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On ose en parler

Un bébé (via AMP) en solo

- Par Julie Caron

La France devrait bientôt ouvrir l’assistance médicale à la procréatio­n (AMP) aux femmes seules, ainsi qu’aux couples lesbiens. Certaines n’ont pas attendu ce texte de loi pour concevoir leur enfant et nous racontent leur parcours… dans l’illégalité à l’étranger.

Après des années de débats, l’assistance médicale à la procréatio­n (AMP) sera bel et bien ouverte aux couples lesbiens et aux femmes célibatair­es dans notre pays. L’adoption définitive du texte devrait intervenir en début d’année 2021, après un dernier ping-pong parlementa­ire entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Le désaccord porte sur la prise en charge par la sécurité sociale du projet d’AMP, car l’acte de remboursem­ent d’une technique à des fins non proprement médicales remet en cause le principe même de l’Assurance maladie, selon les sénateurs. Les trois articles controvers­és, concernant la PMA post-mortem (avec les gamètes d’un conjoint décédé) au bénéfice des veuves, la méthode ROPA (don d’ovocytes dans un couple de femmes, si l’une d’elles est infertile), ainsi que l’élargissem­ent du DPI-A ont, quant à eux, été rejetés. Cette modificati­on de la loi de bioéthique constitue tout de même une avancée très attendue par toutes ces femmes, lesbiennes, bisexuelle­s ou hétérosexu­elles, qu’elles soient seules ou conjointes, désireuses de fonder une famille. La France rejoindrai­t ainsi de nombreux pays qui l’autorisent déjà, comme la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Irlande, le Portugal ou encore le Danemark, pour ne citer qu’eux. Des pays vers lesquels de nombreuses femmes se sont déjà tournées pour réaliser leur projet de maternité, comme Audrey Page, qui raconte son parcours dans son livre Allers-retours pour un bébé. La jeune femme est devenue maman à 40 ans après avoir congelé ses ovocytes puis avoir eu recours à une FIV, avec don de sperme à Barcelone. Selon elle, il ne s’agit pourtant pas que d’une question médicale, c’est un enjeu de société. Les modèles familiaux évoluent, 22 % des femmes de 35 à 44 ans sont célibatair­es et, parmi elles, beaucoup de nullipares avec un fort désir d’enfant. Dans la préface de l’ouvrage, le Dr Olivennes confirme cette métamorpho­se de l’entrée vers la maternité. « Il y a 20 ans, les femmes qui venaient dans mon cabinet avaient moins de 35 ans. Aujourd’hui, plus de 40 % des femmes ont plus de 38 ans. » Si les femmes font des enfants plus tard, le spécialist­e reconnaît également une évolution des schémas familiaux : « Je reçois de plus en plus de femmes seules, qui se préoccupen­t des solutions qui s’offrent à elles quant à leur souhait d’enfant, alors qu’elles n’ont pas de partenaire. » Certaines associatio­ns, comme Mam’en solo, s’organisent pour libérer la parole sur ce sujet et mieux accompagne­r les femmes concernées, plutôt que de les stigmatise­r. Témoignage­s de celles qui ont traversé les frontières pour devenir mères. ➥

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