Magicmaman

Nathalie Péchalat, championne et mam’ en (médaille d’)or

Déjà maman de Jeanne, 5 ans, l’exchampion­ne de patinage artistique s’apprête à vivre un nouveau bonheur avec son mari, Jean Dujardin. Grâce à ses doutes, elle est aujourd’hui une femme et mère épanouie.

- Par Marine Chassang Filipe. Photo : Govin Sorel. *Interview réalisée en décembre 2020.

Comment allez-vous en ce contexte si particulie­r ?

Je vais bien, pas de nausées, ni de grosse fatigue, je ne peux pas me plaindre. Malgré le confinemen­t*, mes rendez-vous médicaux ont été maintenus au cabinet. Le contexte ne me rend pas inquiète, la grossesse suit son cours et reste ce que j’ai de moins compliqué à gérer en ce moment ! Je ne peux en dire autant de mes activités liées à mon rôle de présidente de la Fédération française des sports de glace. La crise sanitaire nous pousse à modifier en permanence les protocoles sanitaires et le calendrier des compétitio­ns. On passe notre temps à faire, défaire, négocier… On doit s’adapter, cela nécessite beaucoup de temps et d’énergie. La grossesse, elle, ne me demande pas un énorme investisse­ment. Ça se fait tout seul !

Qu’avez-vous ressenti en apprenant cette deuxième grossesse ?

Je me suis dit « enfin » ! Cela faisait longtemps que l’on avait envie d’agrandir la famille et, comme pour beaucoup de couples, ça ne marche pas forcément tout de suite.

Actuelleme­nt, avez-vous des envies particuliè­res de grossesse ?

De Gaviscon ! C’est la seule chose qui me soulage des remontées acides. Pour ma première grossesse, je me servais de ces fameuses envies de grossesse que je n’ai

jamais ressenties pour pouvoir manger tout ce que je voulais quand je le voulais !

La prise de poids vous effraie-t-elle ?

Au contraire, elle me rassure, cela veut aussi dire que le bébé grandit bien. Je ne fais pas d’exercices. Mon sport du moment, c’est le jonglage entre la Fédération et la vie de famille. Trouver le bon équilibre, c’est mon ambition quotidienn­e.

Justement, comment faites-vous pour y arriver ?

J’essaie de m’organiser un maximum, de faire tout ce que je peux le jour même, reporter le moins possible. Côté FFSG, on fait beaucoup de réunions en visio depuis le début de la crise, on ne développe certes pas les mêmes relations sociales, mais cela nous permet d’être plus efficaces tout de suite. On va droit au but. Je réduirai au maximum mon congé maternité. Je ressens le besoin d’avoir une vie active profession­nellement, en plus de mon rôle de mère. C’est un équilibre auquel je tiens.

Quelle maman êtes-vous ?

Qui essaie de faire découvrir un maximum de choses à son enfant, d’être positive, de lui donner une ouverture d’esprit, c’est ce que je faisais lorsque j’encadrais des jeunes patineurs. Je n’ai pas du tout peur de la punition ou de la sanction, je pense qu’elles sont nécessaire­s à l’éducation. J’aime bien cadrer les choses et je suis pour la méritocrat­ie.

Quelles sont les autres valeurs que vous souhaitez transmettr­e à vos enfants ?

Celles liées au sport et que j’ai moi-même reçues : le goût de l’effort, l’importance de se lever tôt et travailler dur, avoir de l’ambition. Le sport, même sans parler de pratique à haut niveau, est un chemin formidable à suivre. Il permet de se constituer un socle qui pourra servir dans la vie de manière très positive, d’éviter pas mal de bêtises à l’adolescenc­e, d’avoir une passion, de vaincre l’ennui ou les mauvais passe-temps, de limiter le temps passé sur les réseaux sociaux ou devant la télé…

Pourquoi un ouvrage sur le thème du doute ?

Les sportifs de haut niveau donnent l’impression de ne jamais douter d’eux, d’être des machines à gagner. Or, tout au long de ma carrière, j’ai eu l’impression d’avoir un rapport très intense avec le doute. Je me suis vite rendue compte que douter, ce qui est de prime abord perçu comme une faiblesse, concerne chacun d’entre nous. En apprenant à gérer ses doutes, comme on gère son stress et ses émotions, on peut alors s’en servir comme une force. Dans cet ouvrage, je donne des clés pour y arriver, permettant ainsi à un maximum de personnes, y compris les parents, d’approcher plus sereinemen­t ses appréhensi­ons.

Doutez-vous dans votre vie de maman ?

Tout le temps ! J’ai besoin de me remettre en question pour avoir confiance en moi, en mes choix, mes conviction­s, de m’interroger sur pourquoi je réagis de telle manière, pourquoi je demande à ma fille de faire telle chose, de me demander si cela a du sens. En tant que maman, je peux aussi me tromper. Avant, j’avais aussi beaucoup d’idées préconçues concernant l’éducation et j’essayais d’appliquer les conseils que l’on me donnait et qui n’étaient pas forcément adaptés : chaque enfant est différent. Aujourd’hui, j’essaie de progresser et de ne pas répéter un modèle prédéfini.

Quels conseils donner aux parents qui doutent de leurs capacités ?

Il y a un temps pour tout. Il faut d’abord s’octroyer le droit de s’interroger pour être à l’écoute de ses doutes et les gérer. Se poser des questions, c’est bien pour cheminer mais, à un moment donné, il faut agir, avancer, tout en s’adaptant et en restant à l’écoute de son enfant. Bon, avec méfiance, car les petits sont capables de beaucoup pour arriver à leurs fins (rires).

Sur des patins, dès tout-petit ?

Les enfants peuvent commencer la pratique des sports de glace tôt, vers 2, 3 ans, dès que la marche est acquise. À cet âge, ils ont beaucoup de courage, ils foncent et ils s’amusent. La pratique des sports de glace est sécurisée pour les enfants : ils portent un casque et des gants pour se protéger. Très vite, on leur apprend à se relever après une chute. Un peu comme dans la vie ! Comme pour toutes les activités, il faut que l’enfant s’essaie à plusieurs discipline­s (vitesse, descente, expression…) pour qu’il trouve celle où il se sent le plus épanoui.

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