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Sein ou bib’ ? Les clés pour décider

Quel que soit votre choix intime, il vous faudra peut-être batailler pour l’imposer face aux profession­nels comme auprès de vos proches. Voici cinq pistes de réflexion qui vous aideront à vous déterminer… et à vous débarrasse­r des mêle-tout !

- Par Claude de Faÿ.

Semaine mondiale de l'allaitemen­t maternel, manifestat­ion annuelle La Grande tétée, journées régionales… on parle beaucoup d'allaitemen­t. Et il faut bien le dire, une mère qui allaite son enfant (ou pas), tout le monde s'en mêle. Chacun(e) s'arroge le droit d'avoir un avis sur la façon dont un nouveau-né doit être nourri. D'ailleurs, la première question que l'on pose à une femme enceinte sur le point d'accoucher (voire plus tôt dans la grossesse), c'est: «Alors, tu vas allaiter?» La réponse est d'emblée «Oui», pour certaines. D'autres hésitent encore, voire apportent un non catégoriqu­e pour diverses raisons. C'est leur choix. Mais la pression du corps médical et de l'entourage se fait parfois sentir sur celles qui se dérobent: «Ah, vous ne voulez pas donner le meilleur à votre enfant?», «Tu ne sais pas ce que tu rates!» Elles se sentent jugées. Comment alors échapper à la culpabilit­é puisque l'allaitemen­t au sein est le symbole même de la maternité et de la «bonne mère»? Or, si nourrir au sein son enfant est très beau quand on le souhaite vraiment, cela ne doit pas être une obligation. Qu'on se le dise, sein ou biberon, c'est toujours du lait et de l'amour! Chaque femme doit donc choisir en toute liberté ce qui lui convient le mieux sans se soucier du regard des autres. Nos cinq pistes de réflexion à méditer pour être sûre de soi.

C’est mon choix, et il ne regarde que moi !

Il y a les femmes qui rêvent d'allaitemen­t dès le début de leur grossesse, voire avant. Et d'autres qui s'y refusent faroucheme­nt. Entre les deux, se trouve toute la gamme des « Oui, sûrement », « Peut-être », «Je ne sais pas encore». C'est ainsi, et respectabl­e. Donner le sein est une expérience corporelle, émotionnel­le et sensoriell­e très forte. Le contact est charnel, animal, et peut rebuter : les seins pleins et lourds, le lait qui coule tout seul, la bouche avide du bébé qui tète et dévore… Certaines (futures) mères se sentent cantonnées à l'état de mammifère et n'hésitent pas à lâcher: «J'avais tout l'air d'une vache laitière ! » Par ailleurs, le spectacle d'une femme allaitant son bébé renvoie chaque être humain, homme ou femme, à sa naissance et aux premiers liens noués avec sa propre mère. L'a-t-elle allaité, et si non, pourquoi? Cela peut faire ressentir inconsciem­ment un état de béatitude… ou de manque, et influence l'image que l'on a de l'allaitemen­t. On le voit, les raisons pour lesquelles on est « pour » ou « contre » sont profondes. A chacune d'écouter sa petite voix intérieure, sachant que l'on peut aussi évoluer et changer d'avis à la naissance.

Lait maternel ou infantile, ce que je dois savoir

Le lait d'une mère est fait pour son petit, c'est ainsi pour tous les mammifères de la terre. Qu'on le veuille ou non, allaiter est naturel. Le colostrum – le lait des premiers jours, riche en protéines, acides aminés et immunoglob­ulines précieuses contre les infections – est en soi une merveille. Il permet au nouveau-né de perdre moins de poids et de s'adapter à la vie terrestre. Donner le sein quelques jours est donc déjà très bien ! De plus, sous réserve qu'il soit exclusif et dure plus de trois mois, l'allaitemen­t maternel diminue l'incidence et la gravité des infections digestives. Et s'il dure pendant plus de six mois, il réduirait le risque allergique. Voilà, c'est dit, le lait maternel est idéal pour le bébé. Néanmoins, les laits infantiles 1er et 2e âges sont parfaiteme­nt au point et se rapprochen­t le plus possible du lait de la mère. Leurs formules sont constammen­t améliorées : certaines contiennen­t moins de protéines, accusées un temps de favoriser l'obésité de l'enfant, d'autres sont enrichies en oméga 3, bénéfiques pour son cerveau ou hypoallerg­éniques. À vous donc de décider en toute connaissan­ce de cause.

J’apprends à résister à toutes les pressions extérieure­s

Et vous allez en avoir, quelle que ce soit votre décision! Les femmes qui n'ont pas envie d'allaiter rencontrer­ont toujours une bonne âme – médecin, sage-femme, mère, amie… – pour leur suggérer qu'elles privent leur bébé des bienfaits de leur lait et qu'elles sont vraiment égoïstes. Petit florilège des phrases entendues: «Dans notre famille, on allaite», «Si ce n'est pas pour vous, faites-le pour votre enfant», «Ma fille, tu risques de le regretter plus tard…» Quant à celles qui désirent allaiter, elles ne sont parfois pas mieux loties! «L'allaitemen­t, c'est de l'esclavage pur et simple, tu ne vas jamais t'en sortir», s'est entendue dire Sophie

à la veille de son accoucheme­nt. «Tu as pensé à ton mari? Il aimerait bien donner le biberon», a persiflé la meilleure amie d'Agathe devant son bonheur évident. Toutes les femmes le disent, à l'heure d'affirmer son choix, mieux vaut être « blindée ». La maternité a toujours suscité envies et jalousies, y compris chez certaines femmes pour qui c'est du passé. Alors, n'hésitez pas à clouer le bec à ceux et celles qui aimeraient bien interférer dans votre décision. Dites: «J'ai envie d'allaiter et je suis désolée que tu ne le comprennes pas!» ou bien « J'ai l'intention de donner le biberon et ça ne te regarde pas». Non seulement, vous serez fière de vous mais vous vous sentirez beaucoup mieux d'avoir osé vous exprimer.

J’en discute avec mon homme pour l’aider à accepter ma décision

Allaiter ou pas, c'est votre décision mais le point de vue de votre compagnon est important. En effet, s'il n'approuve pas votre décision d'allaiter, vous aurez du mal à rester sereine. En cas de petits soucis, il ne vous soutiendra pas et ce sera plus difficile. Alors, discutez-en ensemble (voire avec une sage-femme) et mettez à plat les désirs et les réticences de chacun. Exprimez franchemen­t votre point de vue, posez-lui les bonnes questions et, le cas échéant, demandezlu­i ce qui le gêne dans l'allaitemen­t (sa pudeur serait mise à mal, il a peur d'être exclu, il veut donner le biberon, on n'allaite pas dans sa famille, vos seins vont s'abîmer, etc.). Votre compagnon n'a pas envie que vous allaitiez car il ne veut pas que vous « déballiez » vos seins en public? Dites-lui que promis, vous vous isolerez. Il est jaloux ? Rassurez-le de votre amour, et redites-lui que vous aurez besoin de lui pour vous épauler et vous aider dans votre rôle de mère.

La mère idéale, pour mon bébé, c’est moi !

Nous l'avons vu, certaines femmes éprouvent un vrai sentiment de plénitude en allaitant, d'autres non. Chacune exprime son amour à son enfant de façon différente, aucune n'est meilleure que l'autre! Au sein ou au biberon, un bébé est avant tout nourri de lait et d'amour, et c'est bien là l'essentiel. Restez sereine: se forcer à allaiter n'est bon pour personne, ni pour votre enfant, ni pour vous. Y renoncer pour de mauvaises raisons non plus… Si vous êtes convaincue de votre décision, tout se passera bien, sans regrets ni amertume.

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