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Doudou or not doudou ?

Traîner partout derrière vous une peluche mâchouillé­e? Merci bien. Si cela ne tenait qu’à vous, votre enfant serait interdit de doudou! Et s’il en avait pourtant besoin pour se rassurer ?

- Par Dominique Henry. Avec Michaël Larrar, psychologu­e.

Vous vous l’êtes promis: pas de doudou pour Bibou! Ça traîne partout, c’est sale et quand on l’oublie, c’est le drame ! Les parents seraient-ils de plus en plus nombreux à vouloir faire la peau au doudou ? « Non ! Je vois plus de parents qui insistent pour que leur enfant ait un doudou que l’inverse, tempère le psychologu­e Michaël Larrar. Parce qu’ils en ont eu un quand ils étaient petits, ou qu’ils ont lu qu’il fallait en donner un à leur enfant… » Alors le doudou, objet indispensa­ble ou objet d’aliénation?

Pourquoi en est-il accro?

En psychanaly­se, le doudou s’appelle «objet transition­nel». Un nom compliqué pour une réalité simple. «C’est un bout de papa et de maman que le toutpetit emporte avec lui, explique Michaël Larrar. Tous les enfants se sentent rassurés lorsqu’ils sont dans les bras de leurs parents. Le doudou leur permet de transporte­r Papa et Maman avec eux, avant d’être capables de les “transporte­r” dans leur tête.» Bien pratique pour se consoler quand on se retrouve seul ou face à des situations nouvelles. A-t-on le droit de priver son enfant d’un soutien aussi précieux? «Il n’y a aucun intérêt éducatif à éviter le doudou, affirme le psychologu­e. Le mieux est de laisser l’enfant choisir seul.» Tous les enfants n’ont pas besoin d’un doudou, en tout cas pas d’un doudou palpable, visible. Certains se rassurent en suçant leur pouce ou en tripotant une mèche de cheveux. Ils ont en quelque sorte leur doudou intégré.

Le cloner, une bonne idée?

Pour éviter l’addiction au doudou unique – forcément irremplaça­ble –, des petits malins ont trouvé la parade: gratifier d’emblée leur enfant de toute une tripotée de doudous. «Sur le plan pratique, cela paraît plus simple, concède Michaël Larrar. Le problème, c’est que, lorsque l’on a affaire à des enfants anxieux, ils veulent tous leurs doudous à la fois!» Reste la solution de l’acheter en double, en prenant soin de mettre les deux exemplaire­s en service. Sinon, le jour où vous sortirez le lapin neuf du placard, il n’aura ni l’usure, ni l’odeur du vieux… et vous vous ferez recaler.

Y a pas des patchs?

Pas de panique, l’addiction au doudou, ça n’existe pas : aucun adulte ne se trimballe avec un lapin mâchouillé dans la poche! «À partir de 2-3 ans, l’enfant doit pouvoir faire sa vie sans son doudou», déclare Michaël Larrar. Sauf que les choses ne sont pas toujours aussi simples. Qui n’a jamais croisé un « grand » hoquetant de désespoir si l’on fait mine de lui enlever son Nin-nin? «Si l’enfant est en détresse sans son doudou, précise le psychologu­e, c’est que les transition­s – les séparation­s – sont très difficiles pour lui. Généraleme­nt, il y a tout un faisceau de symptômes. Il a également du mal à s’endormir, refuse d’aller vers les personnes qu’il ne connaît pas, etc.» Dans ce cas, «soit on trouve le moyen de le sécuriser, soit on en parle à un psy », recommande Michaël Larrar.

Et à l’école…?

C’est l’étape décisive. Votre enfant va devoir se décoller de son doudou. La maîtresse lui demandera de le déposer en arrivant, il n’aura le droit de le récupérer que pour la sieste. Si vous sentez que votre enfant est encore très dépendant de son doudou, prenez les devants. «Un peu avant la rentrée des classes, mettez en place un cadre ferme et non dévalorisa­nt (ne dites surtout pas “C’est nul, d’avoir un doudou!”) pour l’aider à prendre un peu de distance, conseille Michaël Larrar. Définissez des temps “sans” et expliquez-lui pourquoi: à l’école, on va te demander de poser ton doudou. En 3-4 semaines, vous devriez voir les choses se régler.» Si ce n’est pas le cas, parlez-en à votre pédiatre ou à un psy.

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