « Sois sage ! » qui énervent le jeune récalcitrant, la formule « Continue ! » l’étonne, le déconcerte, le calme. « Manipulation », direzvous ? « Bien sûr, car toute relation humaine est une manipulation, mais l’important est qu’elle soit bénéfique ! décrypte Michel Pradère. Or ici, elle place l’enfant devant ses responsabilités, favorise son autonomie dans ses choix, ses réflexions, et améliore spectaculairement son comportement. »
En application
Dans son ouvrage, le médecin relate de nombreux exemples où cette approche a fonctionné. Si un bambin refuse obstinément de se coucher le soir, il convient peut-être d’accepter qu’il veille. Satisfait dans un premier temps, il finira rapidement par être fatigué, et réclamer de lui-même son
lit… surtout si les adultes tardent à lui obéir ! Un robuste garnement, contestant sans cesse les requêtes légitimes de parents qui n’osent l’affronter par crainte de sa violence, peut être déconcerté s’ils l’approuvent en paroles (tout en restant fermes sur leur décision) : « Tu as raison, c’est injuste, nous ne sommes pas gentils avec toi, mais… c’est comme ça ! » Un critique invétéré réfutant les justifications de sa maman sera désarçonné si elle lui accorde : « C’est vrai, je suis une mauvaise maman, je suis la plus mauvaise maman du monde, mais tu dois m’obéir ! » Si, plutôt que de toujours tenter vainement de le modérer, les adultes encouragent leur enfant à s’agiter encore plus, il réalisera vite que c’est moins drôle et plus fatigant de courir du moment que les adultes le lui demandent…
D’autres applications sont possibles. Face à son enfant colérique ou violent, un parent peut tout simplement lui faire mimer ses débordements à froid, « pour de faux », mais le plus exactement possible (sauf les coups, qui seront simplement esquissés ou portés sur un coussin), et cela suffit souvent à amender sa conduite. De nombreuses autres astuces sont applicables par les parents, mais évidemment, la simple lecture de ce livre ne suffira pas à les aider tous. Alors il sera préférable qu’ils consultent un professionnel formé à cette approche. Face à un « terrible », aller à l’inverse des solutions traditionnelles peut le raisonner rapidement et durablement, et confirmer que, comme le concèdent les parents dans les périodes de répit, il reste tout de même « adorable quand il le veut ». ✪